Microsoft a dévoilé mardi la nouvelle version de sa suite Office, le produit phare du géant américain des logiciels qui fait là un pas sans précédent dans l'exploitation et le partage de données sur internet et pour les supports mobiles.
Lancée il y a une vingtaine d'années, la suite Office, qui comprend la messagerie Outlook, le tableur Excel ou encore l'outil collaboratif SharePoint, va muer avec cette version appelée «Office 365» afin d'être compatible avec davantage d'appareils.
Microsoft espère ainsi contrer l'offensive de Google, qui a conquis une part certes modeste mais qui va croissant d'entreprises en leur proposant une plateforme d'outils moins chère, uniquement disponible sur internet, ce qui leur épargne l'installation coûteuse d'une suite complète.
Google estime à 40 millions le nombre d'utilisateurs de Google Apps et a arraché en juin le marché de messagerie électronique des 25.000 employés de l'hôtelier InterContinental Hotels Group. Microsoft ne donne pas de chiffres mais le nombre d'adeptes d'Office est estimé à 750 millions.
«Cela met Microsoft dans une meilleure position qu'avant. Ils disposent maintenant d'un produit complet qu'ils peuvent vendre plus facilement», estime Michael Silver, analyste chez Gartner, cabinet spécialiste des nouvelles technologies.
Jusqu'à lors, Microsoft proposait des versions web de certains programmes d'Office, à commencer par Outlook, pour sa clientèle d'entreprises. Il avait lancé l'année dernière des versions gratuites pour les particuliers.
Moins de marge, plus de clients
Cette entrée dans le domaine de l'informatique en nuage, qui consiste à stocker à distance des données pour le compte de l'utilisateur, constitue un défi de taille pour Microsoft.
Son modèle économique a largement reposé jusqu'à maintenant sur une suite logicielle onéreuse et installée chez le client, et dont les ventes ont encore totalisé plus de trois milliards de dollars au dernier trimestre.
Microsoft entend désormais tabler sur des marges plus faibles - compte tenu des coûts de stockage des données et d'entretien des serveurs - mais s'octroyer une part plus grande des dépenses des entreprises en matière de technologies, notamment chez les PME, séduites par l'offre de Google.
Cet «Office 365» peut permettre aux clients de réaliser d'importantes économies, a expliqué Steve Ballmer, directeur général de Microsoft, lors d'une conférence de presse de présentation de la nouvelle suite, à New York.
Un des clients tests a ainsi dit «s'attendre à réduire ses coûts de déplacement et ses émissions carbone de 30%, une fois qu'auront été mis au rebut les 60 serveurs dont ils pensent pouvoir se séparer», a souligné Ballmer.
Microsoft prévoit de facturer le service de courrier électronique deux dollars par mois et par utilisateur. Le paquet de services plus élaborés sera vendu 27 dollars. A titre de comparaison, Google facture 50 dollars sa suite logicielle en ligne Google Apps qui inclut entre autres courriels, calendrier et traitement de texte.
Microsoft propose de stocker lui-même les données, mais à l'inverse de Google, qui impose sa solution en ligne, il laisse aussi la possibilité aux entreprises de choisir un serveur dédié ou de gérer le stockage sur leur propre matériel.
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