Le fondateur de SOS Ticket espère inciter les conducteurs à plus de vigilance dans les zones à risque.
Les données tirées de plus de 52 000 contraventions
contestées à travers la province ont permis d’identifier des zones où
les automobilistes courent plus le risque d’être pris en défaut,
communément surnommées les « trappes à tickets ».
En une décennie à la tête de SOS Ticket, l’ex-policier Alfredo
Munoz a aidé des dizaines de milliers de conducteurs à contester leurs
contraventions. Il a alors amassé une mine d’informations qu’il a mises à
profit pour développer l’application Woww, qui alerte les
automobilistes dès qu’ils approchent d’une zone souvent surveillée par
des patrouilleurs.
L’équipe du Journal a utilisé la même masse de données
pour confectionner une carte interactive, qui montre les secteurs où on
note une concentration de contraventions distribuées.
Cette carte vous permet de visualiser les tronçons qui font souvent l’objet d’une surveillance policière accrue.
Chaque point blanc représente un endroit où une contravention a été émise entre 2007 et 2016. Les zones où la densité de contraventions est particulièrement élevée apparaissent en rouge. Elles suggèrent la présence d’une possible «trappe à tickets» ou de secteurs où les automobilistes doivent faire preuve de plus de vigilance et de prudence au volant.
Cette carte vous permet de visualiser les tronçons qui font souvent l’objet d’une surveillance policière accrue.
Chaque point blanc représente un endroit où une contravention a été émise entre 2007 et 2016. Les zones où la densité de contraventions est particulièrement élevée apparaissent en rouge. Elles suggèrent la présence d’une possible «trappe à tickets» ou de secteurs où les automobilistes doivent faire preuve de plus de vigilance et de prudence au volant.
Le fondateur de SOS Ticket rappelle que les policiers surveillent souvent les endroits où il y a plus de risques d’accident.
« L’application permettra d’avoir un degré d’attention accrue à
l’approche de ces secteurs », estime-t-il, soulignant que l’inattention
est désormais une des principales causes de collisions sur les routes.
« En avisant les conducteurs qu’ils pénètrent dans une zone à
risque, j’espère augmenter leur attention au volant. L’alerte sonore va
leur indiquer que ce n’est pas le moment de changer le poste de la radio
ou de prendre une gorgée de leur café », illustre M. Munoz.
Comme les radars photo
Même s’il a toujours dénoncé « les trappes à tickets », Afredo
Munoz assure que son application n’a pas pour but de les contourner,
mais bien de sensibiliser les automobilistes à la sécurité routière.
Un peu dans le même esprit, souligne-t-il, que les panneaux qui
préviennent les conducteurs de la présence d’un radar photo. Selon lui,
ce n’est pas à coups de contraventions que les conducteurs vont être
sensibilisés à la sécurité.
« L’éducation, ça prend du temps, mais c’est la meilleure façon de changer les choses », dit-il.
À long terme, M. Munoz espère obtenir la collaboration de la
Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) et du ministère des
Transports (MTQ) pour parfaire l’application.
Il avance qu’il pourrait ainsi cerner plus de zones à risque,
mais aussi informer en temps réel des dangers sur la route, comme la
présence de glace noire, d’un accident ou d’un objet qui obstrue une
voie.
Offerte gratuitement
L’application Woww est présentement offerte gratuitement pour téléchargement.
« L’objectif n’est pas de faire de l’argent, mais bien de sauver
des vies », dit le père de famille de 52 ans, qui s’est départi de SOS
Ticket afin de retourner aux études à plein temps pour devenir avocat.
Les experts ont des réserves sur les applications
Les experts en sécurité routière ne sont pas unanimes sur
l’utilité des applications mobiles qui permettent aux conducteurs
d’éviter des constats d’infraction.
« Si les gens peuvent contourner la loi grâce à une application,
je ne suis pas d’accord. Si c’est avantageux pour une personne,
individuellement, ce ne l’est pas collectivement », estime la chercheuse
Marie-Soleil Cloutier, de l’Institut national de recherche
scientifique.
Loi contournée
Selon elle, ces applications mobiles remplacent de façon
détournée les détecteurs de radars policiers, interdits depuis longtemps
au Québec.
Malgré tout, elle reconnaît qu’une application qui dévoile
l’emplacement de policiers sur les routes peut avoir un certain effet de
prévention. Au même titre que les pancartes qui avertissent les
automobilistes de la présence de radars photo.
« Le réel avantage, c’est de réduire la vitesse. Mais si les
gens ne ralentissent que là et accélèrent après, on n’est pas plus
avancé », illustre-t-elle.
Même son de cloche du côté de CAA-Québec.
« Est-ce que notre comportement sur la route va être guidé par
une application ? C’est notre conscience et notre jugement, qu’on
devrait exercer en tout temps », dit le porte-parole Pierre-Olivier
Fortin.
« Si les limites de vitesse existent, c’est pour qu’elles soient
respectées. Point à la ligne. Si chacun respectait le code de sécurité
routière, on n’aurait pas besoin de ces applications mobiles », lance
pour sa part Erick Abraham, ingénieur mécanique et associé de recherche à
l’école Polytechnique de Montréal.
Gare aux distractions
Mais pour le Conseil canadien de la sécurité, ces applications
peuvent pourtant être utiles et aider à améliorer le bilan routier.
« On prône la prévention. À notre avis, ça rend les conducteurs
plus prévoyants, et sachant qu’ils pénètrent dans une zone à risque de
contraventions, ils vont ralentir », indique le porte-parole de
l’organisme, Lewis Smith.
À condition que l’application ne soit pas trop « intrusive et distrayante », nuance-t-il.