Les sites de pirates canadiens pourraient se propager aux VPN, déclare le professeur Michael Geist:
Par Ernesto le 19 février 2018
Un groupe d'importants fournisseurs de services Internet et de sociétés cinématographiques canadiens sont déterminés à amener les efforts de blocage des sites de piratage en Amérique du Nord. Ce plan a suscité beaucoup d'opposition, notamment en mettant en garde les analyses du professeur de droit Michael Geist, qui met en garde contre un surblocage potentiel et craint que les services VPN ne deviennent la prochaine cible.
Le blocage des FAI est devenu une mesure primordiale pour l'industrie du divertissement afin de cibler les sites piratés sur Internet.
Au cours des dernières années, des sites ont été bloqués en Europe, en Asie et même dans le monde.
Le mois dernier, une coalition d'entreprises canadiennes a demandé à l'organisme de réglementation local des télécommunications, le CRTC, d'établir un programme local de blocage des sites pirates, qui serait le premier du genre en Amérique du Nord.
L'accord canadien est soutenu à la fois par les détenteurs de droits d'auteur et les principaux acteurs de l'industrie des télécommunications, tels que Bell et Rogers, qui possèdent également leurs propres sociétés de médias. Au lieu de bloquer les tribunaux, ils appellent à un accord mutuellement convenu où les FAI bloqueront les sites piratés.
Le plan a déclenché une bonne dose d'opposition. Des dizaines de milliers de personnes ont protesté contre cette proposition et plusieurs experts mettent en garde contre les conséquences négatives qu'elle pourrait avoir.
L'un des opposants les plus virulents est le professeur de droit de l'Université d'Ottawa, Micheal Geist. Dans une série d'articles, le processeur Geist a mis en évidence plusieurs problèmes, y compris le surblocage potentiel.
La coalition Fairplay Canada minimise le surblocage, selon Geist. Ils disent que les mesures ne toucheront que les sites qui se livrent de manière flagrante, écrasante ou structurelle à la piraterie, ce qui semble être une norme élevée.
Cependant, la même coalition utilise un rapport de MUSO comme principale preuve. Ce rapport s'appuie sur une liste de 23 000 sites piratés, qui ne sont peut-être pas tous assez flagrants pour respecter la norme de blocage.
Par exemple, le professeur Geist note qu'il comprend un site dédié aux sous-titres générés par les utilisateurs ainsi que des sites proposant des outils de déchiffrage de flux qui peuvent être utilisés à des fins légales.
«L'extraction de flux est une préoccupation pour l'industrie musicale, mais ces technologies (que l'on trouve également dans des logiciels facilement disponibles auprès d'un BestBuy local) ont également d'importantes utilisations non violentes, comme le téléchargement de vidéos sous licence Creative Commons ", Écrit Geist.
Si la coalition tentait de bloquer tous ces sites, la portée serait beaucoup plus grande que celle qui est actuellement représentée. Inversement, si seulement quelques-uns des sites étaient bloqués, les preuves utilisées pour mettre ces blocs en place auraient été exagérées.
"En d'autres termes, soit la portée de la liste de blocage est beaucoup plus large que ce que la coalition admet, soit sa preuve de piratage est gonflée par l'inclusion de sites qui ne respectent pas sa norme de piratage", note Geist.
Peut-être le plus préoccupant est la pente glissante que les efforts de blocage peuvent transformer en. Le professeur Geist craint que, une fois les sites de piratage standard traités, les cibles correspondantes soient les prochaines.
Cela inclut les services VPN. Bien que cela puisse sembler déroutant pour certains, plusieurs membres de la coalition, comme Bell et Rogers, ont déjà critiqué les VPN dans le passé, car ceux-ci permettent aux gens de regarder du contenu géo-bloqué.
"Une fois la liste des sites de piratage (quelle que soit la norme), il est très probable que la coalition de Bell portera son attention sur d'autres sites et services tels que les réseaux privés virtuels (RPV).
"Ce n'est pas une simple spéculation. Plutôt, il prend Bell et ses alliés au mot sur la façon dont ils croient que certains services et sites constituent un vol ", ajoute Geist.
Le problème peut même être plus pertinent dans ce cas, puisque les mêmes VPN peuvent également être utilisés pour contourner les blocus de sites piratés.
"En outre, étant donné que la réponse au blocage des sites de certains utilisateurs d'Internet impliquera sûrement une utilisation accrue des VPN pour échapper aux blocs, la tentative de caractériser les VPN comme des services impliqués dans le piratage ne fera qu'augmenter".
Selon le professeur de droit, le surblocage potentiel n'est que l'un des nombreux problèmes liés à la proposition actuelle. Geist a déjà souligné que la loi actuelle sur le droit d'auteur prévoit déjà suffisamment de recours pour lutter contre le piratage et que le piratage n'est pas vraiment un problème au Canada.
Le CRTC n'a pas encore publié son examen de la proposition, mais maintenant que le chat est sorti du droit chemin, les détenteurs de droits et les FSI continueront probablement à faire pression pour obtenir des blocus, d'une façon ou d'une autre.
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