«La démocratie, c’est tout le monde qui décide qui va le «fourrer» pendant les quatre prochaines années.»
«Que veut dire TVQ et TPS? Tu Vis au Québec, Tu Paies en Sacrament. [...] Les Québécois, ça ne leur dérange pas de se faire passer un sapin si les aiguilles sont du bon bord.»
Guy Nantel nous a présenté mardi Corrompu, son quatrième et désopilant one man show.Digne héritier des Cyniques, de Claude Landré et surtout d’Yvon Deschamps, dont il est assurément le fils spirituel, Nantel, sous l’apparente bonhomie de son personnage populiste et de droite, est un franc-tireur qui fait mouche à tout coup. Il nous a rappelé mardi pourquoi, après plus de 20 ans, il demeure sans doute l’humoriste le plus pertinent au Québec. Que ce soit lorsqu’il décoche des pointes à ses collègues en déclarant : «Moi, je suis un vrai humoriste, je n’ai pas besoin de scripteur», ou en dénonçant la rectitude politique ambiante et l’aseptisation qui en découle, le stand-up démontre à maintes reprises, à un public ravi, qu’il est encore possible d’avoir de l’audace et une colonne vertébrale sans pour autant verser dans une vulgarité facile.Comme le disait le slogan de la défunte revue satirique Croc, «ce n’est pas parce qu’on rit que c’est drôle». Heureusement que Guy Nantel est là pour nous le rappeler. Et comme il le lance en riant : «Y’en a qui disent toujours que la violence n’est pas une solution. Eh bien, c’est parce qu’ils ne fessent pas assez fort.» Nantel l’a compris et il frappe de façon percutante. Pour notre plus grand bonheur.
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Guy Nantel n’a pas son égal pour gratter notre bobo collectif et nous mettre nos contradictions sous le nez. Dans Corrompu, son nouveau spectacle, qu’il présentait en première montréalaise au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, mardi, l’humoriste nous invite à reconnaître qu’on est tous «pourris», corrompus, et nous détaille pourquoi lui-même ne ferait pas un bon politicien, même si le sujet l’intéresse énormément. Et il le fait de façon intelligente et très, très drôle.
En fait, il en est presque essoufflant. Les gags, tous efficaces, défilent à la cadence «une ligne, un punch». Le propos est pertinent et, livré de la bouche du personnage arrogant que joue Nantel sur scène, nous frappe encore plus de plein fouet et nous fait rire davantage. Même si ça ne nous fait pas nécessairement plaisir, on se retrouve dans les observations de ce penseur des temps modernes, qui cogne sur à peu près tout ce qui bouge, incluant lui-même.
Par exemple, il avoue sans gêne que son pire cauchemar, s’il se lançait en politique, serait de se faire photographier avec des bébés. Il affirme haut et fort que «l’électorat en général, c’est des gnochons». Il nous parle de son frère aîné, qui souffre d’une déficience intellectuelle et ne sait ni lire, ni écrire. «Il est comme Mike Ward, mais conscient de son état», illustre-t-il. Il compare Pauline Marois à la Castafiore et mélange Nelson Mandela et Georges Laraque. Il déclame que «la police, c’est de la sous-traitance pour la violence qu’on ne veut pas faire soi-même». Il écorche au passage Gilles Vaillancourt et Gérald Tremblay et se permet même un crochet à l’endroit de l’Accueil Bonneau. Et il nous annonce que tous ses avoirs sont au nom de son poisson rouge, gentiment baptisé Tony…
Liste de défauts
Corrompu repose sur un habile concept : Guy Nantel énumère ses défauts qui lui nuiraient dans une carrière politique. Il se dit égocentrique, violent, tricheur, cupide, plein de préjugés, misogyne, homophobe, obsédé sexuel, naïf, malheureux, laid (on salue l’autodérision dont il fait preuve dans ce segment), pas trop cute, peureux, irresponsable, rétrograde, politiquement incorrect, cynique, grande gueule, autoritaire, menteur, manipulateur et profiteur. C’est en brodant autour de cette vingtaine de tares qu’il place ses répliques coup-de-poing. En visant à gauche à droite, en ne tirant sur personne, mais sur tout le monde en même temps, en ne se moquant pas seulement des politiciens, mais en appliquant sa vision à la société en général, Nantel réussit à esquiver le piège de la moralisation et de la culpabilisation et à nous détendre devant certaines aberrations. À la fin, il nous présente à quoi ressemblerait son programme de «premier dictateur démocratique» et imagine une version «Belle Province» du jeu de Monopoly, une brillante trouvaille.
Denis Coderre, tête de turc
On se serait attendus, d’entrée de jeu, à une improvisation sur les élections municipales qui avaient lieu deux jours plus tôt, mais il aura finalement fallu attendre à 20h25 pour rire d’une première blague sur le nouveau maire de Montréal, Denis Coderre. Présent dans la salle, celui-ci a été bon joueur en encaissant les coups de son hôte, qui lui a notamment souligné la faiblesse du pourcentage de gens qui avaient voté pour lui. «On a notre Rob Ford, en plus présentable», a largué le comique. «On est rendus avec un malade à l’hôtel de ville», a-t-il aussi craché plus tard. Denis Coderre a ainsi eu droit à quelques clins d’œil tout au long de la soirée, et ne s’est pas gêné pour riposter ça et là. L’échange entre les deux hommes, somme toute respectueux, était très amusant à voir (et à entendre). Même des spectateurs, dans la salle, se sont mis de la partie, à un certain moment, en lançant des «Hein, Denis?», lorsque Nantel parlait de nos politiciens corrompus.
Guy Nantel présentera Corrompu en supplémentaires, au Théâtre St-Denis, les 17 et 18 janvier prochain. Pour toutes les dates de représentations, on consulte lewww.guynantel.com.