Un rapport révèle que Julian Assange aurait été la cible d’un inquiétant complot de la CIA
Un nouveau rapport d’investigation révèle les détails d’un inquiétant complot présumé de la CIA visant à assassiner le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. S’il est avéré, ce projet pour le moins choquant constitue une grave menace à sa sécurité et à la liberté de la presse. Reporters sans frontières (RSF) réitère son appel aux Etats-Unis à abandonner les poursuites contre Julian Assange et à le libérer avant qu’il ne soit davantage mis en danger.
Yahoo! Actualités a publié le 26 septembre un rapport
citant plus de 30 anciens hauts fonctionnaires américains, qui
mentionnent ce qui aurait été une vendetta menée par le directeur de la
CIA de l’époque, Mike Pompeo, en réaction à la publication par
WikiLeaks, en 2016, d’outils de piratage secrets de la CIA connus sous
le nom de « Vault 7 » et alors décrite comme la « plus grande perte de
données de l’histoire de la CIA ». Le rapport révèle l’existence
présumée de plans choquants, dont le possible enlèvement ou assassinat
d’Assange, ainsi qu’une vaste opération d’espionnage d’autres
collaborateurs de WikiLeaks. « Il ne semble pas y avoir de limites »,
déclare un ancien haut responsable du contre-espionnage cité dans le
rapport.
La rédactrice en chef de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson, a posté sur Twitter : « Une première en 30 ans de carrière comme journaliste : découvrir les plans détaillés de la CIA pour kidnapper ou assassiner Julian Assange et d’autres collaborateurs ou partenaires de WikiLeaks, et me demander si je figure sur la liste. »
« Si elles sont avérées, ces allégations de menaces de la CIA sur la vie de Julian Assange sont extrêmement préoccupantes et exposent le risque énorme qu’il continue de courir en détention, déclare la directrice des campagnes internationales de RSF, Rebecca Vincent. Ce risque serait démultiplié si les Etats-Unis obtenaient son extradition. Les complots présumés que révèle ce rapport et qui pourraient porter atteinte à la sécurité et à la vie de Julian Assange et de ses collaborateurs constituent également une menace pour la liberté de la presse. L’administration Biden doit immédiatement prendre des mesures pour se distancier de ces rapports choquants des actions du gouvernement Trump, clore définitivement l’affaire Assange et autoriser sa libération avant qu’il ne subisse d’autres attaques. »
Autres sources de préoccupation : des indications selon lesquelles les projets présumés de la CIA auraient influencé les poursuites judiciaires. Selon le rapport, « certains responsables du Conseil de sécurité nationale s’inquiétaient que les propositions de kidnapping d’Assange par la CIA soient non seulement illégales, mais qu’elles pourraient aussi compromettre l’action en justice contre le fondateur de WikiLeaks. Craignant que les plans de la CIA ne viennent entraver une éventuelle affaire pénale, le ministère de la Justice a accéléré la rédaction des chefs d'accusation contre Assange pour s’assurer qu'ils seraient définis s’il était amené aux États-Unis. »
La procédure d'extradition contre Assange devrait se poursuivre les 27 et 28 octobre prochains à la Haute Cour de Londres, où l’appel des États-Unis sera entendu. RSF prévoit de suivre l’audience en appel : elle a été la seule ONG autorisée à suivre l’ensemble de la procédure d’extradition à ce jour, en dépit des sévères restrictions imposées par le tribunal de première instance.
RSF est convaincue qu'Assange a été ciblé en raison de sa contribution au journalisme d'intérêt public. Elle croit également que son extradition et les poursuites engagées contre lui porteraient un coup sérieux à la liberté de la presse et à l'avenir du journalisme, et auraient un effet dissuasif durable sur le journalisme de sécurité nationale dans le monde.
Les Etats-Unis et le Royaume Uni occupent respectivement la 44e et la 33e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.