Qu'en est-il des gestionnaires qui travail pour l'état ?
Radio-Canada à Québec: la directrice part dans la tourmente
«Devant tous les chantiers en cours et à venir à Radio-Canada Québec, nous sommes arrivés à la conclusion que je ne suis plus la bonne personne pour diriger la station», a-t-elle écrit dans une note interne, envoyée par le vice-président principal Michel Bissonnette et le directeur général des médias régionaux Jean-François Rioux.
Dans un message envoyé au personnel et dont nous avons obtenu copie, elle explique cette décision: «Je vous cacherais la vérité si je vous disais que les derniers mois n'ont pas été difficiles. Le plus difficile aura été de ne pas savoir qui regarder dans les yeux pour éclaircir un dossier, pour clarifier une situation ou apaiser une tension. J'aurais aimé le faire.»
À aucun moment, Mme Lessard n'admet avoir manqué à sa tâche. «[La gestion est] ingrate puisqu'elle nous oblige à choisir, à trancher, à prioriser, à décider, à planifier, à réagir, à organiser, à budgéter, à encadrer et à gérer pour le meilleur du groupe», poursuit-elle.
Selon ce qu'elle affirme, Véronique Lessard aurait discuté avec la direction à son retour de vacances «après une longue réflexion». Les deux parties auraient alors convenu qu'il était mieux qu'elle quitte son poste.
L'intérim à la direction sera assuré par Sylvain Schreiber, «qui compte plus de 30 ans d’expérience à Radio-Canada, autant à l’Information qu’auprès des Médias régionaux». M. Schreiber sortira donc temporairement de sa retraite le 1er septembre. Il était auparavant directeur des affaires publiques.
Cette annonce arrive une semaine avant le dévoilement aux employés des recommandations d'un conciliateur.
En mars dernier, Le Soleil faisait état d'un climat de travail jugé toxique depuis plusieurs années à la station de Québec. La haute direction avait depuis nommé un psychologue industriel et entamé un processus de conciliation tout en maintenant en poste trois des quatre gestionnaires visés par les allégations, l'un d'entre eux, André Duchesneau, premier chef de la production et du contenu, étant parti à la retraite entre-temps.
En entrevue au Soleil, Véronique Lessard avait alors nié l'existence d'un climat toxique à la station. «Je ne dégrade pas les gens, je les estime, je les aime, je les inspire. Est-ce que je suis parfaite? Non.»
«Personne ne fait l'unanimité dans la vie. Une fois qu'on a compris ça, on fait face à la musique et on va aller au fond des insatisfactions des gens qui soulèvent ça», avait-elle ajouté.
Mercredi dernier, Le Soleil révélait que Pascale Nadeau a été suspendue pour une période d'un mois l'hiver dernier, sanction pour laquelle elle a exigé des excuses, qui ne sont jamais venues. «Quand j'ai vu que les cadres de Québec, qui sont accusés de choses épouvantables, à des années lumière de ce qu'on me reproche, ont eu droit à une médiation et qu'il n'était pas question de les suspendre, j'ai compris qu'il y avait deux poids, deux mesures. Ça m'a tellement choquée», nous confiait-elle.
Après 33 ans à Radio-Canada, Pascale Nadeau considère son départ à la retraite comme un «congédiement déguisé», ce que nie vigoureusement la direction.
À Radio-Canada, on confirme avoir pris la décision d'un commun accord avec Véronique Lessard. Les autres gestionnaires visés par le rapport du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada et encore en place, Caroline Gaudreault et Daniel Harvey, conservent leur poste.
«Ce n'est pas une démarche disciplinaire. Nous sommes dans une dynamique différente qui vise à améliorer le climat de travail avec la participation de tout le personnel», explique par courriel le premier directeur, promotion et relations publiques, Marc Pichette, ajoutant que «l'annonce d'aujourd’hui n'est strictement pas en lien avec les propos de Pascale Nadeau.»
Selon nos informations, plusieurs employés de la station se sont montrés soulagés par l'annonce du départ de Véronique Lessard. Au lendemain de la publication de notre enquête, 70 employés avaient réclamé la suspension des patrons dans une pétition. «Le maintien en poste des cadres mis en cause et qui continuent, pour certains d'entre eux, de nier la situation et de discréditer le rapport syndical n'est plus une option», pouvait-on lire dans une note du syndicat envoyée à ses membres de Québec.
Mercredi, le syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada a reçu cette annonce avec un certain optimisme. «En tout respect de Mme Lessard, nous espérons vivement que ce changement sera porteur d'une nouvelle forme de leadership afin que les gens qui travaillent à la station de Québec puissent faire valoir leur professionnalisme, leur rigueur et leur créativité dans un climat de travail serein et sain», a affirmé la secrétaire générale et trésorière, Isabelle Montpetit.
Véronique Lessard n'a pas répondu à notre demande d'entrevue.