ChatGPT : quels métiers seront touchés par la révolution de l’IA ?
ChatGPT, Bard, Claude et consorts vont métamorphoser le monde du travail. Dans une étude, OpenAI a dressé la liste des métiers qui vont devoir s’adapter à l’essor des intelligences artificielles génératives…
Les intelligences artificielles génératives, comme ChatGPT, Google Bard ou Claude, s’apprêtent à bouleverser le monde tel qu’on le connaît. Sans surprise, le marché de l’emploi n’échappera pas à cette révolution. De nombreuses professions vont être profondément chamboulées par le boom de l’IA dans un avenir proche.
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Combien de travailleurs seront affectés par la révolution ChatGPT ?
Pour faire le point sur ce qui nous attend, OpenAI, la start-up derrière ChatGPT, a réalisé une étude consacrée à « l’impact potentiel des grands modèles linguistiques sur le marché du travail ». Dans le cadre de cette étude, l’entreprise s’est penchée sur plus de 1 000 professions pratiquées sur le sol américain. Chaque métier a ensuite été décomposé en plusieurs tâches. Verdict : l’IA peut se charger, au moins à 50 %, d’une grande partie des tâches identifiées par les chercheurs pour chaque emploi.
« Nos résultats indiquent qu’environ 80 % de la main-d’œuvre américaine pourrait voir au moins 10 % de ses tâches de travail affectées par l’introduction des IA, tandis qu’environ 19 % des travailleurs pourraient voir au moins 50 % de leurs tâches affectées », explique OpenAI.
Comme l’admettait récemment Sam Altman, PDG et cofondateur d’OpenAI, il semble inévitable que ChatGPT et consorts puissent « éliminer beaucoup d’emplois actuels ». Ce grand remplacement a d’ailleurs débuté. D’après un sondage de ResumeBuilder, relayé par Fortune, 25 % des entreprises ont déjà remplacé des employés par ChatGPT. Par exemple, le média américain CNet a licencié une douzaine de journalistes suite à l’émergence du chatbot d’OpenAI. Les articles seront désormais rédigés par ChatGPT sous la houlette d’une rédactrice en chef spécialisée dans l’IA. Le groupe média Axel Springer a pris une décision analogue, en visant surtout les rédacteurs de dépêches.
Découvrez la liste des métiers les plus menacés par ChatGPT
Selon l’étude, ce sont plutôt « les emplois à revenu plus élevé » qui vont être chamboulés par les intelligences artificielles génératives. Ces postes impliquent généralement que le travailleur réalise des tâches par le biais d’un logiciel informatique. Il peut s’agir de création, de documentation, d’analyse ou de gestion. Ces tâches sont plus susceptibles d’être affectées par l’émergence des IA que les travaux manuels.
Ce sont essentiellement les emplois qui demandent « des compétences en programmation et en écriture » qui vont être les plus touchés. Dans son rapport, OpenAI dresse une liste non exhaustive des professions au cœur du cyclone :
- les interprètes
- les traducteurs
- les poètes
- les paroliers
- les spécialistes des relations publiques
- les écrivains et les auteurs
- les mathématiciens
- les comptables
- les ingénieurs de la blockchain
- les journalistes
Le sondage réalisé par ResumeBuilder indique d’ailleurs que 66 % des patrons d’entreprises utilisent déjà ChatGPT pour générer du code informatique. Comme le montrent certaines expériences, le chatbot est même capable d’analyser du code pour y débusquer d’éventuelles failles de sécurité. Pour 57 % des dirigeants interrogés, le modèle linguistique est également très utile pour rédiger du texte sans l’aide d’un salarié. Dans le détail, 52 % des patrons demandent au robot d’OpenAI de se charger des comptes-rendus de réunion et autres tâches rébarbatives.
Par contre, les professions qui « dépendent fortement de la science et des compétences de pensée critique » seront moins affectées par la déferlante de l’IA. Certaines industries, qui reposent beaucoup sur la main-d’œuvre, devraient aussi échapper à la révolution. OpenAI met notamment en exergue l’exploitation forestière, l’aide sociale et l’industrie de l’alimentaire. Les cuisiniers, les peintres en bâtiment, les maçons, les tailleurs de pierre ou les mécaniciens composent la liste des métiers les moins affectés.
Un outil plutôt qu’une menace ?
OpenAI tient à nuancer les résultats de son étude. En effet, toutes les professions ne peuvent pas se résumer à une série de tâches bien précises, ce qui biaise l’analyse des chercheurs. Il est possible que « certaines catégories de compétences ou de tâches », indispensables à des professions précises, aient été exclues.
En clair, OpenAI admet qu’il est difficile de résumer certains métiers en une simple liste de tâches. Si ChatGPT est effectivement capable de réaliser les tâches épinglées par l’étude, le chatbot est peut-être complètement inapte dans d’autres domaines, indispensables, mais omis par les chercheurs. Dans ce contexte, le robot n’est pas forcément en mesure de se substituer à un être humain.
De plus, on soulignera que les IA génératives sont loin d’être infaillibles. Les modèles linguistiques ont la fâcheuse habitude de générer des réponses entièrement fausses. Lors de certaines conversations, la créativité du chatbot prend le pas sur l’exactitude des réponses. Les exemples ne manquent pas, que ce soit chez ChatGPT, Prometheus, le chatbot de Microsoft Bing ou Bard de Google. C’est pourquoi un superviseur est obligatoire, notamment pour s’assurer de la véracité des articles de presse générés par ChatGPT.
Les intelligences artificielles génératives sont plutôt conçues comme des outils que comme des remplaçants. Les modèles comme ChatGPT ne peuvent pas (encore ?) se charger d’un projet complet en toute autonomie. Sans les directives calibrées d’un être humain, les chatbots sont encore inutiles. Pour obtenir une réponse exploitable de la part de ChatGPT, l’utilisateur doit d’abord composer une requête pertinente pour le guider. Il est ensuite toujours nécessaire qu’un être humain supervise les productions signées ChatGPT, à la manière d’un professeur qui surveille et corrige le travail de ses étudiants.
Pour échapper à une extinction prématurée, les métiers épinglés par OpenAI, comme les rédacteurs ou les ingénieurs, vont néanmoins devoir s’adapter. Les professions les plus menacées vont être contraintes d’apprendre à se servir des modèles linguistiques. De la même façon qu’il a bien fallu apprendre à se servir d’un ordinateur ou d’Internet…
Source : Arxiv