On a testé Firefly : l’IA générative d’Adobe Photoshop qui va révolutionner la création graphique
Nous avons eu l’occasion de tester Firefly, l’intelligence artificielle générative mise au point par Adobe. Grâce à une armada de réglages et une riche base de données, l’IA permet de créer des visuels très réussis en quelques clics.
Le mois dernier, Adobe a lancé Firefly, une intelligence artificielle générative capable de créer des images à partir de simples descriptions, comme Dall-E ou Midjourney. Bientôt intégré à Photoshop, Premiere ou Illustrator, Firefly permet aussi aux utilisateurs de modifier facilement une image, d’en changer les teintes par exemple, ou de personnaliser les effets appliqués sur les textes avec des styles ou des textures.
Dans un premier temps, Firefly est uniquement disponible en bêta par le biais d’un navigateur Web. Pour le moment, il n’est pas possible d’accéder à l’outil par le biais d’un logiciel Adobe. Quoi qu’il en soit, ce programme expérimental permet aux abonnés Photoshop, ayant rejoint la liste d’attente, de tester deux des principales fonctionnalités de l’IA générative : la création d’images ou la génération de polices personnalisées. On fait le point sur les résultats obtenus ci-dessous après quelques jours d’expérimentations.
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Des images réussies
Tout d’abord, nous avons testé le générateur d’images d’Adobe. Comme Dall-E ou Bing Image Generator, Firefly peut concevoir des visuels en quelques secondes. Pour le moment, l’IA ne comprend que l’anglais. Pour les allergiques à la langue de Shakespeare, il faudra passer par un traducteur… ou demander un coup de main à ChatGPT.
Les images générées par Firefly sont pour la plupart léchées, sophistiquées et bien structurées. Nous avons trouvé les productions bien plus réussies que celles réalisées par Bing ou Dall-E. Toutes les créations de Firefly ont un simulacre de « touche artistique ». Au premier abord, on dirait bien souvent des illustrations conçues par un graphiste ou un artiste.
Elles ne sont pas exemptes de défauts pour autant. En zoomant, on découvre inévitablement des approximations, des éléments dépourvus de logique ou des flous. Sur la plupart des créations de Firefly, il y a des zones « brouillonnes », difficiles à interpréter, voire carrément ratées. Il y a beaucoup d’approximations dans le rendu de certains détails, notamment censées reproduire la réalité. C’est le défaut de la plupart des IA génératives.
Les limites de Firefly
Firefly peine parfois à produire des images photoréalistes. On est très loin des résultats obtenus avec une description bien calibrée sur Midjourney. Vous parviendrez néanmoins à générer des rendus 3D qui imitent le réel avec brio. Dans les réglages, on trouve d’ailleurs des fonctionnalités destinées à imiter une photographie, ou à tendre vers l’hyperréalisme.
Vous obtiendrez des rendus les plus photoréalistes avec des objets, comme des verres ou des vêtements, et des paysages. Ce sont surtout les corps humains et les visages qui posent des difficultés aux algorithmes d’Adobe. Ce n’est pas une surprise. La plupart des générateurs peinent à reproduire certaines parties du corps, comme les mains ou les oreilles. On peut d’ailleurs se servir de ces éléments pour identifier une image réalisée par l’IA. Sur la photo ci-dessus, on se rend compte de la supercherie en observant la main qui tient le verre. On y trouve beaucoup trop de doigts…
Comme on l’expliquait plus haut, l’IA d’Adobe se distingue plutôt par son approche artistique. On se servira de Firefly pour concevoir des illustrations graphiques, des personnages cartoonesques ou des créations surréalistes.
Notez que Firefly est incapable de produire des images représentant des personnages ou des éléments protégés par le droit d’auteur. Si vous essayez de créer un photomontage avec des personnages comme Batman, Spider-Man, Homer Simpson ou Dark Vador, ou un logo de marque, comme Pepsi, McDonald’s ou Netflix, le résultat sera catastrophique. Le rendu n’aura pas grand-chose à voir avec ce que vous aviez en tête.
Ce n’est pas une surprise. Adobe a entraîné Firefly en utilisant uniquement des images issues des bases de données d’Adobe Stock, des images libres de droits et des images sous licence libre. L’IA n’a jamais été en contact avec des visuels sous licence, comme des logos, des héros DC Comics ou Marvel, par exemple.
« Firefly a pour vocation de ne créer que des images de personnalités publiques disponibles à des fins commerciales sur le site Stock (hors contenu éditorial). Il ne doit pas créer de personnalités publiques qui ne sont pas disponibles dans les données Stock », précise Adobe sur son site.
De facto, l’IA ne sait pas à quoi ressemblent des contenus protégés comme Coca-Cola, Iron Man ou Star Wars. Elle ne les a jamais « vu »… Elle ne sait donc pas de quoi vous parlez. Vous ne pouvez de ce fait pas vous servir de Firefly pour imiter des créations protégées. Vous obtiendrez uniquement des approximations… ce qui peut parfois être hilarant.
Notez qu’il arrive souvent que Firefly refuse de générer des images basées sur certaines phrases. Certains mots sont en effet interdits par Adobe pour éviter les dérives. Malheureusement, le système de restrictions se montre fréquemment défaillant. Il bloque certaines requêtes sans la moindre raison. De même, l’IA estime parfois à tort qu’une requête n’est pas rédigée en anglais :
« Il peut y avoir des cas où des consignes en anglais très courtes (généralement un mot) peuvent être identifiées à tort comme une langue non prise en charge, il suffit d’étendre votre requête à plusieurs mots et l’erreur sera résolue ».
Comment créer des images réussies avec Adobe Firefly ?
Pour calibrer correctement la production, il est impératif de décrire très précisément ce que vous avez en tête. Pensez à ajouter des informations concernant le cadrage, la couleur, la disposition des éléments ou l’émotion que vous voulez communiquer. Comme c’est le cas avec Bing, Dall-E ou Midjourney, Firefly produit de plus beaux résultats avec des descriptions riches et bien précises. Nous avons d’ailleurs réalisé les images les plus réalistes avec des descriptions très fournies… et signées ChatGPT.
Firefly tire son épingle du jeu grâce aux nombreux outils permettant d’ajuster le style de l’image. Comme sur Photoshop, il est possible d’appliquer des styles différents sur les images générées en quelques clics. Tout d’abord, Firefly vous demande de choisir le format de l’image (portrait, paysage…). Ensuite, l’interface propose de choisir le type de contenus que vous souhaitez générer (photo, art…).
Surtout, Firefly permet de choisir un style visuel. Vous avez le choix entre un mouvement artistique (steam punk, surréaliste, psychédélique, pop art, cyberpunk…), un effet particulier (bokeh, fisheye…), un thème (3D, géométrique…), une technique (crayon, lino, acrylique, peinture à l’huile…), un matériau (métal, bois, argile…) et un concept (kitsch, nostalgique…). Cerise sur le gâteau, vous pouvez combiner plusieurs de ces éléments pour concevoir des images originales et uniques.
Par la suite, vous pouvez aussi sélectionner l’angle de prise de vue de votre montage, l’éclairage idéal, les coloris et les tons directement dans l’interface, sans devoir le préciser dans la description. C’est idéal pour les utilisateurs qui peinent à décrire correctement ce qu’ils ont en tête. Grâce à ces nombreux paramètres, vous pouvez ajuster manuellement le rendu produit par l’IA. Avec un peu de travail, et l’habitude des outils Adobe, on arrive facilement au visuel voulu, sans être un grand artiste.
Avant d’exporter une image générée par l’IA, Adobe va automatiquement inclure des « Content Credentials », c’est-à-dire des informations d’identification de contenu. Concrètement, un macaron rouge indiquant que l’image a été produite par Firefly apparaîtra dans le bord inférieur droit, comme sur la création ci-dessous.
« Cela vise à promouvoir la transparence autour du contenu généré avec des outils d’IA comme Adobe Firefly », explique Adobe sur son site Web.
Le générateur de polices
Par ailleurs, nous avons mis à l’épreuve le générateur de polices. Le fonctionnement de l’outil est simple et intuitif. Il suffit d’entrer le mot que vous souhaitez et ajouter une description de la personnalisation souhaitée. Par exemple, on peut produire une police qui imite une texture (bois, arbre, métal, velours…), un élément (eau, feu, brique…), un style artistique, un plat ou encore une ville. Les possibilités sont presque infinies !
Là encore, les résultats sont à la hauteur des attentes. En quelques clics, on obtient des polices de caractères personnalisées, originales et uniques. On imagine que cet outil peut faire gagner un temps de fou aux graphistes. De la même manière que le générateur d’images, le créateur de polices a du mal à générer des textures réalistes. Parfois, il arrive aussi que Firefly interprète une série de mots d’une façon étonnante. C’est le cas de cette création « vin rouge ».
Quoi qu’il en soit, ces deux outils sont susceptibles de bouleverser l’utilisation de la suite Adobe. Quand Firefly aura été déployé sur Photoshop, Illustrator et consorts, la création graphique telle qu’on la connaît sera inévitablement révolue…