En 2004, les services de renseignements américains disposaient d'un outil capable d'industrialiser le processus de conversion de l'audio en texte des communications espionnées. Et depuis l'outil a fait de gros progrès...
La NSA
a décidément de grandes oreilles ! Des documents top secret de la NSA
révélés par Edward Snowden montrent que le service de renseignement a
créé il y a environ dix ans un système créant automatiquement des
transcriptions écrites à partir de conversations téléphoniques pour
mieux les stocker, les analyser et les retrouver ensuite.
Les fichiers décrivent un système
s’appuyant sur la recherche de nombreux mots clés, des programmes
permettant d’analyser et d'extraire le contenu de conversations orales
ainsi que des algorithmes sophistiqués capables de signaler l’intérêt
d’une discussion. Evidemment, ces documents sont accompagnés de nombreux
exemples de l’utilisation de cette technologie dans des zones de guerre
(Irak et Afghanistan) ainsi qu’en Amérique latine mais ne disent pas si
elle a servi à « écouter » des citoyens américains.
Un outil de plus en plus performant
Si
les avancées technologiques cette dernière décennie ont permis aux
systèmes de reconnaissance vocale commerciaux d’évoluer pour nous donner
aujourd’hui des outils comme Siri ou Google Now, il en a été de même pour le programme de la NSA que l’agence a régulièrement mis à jour indiquent les documents.
Le premier outil, datant de 2004 et
répondant au nom de code Rhinehart, était capable de repérer des mots
comme « détonateur », « Bagdad » ou « peroxyde d’hydrogène » aussi bien
dans des conversations en temps réel que dans des éléments stockés. En
2006, le système fut perfectionné et pris le nom de VoiceRT. Il put
alors indexer un million de conversations par jour dans plusieurs
langues. En 2013, nouvelle mise à jour importante pour lui permettre de
gérer encore plus de données et ce plus rapidement.
© The Intercept
Extrait d'un document Powerpoint de la NSA datant de 2006 et présentant VoiceRT.
Les écoutes
téléphoniques ont toujours été le fond de commerce de la NSA, mais cette
technologie montre que l’agence avait industrialisé ses méthodes pour
espionner un maximum de gens, ce qui pose évidemment de gros problèmes
de respect de la vie privée, et ce sans que la population ou le Congrès
soit au courant. D’ailleurs, le USA Freedom Act, projet de réforme de la NSA en cours de discussion au Congrès, n’évoque pas du tout un tel programme.
Pour les défenseurs des libertés comme
l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), le passage d’une
écoute humaine à une écoute informatisée pose d’indéniables questions de
respect de la vie privée et fait froid dans le dos.
A lire aussi :
Le plan démoniaque de la NSA pour déchiffrer toutes les communications mobiles, paru le 20/2/2015
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Source :
The Intercept
The Intercept