Droit d’auteur : CE QUE DIT LA LOI SUR LE pillage d'articles
La Loi sur le droit d’auteur protège les contenus journalistiques. Elle prévoit une exception dans le cas « d’une utilisation équitable d’une œuvre ou de tout autre objet du droit d’auteur pour la communication des nouvelles ». La source originale doit être mentionnée. Le caractère équitable dépend de six critères établis par la Cour suprême du Canada : le but, la nature et l’ampleur de l’utilisation, l’existence de solutions de rechange, la nature de l’œuvre et l’effet de l’utilisation sur l’œuvre. La Presse a déjà entrepris des procédures judiciaires pour faire respecter ses droits.
-Voici un exemple , ci-dessus sur le sport et qui s'applique a n'importe quel secteur d'opinion:
Des sites d’agrégation comme Hockey30 et Habsolument Fan se sont jetés dessus comme des piranhas sur un morceau de chair fraîche. Ils ont remâché un peu le texte, gardé les citations, puis régurgité des articles pour leurs propres sites web. Leur effort d’édition était minimal. Pour son texte sur Pierre-Luc Dubois, David Garel (Hockey30) avait conservé non pas 1, non pas 2, mais 15 citations de l’entrevue originale. Même s’il donnait le crédit à Mathias, ça reste d’une paresse intellectuelle navrante. L’équivalent d’un étudiant fainéant qui ajoute son nom au stylo sur le travail de session d’un collègue travaillant.
Si seulement c’était une situation isolée ou sporadique. Mais non. Les sites piranhas pigent allègrement dans le buffet des contenus originaux produits par les médias traditionnels. Payent-ils pour cela ? Bien sûr que non. Autrement, l’industrie florissante du pillage d’articles s’effondrerait.
Où les piranhas trouvent-ils leur public ?
Sur Facebook, où plusieurs médias dont ils agrègent le contenu sont bloqués.
Depuis bientôt un an, les comptes principaux de La Presse, du Journal de Montréal, du Devoir, de la Gazette, des quotidiens régionaux, de nombreuses stations de radio, de télévision ainsi que de journaux étudiants sont inaccessibles sur le réseau social. Les liens vers les pages web de ces sites n’apparaissent tout simplement plus.
Malgré cette mesure, 38 % des francophones au pays continuent de s’informer sur Facebook, révèle une étude du Reuters Institute publiée l’été dernier. C’est énorme. Ces gens trouvent notamment leurs nouvelles sur les comptes des sites d’agrégation, qui ont grandement profité du blocage des autres médias.
Nombre d’abonnés sur Facebook de quelques sites d’agrégation
HabsetLNH : 192 000
Hockey30 : 139 000
Go Nordiques : 115 000
Fanadiens : 82 000
AllHabs : 55 000
Marqueur : 51 000
CHpourlavie : 22 000
Voilà pourquoi les piranhas sont hyperactifs sur Facebook. C’est aussi la raison pour laquelle vous y êtes bombardés d’articles aux titres tout aussi aguicheurs que dramatiques. Lu la semaine dernière : « Logan Mailloux quitte Montréal, et on sait pourquoi ». Le jeune défenseur était sur le point d’être échangé ? Pas du tout. Il a simplement pris l’avion pour participer à une séance photo du fabricant de cartes de hockey Upper Deck.
Cette compétition pour l’attention des lecteurs suscite évidemment des abus. Le 5 juillet dernier, David Garel (Hockey30) a rapporté une rumeur sur l’espoir Filip Mesar, du Canadien. « Filip Mesar va quitter Montréal », a-t-il écrit. « Il se retrouve aujourd’hui au centre de rumeurs de transaction impliquant les Jets de Winnipeg. Selon ce qui circule, Mesar aurait été proposé dans un échange visant à obtenir Rutger McGroarty. »
Dans les jours suivants, les sites d’agrégation Marqueur, Dose et HabsetLNH ont amplifié la rumeur. « Mesar et sa famille ont vraiment vécu des moments difficiles, alors que l’espoir slovaque s’est retrouvé au centre de rumeurs le liant aux Jets de Winnipeg », a ajouté Marc-André Dubois, toujours sur Hockey30, le 18 juillet.
Le problème ? Hockey30 avait inventé cette histoire de toutes pièces.
« On a parti une rumeur : pourquoi on ne l’enverrait pas à Winnipeg avec le choix des Panthers, juste pour spéculer », a expliqué David Garel à BPM Sports. « Le lendemain, c’était partout en Slovaquie. Tous les médias sportifs en parlaient. Ça s’est rendu ici. » Filip Mesar a même dû commenter la (fausse) rumeur.David Garel devait avoir une chronique récurrente à BPM Sports cet automne. La collaboration s’est arrêtée là. Dans une vidéo sur la rumeur de Filip Mesar diffusée avant ce passage à la radio, David Garel avait déclaré : « On va être là pour lancer des rumeurs. On va être là pour parler du côté dramatique du hockey, puis c’est juste pour le fun. »
Pas sûr que Mesar a trouvé son été « le fun ». Pas plus que les autres hockeyeurs et leurs proches qui sont les cibles des ragots réels ou fictifs colportés par des sites comme Hockey30.Et que penser du rôle de la société mère de Facebook, Meta, dans cet écosystème ?
En donnant de l’oxygène aux piranhas, Meta assure non seulement leur survie, mais aussi leur croissance. C’est d’une irresponsabilité sociale affligeante.Le pire, c’est que Meta dit bloquer tous les « médias d’information », qu’elle définit comme « les entreprises dont l’objectif principal est de produire un contenu d’actualité, sous quelque format que ce soit, qui rapporte, enquête ou explique des questions ou des évènements d’actualité présentant un intérêt pour le public ».
Permettez-moi de lui soumettre bien humblement le libellé suivant, trouvé sur le site de David Garel. « Hockey30 vous propose du contenu original et inédit. Minute par minute, 24 heures sur 24, Hockey30 est présent pour vous offrir une couverture quotidienne des Canadiens de Montréal et de la LNH. » Puis ceci : « Hockey30.com se spécialise dans la production et la diffusion de sites web d’actualité.Je souhaite vivement que Meta cesse son blocage, et que les médias qui investissent dans une information originale et de qualité retrouvent leur portée sur Facebook. Mais si Meta insiste tant à garder la ligne dure, au moins, qu’elle soit conséquente.
Qu’elle place les piranhas dans le même bassin que les médias traditionnels.
REF.: www.lapresse.ca/sports/chroniques/2024-09-11/pillage-d-articles-sportifs/le-buffet-des-piranhas.php