GardaWorld désormais partenaire d’une société cofondée par la CIA
Par: FRANCIS HALIN
Palantir,
une entreprise controversée cofondée par le fonds In-Q-Tel de la
Central Intelligence Agency (CIA) et par le milliardaire Peter
Thiel, proche de l’ex-président américain Donald Trump, a annoncé
hier « un partenariat stratégique » avec une compagnie du groupe
GardaWorld.
« Nous ne donnerons pas de détails concernant le
cadre financier de l’entente. Et non, nous n’avons reçu aucun argent de
l’État », a répondu du tac au tac au Journal Garda, hier matin, après
la publication d’un communiqué.
C’est Crisis24,qui fait
partie du groupe GardaWorld, qui a signé un partenariat avec
Palantir pour « transformer la sécurité et la gestion des risques
au moyen de l'intelligence artificielle ».
Au
Royaume-Uni, le mois dernier, un accord entre la National Health
Service (NHS) et Palantir a été critiqué par des groupes inquiets de
la protection des données de santé, selon Bloomberg.
Aux
États-Unis, Palantir a été accusée d’avoir aidé la firme Cambridge
Analytica à scruter les profils Facebook pour favoriser
l’élection de Donald Trump, selon le lanceur d’alerte Christopher
Wylie.
En 2017, Palantir avait été pointée du doigt pour avoir
ciblé les parents d’enfants de migrants appréhendés à la frontière, a
rapporté The Intercept, en s’appuyant sur des documents du
Department of Homeland Security (DHS).
CONTRATS PUBLICS
Dans
son communiqué, Garda écrit noir sur blanc que le nouveau système
avec Palantir a pour objectif de « développer de nouvelles offres
de services conçues pour les secteurs public et parapublic ».
C’est
le logiciel Foundry de Palantir qui aidera Crisis24 à fournir des
analyses sur le crime, le terrorisme, la santé, les transports et la
géopolitique.
En août dernier, Québec a investi 300 millions $ dans GardaWorld.
Palantir vaut plus de 20 milliards $ en bourse.
Hier matin, Le Journal n’avait pas réussi à obtenir d’entrevue de GardaWorld ou de Palantir.
L'entreprise développe et commercialise deux logiciels dédiés à
la fusion, la visualisation et le travail opérationnel sur les données :
Palantir Gotham et Palantir Foundry.
La NSA utilise les logiciels de Palantir pour faciliter l'utilisation de XKeyScore (logiciel de surveillance gouvernementale)8.
Le GCHQ
britannique a utilisé Palantir dans le cadre du projet « Lovely Horse »
afin de collecter des données dans le domaine public comme des tweets,
des informations sur des blogs et des articles de nouvelles8.
Officiellement établie en , la société Palantir Technologies est considérée généralement comme ayant été fondée en 2004 par Peter Thiel, Alex Karp10 et Nathan Gettings. Les premiers financements sont constitués par deux millions de dollars versés par le bras financier de la CIA, la société In-Q-Tel, et par trente millions de dollars de la part de Thiel et de son entreprise Founders Fund. Alex Karp est alors le PDG de Palantir. Le nom de la société vient de « palantír », ou « pierre de vision », un objet magique décrit dans les ouvrages de J. R. R. TolkienLe Seigneur des anneaux et Le Silmarillion4.
Pendant trois ans, Palantir développe ses technologies grâce à
des informaticiens et des analystes en provenance d'agences de
renseignement, via des projets pilotes facilités par In-Q-Tel. Le
concept logiciel est développé à partir de la technologie développée
chez PayPal pour détecter les activités frauduleuses10 dont une grande partie est l’œuvre de groupes criminels organisés russes (Peter Thiel est cofondateur de PayPal). La société affirme que des ordinateurs seuls, même en utilisant une intelligence artificielle,
ne peuvent pas vaincre un adversaire sachant s'adapter. Palantir
propose d'aussi employer des analystes humains pour explorer les données
de nombreuses sources ; ce qu'elle nomme l'« intelligence amplifiée ».
2010 : les réseaux GhostNet et Shadow
Un
organisme canadien de recherche sur l'émergence du cyberespace,
l'Information Warfare Monitor, utilise le logiciel offert par Palantir
pour démasquer les réseaux GhostNet et Shadow Network. Le réseau GhostNet est un réseau d'espionnage basé en Chine qui ciblait plus d'un millier d'ordinateurs situés dans une centaine de pays, parmi lesquels ceux du bureau du Dalai Lama, de l'OTAN
et d'ambassades. Le réseau Shadow est une opération d'espionnage basée
aussi en Chine, qui a infiltré l'appareil de sécurité et de défense de
l'Inde.
Les cyber-espions ont volé des documents relatifs à la sécurité de
l'Inde, à ses ambassades à l'étranger, et aux activités des troupes de
l'OTAN en Afghanistan5.
En , Palantir annonce un accord avec Thomson Reuters pour vendre le logiciel Palantir Metropolis sous le nom de QA Studio. Le , le vice-président des États-Unis Joe Biden et le directeur du Bureau de la gestion et du budget Peter Orszag
tiennent une conférence de presse à la Maison-Blanche pour annoncer le
succès de la lutte contre la fraude, stimulée par le Recovery
Accountability and Transparency Board (RATB). Biden attribue ce succès
au logiciel de Palantir déployé par le gouvernement fédéral. Il annonce
qu'il sera déployé dans d'autres agences gouvernementales, en commençant
par Medicare et Medicaid.
En 2011, le chiffre d'affaires de Palantir est estimé à 250 millions de dollars[réf. nécessaire].
2013 : renseignement et forces armées
« À partir de 2013, les agences de
renseignement aussi ont utilisé Palantir pour connecter des bases de
données entre départements. Avant cela, la majorité des bases de données
utilisées par la CIA et le FBI étaient cloisonnées, obligeant les
utilisateurs à effectuer des recherches dans chaque base, une par une.
Maintenant tout est interconnecté par la technologie Palantir. »
En , Palantir dévoile une levée de fonds de plus de 196 millions de dollars, selon le dépôt enregistré à la SEC.
On estime alors que la société pourrait atteindre un montant annuel
d'un milliard de dollars de contrats en 2014. Le PD-G Alex Karp annonce
en 2013 que la société ne serait pas introduite en bourse, car « cela rendrait une société comme la nôtre très difficile à diriger ». En ,
la société lance une levée de fonds qui rapporte 450 millions de
dollars provenant d'investisseurs privés, ce qui relève sa valeur à neuf
milliards de dollars selon le magazine Forbes. Le magazine explique que cette valorisation place Palantir « parmi les entreprises technologiques non cotées de la Silicon Valley les plus fortement valorisées ».[réf. nécessaire]
2014-2015 : levées de fonds
En , Forbes
rapporte que Palantir cherche à lever 400 millions de dollars de fonds
supplémentaires, après avoir accompli un mois plus tôt les démarches
administratives auprès de la SEC, l'autorité de contrôle des marchés financiers américains. L'information se base sur une recherche faite par VC Experts. Si la levée se réalise, Forbes affirme que le financement de Palantir pourrait atteindre 1,2 milliard de dollars. En , la société a toujours différents financeurs privés, les milliardaires Kenneth Langone(en) et Stanley Druckenmiller(en), In-Q-Tel de la CIA, Tiger Global Management et Founders Fund, une société de capital-risque dirigée par Peter Thiel, le président de Palantir. Au mois de , Peter Thiel, cofondateur de Paypal et investisseur précoce de Facebook, est le plus gros actionnaire de Palantir11.
En ,
la valeur de l'entreprise est estimée à quinze milliards de dollars, ce
qui la place en troisième position des start-up les plus valorisées au
monde, après Uber et devant AirBnb, Snapchat ou SpaceX. Elle fait partie des 37 start-up valorisées à plus d'un milliard de dollars11.
En , le site BuzzFeed
rapporte que la société a levé jusqu'à 500 millions de dollars de
capital supplémentaire, portant sa valorisation à vingt milliards de
dollars12.
2020 : entrée en bourse
En , Palantir annonce son introduction partielle en bourse, évaluant sa capitalisation à 20,6 milliards de dollars13. Les élus démocrates au Congrès Alexandria Ocasio-Cortez et Jesus Garcia demandent une enquête au gendarme de la Bourse, estimant que trop d’informations manquent pour permettre l’entrée de Palantir au Nasdaq: le montant et la nature des contrats avec le gouvernement américain, la part que détient la CIA ou la responsabilité de l’entreprise dans des violations des droits humains. Alexandria Ocasio-Cortez évoque notamment la traque de migrants à la frontière mexicaine,
mais aussi les contrats liant Palantir à des gouvernements « connus
pour se livrer à des pratiques de corruption et des violations des
droits de l’homme », comme le Qatar14.
Jusqu'en 2020, le siège de Palantir était situé à Palo Alto en Californie, à proximité de l'université Stanford, dont les fondateurs et une grande partie des employés sont issus.