Au rebut le site jeancoutu.com, bienvenue TrouverUnAmi.JeanCoutu? Ce nouveau site web, bien que fictif pour l’instant, pourrait devenir réalité : l’organisme mondial gérant les noms de domaine a approuvé lundi la création de nouvelles extensions d’adresses web.
«Les principaux intéressés seront les grandes entreprises de ce monde», affirme Carl Charest, spécialiste en technologies et nouveaux médias.
Car pour obtenir une telle extension, les organismes devront se soumettre à une évaluation coûteuse auprès de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), qui durera plus de 20 mois.
Les organismes devront répondre à une cinquantaine de questions et remettre des centaines de pages de réponses. Le coût? Une coquette somme initiale de 185 000 $ pour soutenir le processus d’évaluation, plus des frais annuels de gestion de 25 000 $.
Tout cela devrait permettre de déterminer si un organisme a la capacité financière et technique nécessaire à obtenir un nom de domaine de premier niveau. Le prix élevé vise aussi à décourager les candidatures abusives, farfelues ou visant le profit.
Les candidatures d’individus ne sont pas bienvenues.
Industrie payante
Habituellement, un individu ou une entreprise doit enregistrer son nom de domaine auprès d’un registraire du web offrant ces services, moyennant des coûts annuels de 10 $ à 30 $.
Les extensions .ca sont gérées par l'Autorité canadienne pour les enregistrements internet (ACEI). Actuellement, plus de 150 registraires sont agréés par l’ACEI.
Plus d’un million et demi d’adresses .ca sont enregistrées au pays. Cela représente 27 % de tous les enregistrements de noms de domaine, selon l’ACEI.
C’est donc dire qu’environ cinq millions et demi de noms de domaine sont enregistrés au Canada. À environ 20 $ l’enregistrement, cela représente une industrie annuelle de 110 millions $.
Environ 12 000 adresses .qc.ca existent dans la province. À 20 $ l’enregistrement annuel, cela représente un quart de million de dollars de revenus.
Utilisation marketing
Les candidats pourront déposer leur dossier du 12 janvier au 12 avril 2012. L’Icann limite à 1000 le nombre de noms de domaines pouvant être enregistrés par année. Entre 200 et 300 enregistrements seulement sont prévus annuellement.
Environ 120 organismes, régions géographiques ou entreprises auraient déjà montré un intérêt. Canon, Hitachi, Unicef ainsi que les villes de New York et de Paris en seraient quelques-uns.
Les nouveaux noms de domaine, toutefois, changeront peu de choses pour les consommateurs. «Les études démontrent que le .com est l’extension la plus connue et la plus populaire», a dit Carl Charest.
Cette extension représente près de la moitié de tous les enregistrements de noms de domaine au monde.
Des extensions comme .aero et .biz ont été lancées au cours des dernières années. « Ces suffixes semblaient prometteurs. Toutefois, personne ou presque ne les a adoptés », a souligné Philippe Le Roux, président de Phéromone, entreprise du secteur des communications.
Les nouvelles extensions pourraient toutefois constituer une partie importante de la stratégie marketing des produits de certaines firmes comme Apple. «Il pourrait y avoir iPhone.Apple, ou iPad.Apple», a dit M. Le Roux.
Des sites comme TVA.Quebecor ou Argent.Quebecor ne seraient cependant pas aussi pertinents. «Argent et TVA ont déjà des images de marque très fortes», a-t-il ajouté.
Négociations étendues
Il existe actuellement 250 noms de domaine de premier niveau correspondant à un pays, comme les .ca et .fr. S’ajoutent à cela 22 noms de domaine génériques de premier niveau (gTLD, ou generic top-level domain names). Ce sont les populaires .com, .org, et .net de ce monde.
À ces 22 derniers suffixes pourront maintenant s’ajouter une panoplie de noms d’organismes privés ou publics, comme .quebecor ou .montreal. La décision a été rendue par l’Icann lundi, lors d’une réunion spéciale de son conseil d'administration à Singapour.
L’annonce est le fruit de plus de six ans de négociations. La décision a été prise à la quasi-unanimité (13 voix contre une).
L’organisme a autorisé 14 nouveaux noms de domaine depuis l'an 2000, comme le .xxx en mars dernier pour les sites pornographiques, ou le .mobi en 2005 pour les services mobiles.
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