L’Organisation
mondiale de la santé prédit qu’en 2020, les troubles de santé mentale
seront la deuxième cause de maladie et d’incapacité, après les maladies
cardiovasculaires.
À l’instar des problèmes de santé physique, les maladies mentales ne font pas de discrimination et peuvent frapper tout le monde. La dépression est une véritable maladie qui affecte l’humeur, les pensées et les comportements.
La dépression et l’anxiété font partie des motifs les plus fréquents de consultations médicales. Selon l’OMS, les problèmes de santé mentale seraient en cause dans 35 % à 45 % des journées d’absentéisme dans les pays développés.
« Le mode de vie d’aujourd’hui est plus stressant. Il y a plusieurs facteurs qui, lorsqu’ils s’accumulent, peuvent causer la dépression. Il y en a sans doute plus qu’avant, ou c’est parce qu’on les décèle plus souvent. Ça peut aussi être dû à un manque de spiritualité et à la recherche d’un sens à la vie. À une certaine époque, il n’y avait pas ces questions-là. Les gens étaient guidés par la religion », explique Lorraine Nadeau, psychologue
« Ce n’est pas facile de définir d’où vient la dépression, d’autant plus qu’elle se manifeste sous diverses formes, poursuit Mme Nadeau. Mais il y a des facteurs de risque personnels. »
Les antécédents familiaux peuvent conduire à une certaine fragilité de la part du patient, explique la psychologue. « La dépression affecte le fonctionnement du cerveau. On n’arrive pas à penser, à trouver du plaisir dans une activité. On ne s’intéresse à rien. Tout est lourd et noir. Le risque ultime chez les personnes souffrant de dépression, ce sont les pensées suicidaires. »
Les préjugés restent importants, selon la professionnelle, concernant les personnes souffrant de troubles de santé mentale.
« On pense que c’est quelqu’un qui s’écoute trop ou qui n’est pas capable de se donner un coup de pied au derrière. Les gens ne comprennent pas parce que ça ne se voit pas. Quelqu’un qui a le bras coupé, ça se voit, mais pas quelqu’un qui souffre de dépression. On croit que la personne y est pour quelque chose dans sa maladie, alors qu’elle a besoin d’un coup de pouce comme la médication », mentionne Mme Nadeau.
C’est pourquoi il ne faut pas tarder à consulter. Le médecin est d’ailleurs souvent la première référence médicale. « Les gens consultent pour des symptômes physiques, comme des maux d’estomac ou de la difficulté à dormir. Au départ, les gens ne veulent pas entendre parler qu’ils sont déprimés, mais c’est un continuum de symptômes. C’est un milieu complexe dans lequel il est important de saisir les nuances », confie la psychologue.
Il n’existe aucune façon de se prémunir totalement contre la dépression, mais faire de l’activité physique et éviter l’alcool sont une façon de diminuer les risques. « Les saines habitudes de vie permettent de diminuer la tension. Physiquement, un corps en santé peut se protéger davantage contre la dépression et l’épuisement, mais il faut voir à ne pas en faire trop non plus », soutient Mme Nadeau.
De plus en plus d'antidépresseurs prescrits, l'épuisement professionnel au banc des accusés
Les
travailleurs d’aujourd’hui sont non seulement davantage sujets à
souffrir d’épuisement professionnel, mais ils pourraient se voir
prescrire des antidépresseurs, qu’ils le veuillent ou non, pour recevoir
leurs prestations d’assurance.
Contrairement
à la dépression, qui affecte les capacités du cerveau dans toutes les
sphères de la vie, l’épuisement professionnel (ou « burn-out ») a
directement un lien avec le travail, explique Lorraine Nadeau,
psychologue. Des études sont actuellement en cours au Centre d’études
sur le stress humain pour tenter de déceler des marqueurs biologiques
caractéristiques à l’épuisement professionnel.
« Comme
humain, nous avons certaines capacités à gérer le stress. Mais je crois
qu’il y a plus de gens épuisés qu’il y a 20 ans. Il y a une grande
compétitivité dans les entreprises et même au sein de différents
services. On parle constamment de performance et d’efficacité», ajoute
Mme Nadeau.
L’an dernier, au Québec, un nombre record de 14,2 millions d’ordonnances d’antidépresseurs ont été délivrées en pharmacie.
« Dans les
cas d’épuisement professionnel, il n’est pas rare que les assureurs
exigent la prise d’une médication », affirme Renée Ouimet, directrice
générale de l’Association canadienne pour la santé mentale, division du
Québec.
Milieux toxiques
Autant le
travail peut être stimulant et susciter un sentiment d’appartenance,
autant certains milieux de travail génèrent un stress permanent, signale
Mme Ouimet.
« Dans
certains milieux, on voit des taux d’absentéisme tellement importants
qu’il est évident que l’organisation est en cause », a-t-elle ajouté.
«
L’épuisement professionnel peut être lié au mode de gestion, aux
exigences de performance, au manque de reconnaissance », précise Mme
Ouimet.
Le manque de reconnaissance au travail multiplie par quatre le risque de vivre une détresse psychologique élevée.
La précarité
de certains emplois ou le faible soutien de la part de l’entourage,
notamment chez les jeunes travailleurs en début de carrière, peuvent
favoriser l’épuisement professionnel.
Tout va vite
« La perte
de sens et l’opposition des valeurs sont très difficiles à vivre. Par
ailleurs, on vit dans une société où tout va rapidement et où il faut
être productif tout le temps », fait valoir Mme Ouimet.
« Avec le
développement technologique, on est appelé à faire vite, parce que la
technologie permet d’aller vite », complète Mme Nadeau, qui ajoute que
les gens qui accordent une trop grande importance au travail et
négligent les autres aspects de leur vie pourraient être à risque.
C’est
l’addition de ces différents éléments, selon la psychologue, qui feront
en sorte que le travailleur souffrira d’épuisement professionnel.
« On entend
parfois que ce sont des faibles qui en souffrent. Mais quand tous ces
facteurs sont additionnés, on se rend compte que ce n’est pas parce
qu’ils sont faibles qu’ils souffrent d’épuisement professionnel »,
conclut Mme Nadeau.
Dans cette définition, la santé mentale passe dans la sphère de la relation entre l'individu, le groupe et l'environnement. La santé mentale n'est plus perçue comme un caractère individuel, de la même manière que la bonne condition physique ; elle est plutôt perçue comme une ressource consistant en énergie, forces et compétences de l'individu interagissant effectivement avec celles du groupe et avec les possibilités et les influences présentes dans l'environnement.
Cette conceptualisation amène à certaines conclusions concernant les facteurs qui peuvent soit renforcer soit affaiblir la santé mentale. Les éléments qui rendent difficile pour l'individu, le groupe et l'environnement d'interagir efficacement et à juste titre (par exemple, la pauvreté, les préjugés, la discrimination, le préjudice, la marginalité ou une gestion médiocre des ressources ou le manque d'accès aux ressources) sont une menace et un obstacle à la santé mentale.
Les chiffres de Statistique Canada permettent mieux de mesurer le
problème. Ils indiquent que quatre travailleurs sur dix ont connu un
épisode de détresse psychologique au travail entre 1994 et 2001. La même
proportion de Canadiens et de Québécois se disent d'ailleurs assez ou
extrêmement stressés dans la vie.
Autre méthode de calcul: 7,5 millions d'ordonnances d'antidépresseurs ont été délivrées au Québec en 2005, soit deux millions de plus qu'en 2001. Ce sont tous là des indicateurs qu'il y a des choses qui ne tournent pas rond dans nos milieux de travail, pensent MM. Lamontagne et Brun.
Enquête vous révèle cette semaine les nombreuses lacunes qui persistent dans les services offerts aux personnes malades, incarcérées dans le réseau correctionnel québécois.
Les tristes histoires de Juan, Richard et Christopher nous rappellent la nécessité de mieux outiller les centres de détention dans ce domaine, un constat maintes fois souligné par le bureau du Protecteur du citoyen du Québec.
Malgré les nombreux rappels à l'ordre, les changements tardent à venir.
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Crise en cellule
Les prisons ne sont pas des hôpitaux. Pourtant, de nombreuses personnes atteintes de maladies mentales se retrouvent derrière les barreaux avec des besoins criants en soins de santé.Enquête vous révèle cette semaine les nombreuses lacunes qui persistent dans les services offerts aux personnes malades, incarcérées dans le réseau correctionnel québécois.
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