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jeudi 2 mars 2023

Les Z n'embarque pas dans le Métavers: Le retour du bogue de l’an 2000

 

 

Les Z n'embarque pas dans le Métavers: Le retour du bogue de l’an 2000

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Les millénariaux ont dépoussiéré le 33 tours. La génération Z est en train de ressusciter le téléphone pliable. Pas le plus récent gadget à écran souple, non : le bon vieux « téléphone à poche » du début des années 2000. Prends ça, métavers !

L’année 2023 serait le nouveau Y2K (an 2000). C’est comme ça que l’industrie de la mode nomme la tendance. Peut-être en réaction à un surplus de nouvelles technologies culminant dans le métavers, la génération Z préfère ces jours-ci revenir 20 ans en arrière et adopter l’appareil photo 24 poses jetable et le téléphone flip du début du millénaire.

La tendance se remarque sur les réseaux sociaux : de jeunes adultes déballent en grande pompe leur plus récent achat. Leur tout nouveau téléphone. Un appareil payé 100 dollars tout au plus et déverrouillé, donc sans forfait mensuel hors de prix obligatoire. Une aubaine !

Leet speak

 

En contrepartie, ils héritent d’un téléphone aux caractéristiques datant d’un autre âge. L’affichage ne fait pas deux pouces de large. Littéralement : collez vos deux pouces ensemble et ils masqueront l’ensemble de l’écran. Celui-ci occupe la portion supérieure de l’appareil. Au bas se trouve un clavier numérique comme dans le temps : de 0 à 9, avec l’étoile et le carré.

Pas d’appels vidéo sur ces téléphones. Il n’y a pas d’objectif frontal. Oubliez la réalité augmentée. Le capteur de l’unique objectif logé à l’arrière du téléphone fait 2 mégapixels. Les photos sont floues. L’objectif conserve soigneusement les traces des doigts, qui le masquent souvent étant donné qu’il se trouve à un endroit où on pose tout naturellement la main quand on sort l’appareil de sa poche.

En revanche, on peut s’échanger des textos. Mais ça prend une éternité ! Sur un pavé numérique, « bonjour » s’écrit « 2-2-6-6-6-6-6-5-6-6-6-8-8-7-7-7 ». Aussi bien écrire « bjr » (« 2-2-5-7-7-7 »). Ça, c’est un voyage dans le temps : le retour de l’écriture « l33t » (ou « leet », ou « 1337 »).

Ressortez l’art ASCII, ça presse !

Métaversite aiguë

 

Ce retour à l’an 2000 a lieu de différentes façons. La mode vestimentaire, un cycle générationnel qui se mord sans cesse la queue, revisite elle aussi ces jours-ci la fin des années 1990. Une époque glorieuse où une humanité tout juste connectée par modem téléphonique ne craignait qu’une chose (ou presque) : que la fin du monde survienne le 31 décembre 1999 à 23:59:59.999.

À la fin du XXe siècle, quand un ordinateur personnel plantait et que son horloge était réinitialisée, elle revenait automatiquement au 1er janvier 1970. Les systèmes informatiques étaient conçus comme ça. Pour une raison ou pour une autre, parlez-en aux membres de la génération X, même au début des années 1990 l’an 2000 était encore loin dans le futur !

À un point tel qu’on n’a pensé qu’à la toute dernière minute à s’inquiéter de la réaction des systèmes informatiques qui étaient pourtant le dernier cri de l’évolution technologique du moment. Allaient-ils bel et bien passer à l’an 2000, ou allait-on retomber dans les années 1970 ?

Ça aura causé beaucoup de bruit pour rien. Surtout, vu d’ici en 2023, c’est une angoisse bien ridicule aux yeux de la plus jeune génération, la Z. Âgés tout au plus de 5 ans en l’an 2000, les Z n’ont jamais vécu sans Internet. Ils sont entrés dans l’adolescence avec les alertes poussées sans cesse sur leur téléphone entièrement tactile. Des alertes qui proviennent tous les deux ans d’un nouveau réseau social, auquel il faut absolument être abonné pour rester cool : Twitter, Facebook, Snapchat, Instagram, TikTok…

Et là, paf : une pandémie. Elle représente à ce jour la première grande crise sociale traversée par des Z devenus adultes. Ce qu’on leur propose pour s’évader ? Le métavers. « Hé, les jeunes ! Le numérique vous empêche de dormir ? Voici la solution : une immersion totale dans un monde virtuel et 100 % numérique ! »

Le Truman Show, une comédie toute douce quand elle est sortie en 1998, a l’air, 25 ans plus tard, d’un film d’horreur prémonitoire.

Pantalon cargo

 

On comprend le désir des Z de vouloir décrocher. On péterait une coche pour moins que ça.

La génération montante a bien besoin de décrocher. C’est pour sa santé mentale. Quand on compare le taux d’adoption des téléphones intelligents depuis 2004 en Amériquedu Nord au nombre de cas de dépression chez les adolescents, on observe à peu près la même courbe à la hausse. Cette année, au moins deux fois plus d’adolescents souffriront de problèmes dépressifs qu’il y a 20 ans.

Vivre dans un environnement connecté en permanence devient rapidement angoissant. Surtout si on ne sait pas trop comment décrocher de temps en temps. Des gadgets d’une autre époque sont pour certains un compromis acceptable : ils ne déconnectent pas totalement, ils ralentissent.

Pas bête.

 

Ce retour à la mode de l’an 2000 aura aussi au moins un autre bénéfice insoupçonné : elle crée des ponts intergénérationnels. Les spécialistes TI qui n’ont pas changé de garde-robe depuis leur sortie de l’école d’informatique en 1998 pourraient aujourd’hui être à la page.

Les experts en mode l’annoncent : le pantalon cargo est de retour. Il ne manque plus que le gilet à poches multiples et le chandail polo, et ce sera le parfait tiercé gagnant.

Évidemment, si ça, ça se produit, c’est bien la preuve qu’il y avait un bogue dans la machine…

 

 

REF.:   https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/783278/chronique-le-retour-du-bogue-de-l-an-2000