Pas de bras, pas de chocolat. Pas d'iPhone X, pas de Face ID. Pour
l'heure, cette nouvelle méthode d'authentification
ne sera disponible
que sur le smartphone le plus haut de gamme d'Apple — et ce, que votre
iTerminal actuel bascule sous iOS 11 ou non, ou que vous optiez pour
l'iPhone 8/8 Plus
ou non. La limitation ici n'est pas logicielle, pas plus qu'elle ne
résulte d'une histoire de puissance de calcul, étant donné que les trois
prochains iPhone partageront tous le même processeur A11. La
limitation, pour une fois, est justifiée de manière matérielle. C'est
que, pour faire de la reconnaissance faciale, il faut un peu plus qu'un
"simple" module photographique en façade. La recette complète nous est
donnée à travers la vidéo de démonstration ci-dessus, commentée par la
douce voix de Jon "Johnny" Ive, et ce sont tout particulièrement les
détails donnés à 1 minute 14 secondes qui nous intéressent :
Beaucoup de monde dans si peu d'espace : les composants qui ne sont pas soulignés en vert ne participent pas à Face ID.
Pour faire fonctionner Face ID, le module photographique frontal ne
fonctionne pas seul : il collabore avec le module infrarouge et un
projecteur de point. Chacun a son rôle. Le module principal joue au chef
d'orchestre, le module infrarouge prend le relais lorsque la lumière
est insuffisante et le projecteur de point assure la détection
volumétrique. Mais reprenons en détail.
L'intérêt d'un module infrarouge est qu'il permet de s'affranchir de la
quantité et de la qualité de lumière qui éclaire votre visage.
Même dans
l'obscurité, il continue à vous voir. S'il avait fallu passer par le
module photographique principal, en mauvaises conditions de luminosité,
il aurait fallu augmenter la sensibilité, ce qui aurait faussé la
détection. Néanmoins, Apple ne fournit pas plus de détails sur le
fonctionnement de l'infrarouge : a-t-il recours à un projecteur
infrarouge ou passe-t-il par une détection thermique du visage, selon un
processus utilisé depuis quelques années ? Pour l'heure, mystère.
L'autre élément clé du dispositif est le projecteur de points. Et
qu'est-ce qu'un projecteur de points ? D'après la vidéo promotionnelle
d'Apple, cela ressemble à ceci :
Avec Face ID, vous pourrez enfin décrocher votre téléphone sans le mouiller. Fini le syndrome Claude François.
Les petits points façon
Minority Report sont juste là pour l'illustration. Rassurez-vous, dans la vie, tout cela sera invisible.
Votre
visage est cartographié selon 30 000 points de contrôle, cette
carte étant ensuite envoyée vers le processeur pour analyse, lequel se
chargera de reconstruire un modèle virtuel de votre visage. Si Apple met
autant en avant l'aspect
machine learning de sa puce
A11 Bionic, c'est parce que le procédé trouve ainsi tout son intérêt. En
effet, le modèle virtuel de votre visage n'est pas statique, mais
dynamique. D'après Apple, il est capable de s'adapter à vos changements
morphologiques, que vous grossissiez après avoir abusé de la raclette
dominicale (la saison risque de commencer plus tôt cette année), que
vous transpiriez ou ayez le visage tout fatigué d'avoir trop fait de
sport (il faut bien l'éliminer, cette raclette), que vous changiez de
coupe de cheveux, éventuellement de pilosité faciale, etc. Bon,
forcément, si vous portez une cagoule ou remontez votre col jusqu'au
yeux, ça risque de compliquer un peu l'affaire : Face ID ne voit pas
encore derrière la matière. Cela dit, il sera intéressant, notamment
pour les motards, de voir comment l'iPhone X se comporte lorsque son
utilisateur porte un casque. Et tant que nous y sommes, que se
passe-t-il lorsque vous avez une forte fièvre (certes, vous n'êtes alors
pas censé consulter votre téléphone) ? Ou lorsque vous êtes frigorifié,
disons, vous êtes un marcheur blanc, vous venez de faire le mur, et
désirez faire un Snap pour partager la nouvelle avec vos amis ?
En passant par une triple confirmation en lumière visible, en lumière
infrarouge et volumétrique, la vigilance du
Face ID d'Apple risque
d'être un peu plus compliquée à berner que celle purement visuelle des
Samsung Galaxy (S8, S8+) et Note (7 et 8).
Une simple photo ne suffira pas. Et une impression 3D de votre visage ?
Là non plus, ça ne devrait pas fonctionner, car il manquera la
confirmation thermique. Après, quelqu'un peut réellement avoir très,
très envie de pirater votre téléphone et s'embêter à falsifier à la
perfection votre tête, en trois dimensions et en température, mais les
probabilités pour que cela arrive demeurent assez faible. Ce qui ne
signifie pas que Face ID est inviolable. Mais là, dans l'immédiat, nous
ne voyons pas comment — et même si nous le savions, nous ne
l'expliquerions pas. Toutefois, une autre question se pose :
Apple
savait déjà tout de vous, stockait déjà jusqu'à cinq de vos empreintes
digitales : Cupertino disposera désormais d'une cartographie dynamique
de votre tête. En voilà une information dont la monétisation pourrait
rapporter gros... Rassurons-nous toutefois, toutes ces informations sont
pour le moment stockées en local sur les terminaux, sans qu'Apple
puisse y accéder.
Face ID, donc, devrait permettre à Apple de se distinguer, au moins
quelque temps, de ses concurrents sous Android. La marque à la pomme
justifie ainsi ses nombreuses acquisitions récentes de start-ups
ultra-spécialisées en imagerie : l'Israëlien
LinX en avril 2015 (spécialiste des caméras multiples), l'Allemand
Metaio
en mai 2015 (spécialiste de la réalité augmentée et des interfaces
thermiques), les Américains Perceptio et Emotiont (spécialistes de la
reconnaissance faciale) ou encore le Suisse Facsehift, l'Américain Turi
ainsi que l'Indien Tuplejump (spécialistes du
machine learning), pour ne citer qu'eux.
Le germano-américain pmd tech
saura-t-il résister à la voracité de la pomme ? L'avenir nous le dira.
En tous cas, cette start-up n'a pas hésité à présenter, un jour avant
Apple, sa propre solution de reconnaissance faciale tridimensionnelle
pour laquelle elle
propose une plateforme de développement destinée aux
développeurs pour smartphones Android. Tiens tiens...
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