Sécurité - Après le rapport de Jean-Marie Bockel cet été en France, c'est une enquête de la Commission du renseignement au Congrès américain qui vient jeter le doute sur l'indépendance de Huawei et ZTE. Et propose tout simplement de les bannir des réseaux américains.
Pas de répit pour Huawei et ZTE. Les deux géants chinois, notamment fabricants d'équipements réseau utilisés dans le monde entier, sont à nouveau attaqués dans un rapport aux Etats-Unis. La Commission du renseignement du Congrès américain y affirme que les deux équipementiers devraient être bannis des marchés publics.
La raison est assez simple, selon l'agence Reuters, qui a rapporté la nouvelle : l'indépendance de ZTE et Huawei vis-à-vis de l'Etat chinois ne peut être garantie. Dès lors, l'utilisation de leurs technologies sur le sol américain relève au mieux du risque, au pire de la menace d'espionnage.
La Chine dans le viseur
Pour les deux fabricants, il s'agit d'accusations mensongères. Les attaques seraient une volonté de les discréditer dans une guerre économique contre la Chine, par peur de sa domination.
Le nombre de problèmes soulevés n'a pourtant cessé d'augmenter : liens avec l'armée chinoise, subvention par le gouvernement chinois pour s'implanter dans les pays occidentaux grâce au dumping, condamnation pour corruption en Algérie... Les deux fabricants démentent, mais n'ont jamais apporté la preuve du contraire.
Et c'est bien là le problème pointé par le rapport du Congrès américain : les deux fabricants ont beau lancer campagne sur campagne pour montrer patte blanche, accuser ses détracteurs "d'allégations", cela ne suffit pas à écarter les doutes. Le rapport sera d'autant plus difficile à contrer pour ZTE et Huawei qu'avec un an d'enquête, elle s'appuie sur des éléments tangibles.
Pour la Commission du renseignement, "la Chine a les moyens, l'occasion et les motivations pour utiliser les sociétés de télécoms à des fins malveillantes." Conclusion implacable, et erronée, selon Huawei. Celui-ci estime que la commission "ignore les réalités techniques et commerciales" et qu'il n'est en rien contrôlé par le gouvernement chinois.
Trop tard ? Selon notre confrère ZDNet aux Etats-Unis, la décision d'exclure les deux géants des appels d'offre publics, privés, et les opportunités de fusion-acquisition sur le sol américain est contenue dans le rapport. Si une loi en découlait, ce serait un coup dur pour les deux géants.
Les conséquences seraient encore plus difficiles si la décision s'étendait aux terminaux, domaines où les deux groupes multiplient les efforts. Sur ce point, le rapport américain reste flou.
Rapport Bockel
Rappelons qu'en Europe, et notamment en France, la question fait rage depuis la publication du rapport d'information du sénateur Jean-Marie Bockel sur la cyberdéfense, cet été. Il préconisait déjà l'exclusion des équipements chinois dans la mise en place des réseaux vitaux.
A l'époque, les critiques l'avaient accusé d'être ouvertement anti-chinois.Notre blogueur Pierre Caron rappelait au passage tout le jeu de propagande qui se cache généralement dans la confusion entre cyber-attaques et Chine.
Le rapport du Congrès américain renforce néanmoins la proposition du sénateur Jean-Marie Bockel. En marge des Assises de la sécurité de Monaco, celui-ci s'est d'ailleurs prononcé à nouveau pour le bannissement des équipements chinois dans les réseaux critiques. Il dit avoir "rencontré Huawei et ZTE" depuis son rapport, ce qu'il n'avait pas fait avant, mais n'a visiblement pas été convaincu.
Il insiste sur la création d'une "doctrine" en matière de cyberdéfense. Quel impact aura le rapport américain sur l'Europe ? Faut-il légiférer ? Propagande économique de l'occident ou réelle menace ? Nous avons contacté le sénateur Jean-Marie Bockel pour une interview. Il devrait apporter son point de vue sur ces questions d'ici peu...
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