Photo Le Journal de Montréal, Chantal Poirier
L’hôpital général Juif de Montréal a obtenu le taux
d’incidence de C. difficile le plus élevé à Montréal avec 16,9 cas par
10 000 jours-présence, en 2010-2011. À Montréal, la moyenne a été de
9,4. Pas moins de 619 personnes sont décédées après avoir contracté la bactérie C. difficile dans les hôpitaux du Québec, en 2010-2011. Il s’agit du pire résultat enregistré depuis six ans.
« C’est catastrophique, mais ce n’est pas étonnant, réagit Jacques Besson, président de l’Association des victimes d’infections nosocomiales du Québec. On ne contrôle pas la situation, alors on est à la merci d’éclosions dans les hôpitaux. »
Les dernières statistiques de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) font effectivement état de 619 décès liés au clostridium difficile, entre août 2010 et août 2011.
Hausse de 30%
Il s’agit d’une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente, alors que 478 personnes étaient mortes après avoir contracté la bactérie.
« La recrudescence a alerté beaucoup de monde, avoue Christophe Garenc, conseiller en épidémiologie et surveillance à l’INSPQ. La situation a été prise très au sérieux. »
Plus inquiétant encore, 2010-2011 a été la pire des six dernières années au Québec (voir tableau). Le sommet de 2004-2005, alors qu’il y avait eu plus de 1000 morts, est toutefois loin d’être atteint.
Selon M.Garenc, la recrudescence des cas a débuté en septembre 2010.
« Il y a eu un changement au niveau de la souche, et ça a commencé à augmenter, dit-il. Nous sommes encore en train d’essayer de comprendre ce qui s’est passé. Ça demande énormément d’analyses. »
Par ailleurs, 63 patients ont dû subir une colectomie (ablation du côlon), en raison de complications liées à la bactérie. Il s’agit d’un sommet depuis la compilation des résultats, en 2004-2005. Cette année-là, 56 colectomies avaient été pratiquées.
Plus de cas
Au total, 3934 personnes ont contracté la bactérie en 2010-2011, soit une hausse par rapport à l’année précédente (3167 cas). Malgré tout, le rapport de l’INSPQ indique que les cas enregistrés en 2010-2011 ne sont pas plus graves que lors des années antécédentes.
Quant aux raisons qui expliquent ces hausses, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, notamment, la virulence du virus de l’influenza à l’hiver 2011 et les problèmes de gestion dans les hôpitaux.
Selon M. Garenc, les éclosions de C. difficile surviennent souvent après la saison de la grippe.
« C’est une période difficile parce que le personnel est très sollicité et devient fatigué, souligne-t-il. De toute façon, on ne pourra jamais éradiquer les infections nosocomiales, il y en aura toujours. Ce n’est pas une mince affaire. »
Par ailleurs, les hôpitaux universitaires dont plus de 35% de la clientèle est constituée de personnes âgées ont obtenu les pires taux d’incidence en 2010-2011.
Grosse saison à venir?
Si les données de l’année 2011-2012 ne sont pas encore publiques, M. Garenc indique que la situation s’est rétablie. Quand à l’année en cours, la virulence de la grippe depuis quelques semaines fait craindre une hausse du nombre de cas.
« Les taux ont commencé à monter avant Noël, et on s’attend à quelque chose d’important, dit M. Garenc. Mais, c’est très difficile à prédire pour l’instant puisqu’il y a plusieurs facteurs. »
• L’Outaouais est la seule région du Québec à avoir enregistré une baisse du taux de prévalence de la bactérie en 2010-2011.
la c. difficile
en bref
Définition
Il s’agit d’une bactérie qui, lorsqu’elle perturbe l’équilibre des bonnes bactéries dans l’appareil digestif,
cause la diarrhée. Elle s’attaque souvent aux personnes qui ont
pris des antibiotiques.
Symptômes
Diarrhée
Crampes abdominales
|
Fièvre
Sang dans les selles
|
Transmission
À partir des mains contaminées de la personne souffrant de diarrhée.
Source : ministère de la santé
Nombre de décès liés au c. difficile
2004-2005
|
1034
|
2005-2006
|
522
|
2006-2007
|
561
|
2007-2008
|
335
|
2008-2009
|
457
|
2008-2009
|
457
|
2009-2010
|
478
|
2010-2011
|
619
|
Source : inspq
pires taux d’incidence en
2010-2011*
Hôpital d’Amqui
|
22
|
Hôpital général Juif
|
16,9
|
Hôpital de Joliette
|
15,6
|
Hôpital général de Montréal
|
15,4
|
Hôpital de Maniwaki
|
14,6
|
Hôpital d’Alma
|
14,1
|
Maisonneuve-Rosemont
|
13,8
|
Notre-Dame-de-Fatima
|
13,7
|
Saint-François-D’Assise
|
13,6
|
Hôpital de Rimouski
|
13,4
|
Hôtel-Dieu de Québec
|
13,4
|
*Nombre de cas par 10 000 jours-présence
Source : INSPQ
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