Hubert Reeves revient sur la découverte d'une nouvelle sorte d'ondes et nous explique ce que cela signifie pour la connaissance scientifique.
Il y a quelques jours, les médias nous annonçaient la découverte d'une nouvelle sorte d'ondes dites "ondes gravitationnelles". J'ai été rapidement inondé de demandes : "C'est quoi ?" et "Qu'est-ce que ça signifie pour la connaissance scientifique ?"... Il me faut d'abord parler de la théorie du big bang, le scénario favori des astrophysiciens pour raconter l'histoire de notre univers. Selon ce scénario, notre univers débute il y a 13,8 milliards d'années, dans une sorte de grande explosion (personne ne sait ce qu'il y avait avant, ni même s'il y a eu un avant !). Il émet alors une gigantesque quantité d'ondes lumineuses qui se propagent aujourd'hui sous la forme d'un "rayonnement fossile". Celui-ci a été détecté pour la première fois en 1965, apportant ainsi une confirmation majeure à la théorie du big bang. Cette théorie s'appuie sur celle de la relativité générale d'Albert Einstein.
Or cette théorie prévoit l'existence, au-delà de celle de la lumière, d'un autre type d'ondes appelées "ondes gravitationnelles". Elles sont associées aux mouvements de matière. Elles auraient pu être émises en grande quantité à la naissance de l'univers. Mais aucun instrument de mesure n'avait pu, jusqu'ici, les détecter. Maintenant, grâce aux travaux de chercheurs de l'université Harvard à Boston, ces ondes auraient été découvertes dans un observatoire situé dans l'Antarctique. Quel est l'intérêt de cette découverte ? Cela serait d'abord une confirmation supplémentaire de la valeur de la théorie d'Einstein. En sciences, on est toujours à l'affût de la confirmation (ou de l'infirmation, si cela se trouve) de nos théories. La science n'est pas un domaine de certitudes, mais de doute et de questionnements. Rien n'est jamais sûr à cent pour cent.
En sciences, on n'est jamais trop prudent...
L'histoire des premiers instants du cosmos est loin d'être bien connue. Une théorie encore controversée, appelée "inflation cosmique", prétend qu'ils ont été marqués par une expansion extrêmement rapide du cosmos, bien plus rapide que la lente expansion contemporaine découverte par Hubble vers 1925. Selon certains chercheurs, cette détection en serait une confirmation. Affaire à suivre. Mais cette détection serait surtout une précieuse source possible d'informations sur les événements qui ont accompagné les premiers instants du cosmos. Un sujet qui nous tient à tous à coeur !
Au sujet de cette nouvelle, j'ai employé le conditionnel. En sciences, on n'est jamais trop prudent. Il existe une tradition selon laquelle on accrédite vraiment une observation que si elle est confirmée par une autre équipe scientifique avec un matériel différent. Les résultats encore à venir du projet Planck auront sans doute quelque chose à dire à ce sujet.
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