Le Dolby Atmos va-t-il révolutionner la musique ?
Le Dolby Atmos - ou son spatial chez Apple - entend bien remplacer la stéréo et devenir un nouveau standard. Concrètement, qu'est ce que ça apporte ?
Depuis le lancement de la nouvelle offre HiFi d’Apple Music, le Dolby Atmos est sur toutes les lèvres. C’est la technologie à l’oeuvre derrière le fameux « son spatial » d’Apple, et elle promet de nous offrir une expérience musicale immersive d’un nouveau genre, avec une effervescence similaire à celle de l’arrivée de la stéréo en son temps. Le poids sur ses épaules est donc immense : celui de révolutionner la musique telle qu’on la connaît !
Alors, véritable innovation de rupture pour nos oreilles ou poudre aux yeux marketing ? On a eu l’occasion de tester le son Dolby Atmos et eu la chance de visiter le célèbre studio francilien Guillaume Tell, fraîchement converti à cette technologie. On vous emmène découvrir les bienfaits du Dolby Atmos, ce qu’il va vous apporter, et surtout, comment il est fabriqué.
Vous l’avez déjà entendu au cinéma
Si cette technologie fait beaucoup parler d’elle en ce moment, propulsée par la machine de guerre marketing d’Apple, elle existe en réalité depuis quelques années déjà. Dans l’Hexagone, le Dolby Atmos a été introduit en 2013 dans les premières salles de cinéma, et il est désormais largement répandu dans les salles obscures françaises.
Mais s’il était initialement réservé aux systèmes sonores premium des cinémas, l’audio 3D tend largement à se démocratiser aujourd’hui. Peu à peu, la plupart de nos appareils ont commencé à l’adopter, des enceintes aux téléviseurs en passant par nos smartphones. Aujourd’hui, le Dolby Atmos entend bien s’imposer dans le paysage de la musique en streaming, et venir ébranler l’hégémonie de la stéréo.
Et si l’Atmos est dans la lumière grâce à Apple Music, n’oublions pas que la technologie est également supportée par d’autres services, parmi lesquels on retrouve Tidal, ou encore Amazon Music. En comptant tous les abonnés à ces différents services, cela représente plusieurs millions de personnes en France, et autant de paires d’oreilles capables d’en profiter.
De plus, l’équipement pour en profiter est accessible à tous : un service compatible, comme Apple Music, une chanson affublée du label Dolby Atmos, et des haut-parleurs compatibles ou… un simple casque ou des écouteurs stéréo. Oui, n’importe quels écouteurs/casques, du moment qu’ils proposent la stéréo, peuvent diffuser du Dolby Atmos. L’avantage, c’est que même sur un système d’entrée de gamme, à partir du moment où il est stéréo, le Dolby Atmos permettra d’offrir une expérience immersive haut de gamme. Pas d’excuses !
En quoi consiste ce “son spatial” ?
Vous connaissiez la mono et la stéréo. Le Dolby Atmos, c’est l’étape suivante. En bref, cette technologie permet de « spatialiser » l’audio, donnant l’impression à l’auditeur que le son provient de partout autour de lui. La particularité du Dolby Atmos par rapport au stéréo, c’est que le son n’est plus seulement situé sur une bande horizontale, mais également à la verticale. Alors que le son ne pouvait se balader que de droite à gauche et inversement, on pourra désormais entendre des sons provenant d’en haut ou d’en bas avec le Dolby Atmos.
L’intérêt est donc énorme au cinéma, pour renforcer l’immersion des spectateurs. Mais c’est aussi un nouvel enjeu pour la musique : en spatialisant le son, les ingénieurs du son disposent d’un tout nouvel espace sonore à combler, permettant de créer des mix d’un nouveau genre et même de faire ressortir des instruments qui étaient auparavant noyés dans la masse. Le champ des possibles est immense.
Dans la fabrique du son Dolby Atmos
Grâce à Dolby, nous avons eu l’occasion de visiter le prestigieux studio Guillaume Tell, situé au coeur de Suresnes en banlieue parisienne, pour découvrir comment on crée ce fameux « son 3D ». Ce lieu a notamment été foulé par de grands noms de la musique, tels que Johnny Hallyday, Alicia Keys, Elton John, Julien Clerc, Prince, les Rolling Stones ou encore Depeche Mode. Rien que ça !
À l’intérieur, nous avons pu découvrir une cabine de mixage pensée pour créer le son Dolby Atmos. Dans celle-ci, on retrouve une installation 9.1.4 — contre 5.1 auparavant. Des enceintes placées à la fois à l’avant, à l’arrière, et sur les côtés sont enrichies d’enceintes au plafond pour permettre aux ingénieurs de créer cet effet de verticalité dans le son.
Au moment du mixage, ils peuvent ensuite compter sur un logiciel, le Dolby Atmos Renderer, qui communique avec les différentes pistes d’un morceau. Ce logiciel permet d’associer chaque instrument ou voix avec un objet placé dans un environnement en 3D représentant l’espace autour de l’auditeur. Il est ensuite possible de déplacer cet objet au sein de la pièce, et ainsi de faire passer des sons au-dessus, en dessous, ou les faire tourner autour de vous. Il y a également une dimension de taille pour faire grossir ou non un objet, ce qui permet de donner une dimension supplémentaire au mix final.
Comment ça sonne ?
Dans cette cabine, nous avons eu l’occasion d’écouter plusieurs titres mixés en Dolby Atmos, dont Elton John, Kanye West ou encore Imagine Dragons. Globalement, cette séance d’écoute nous a laissé l’impression d’un son beaucoup plus aéré que sur un mix stéréo classique, le Dolby Atmos permettant de détacher plus distinctement les instruments les uns des autres.
Sur le titre Believer d’Imagine Dragons, les percussions omniprésentes prennent immédiatement une toute autre dimension, nous donnant l’impression de nous retrouver au beau milieu d’un cerceau de batteurs. Sur un ancien titre comme Rocket Man d’Elton John, un son qui passait autrefois inaperçu a été placé en hauteur et semble nous survoler au moment de la montée vers le refrain. On va ainsi pouvoir entendre un synthé ou des choeurs qu’on avait jamais remarqué auparavant. L’occasion de découvrir le titre avec de la hauteur, littéralement.
Évidemment, dans le cas d’une restauration d’anciens titres en Dolby Atmos, cette technologie ne trouvera pas toujours grâce à nos oreilles si cela n’est pas en adéquation avec les valeurs portées par un titre à l’origine. Par exemple, restaurer les chansons d’un groupe comme les Sex Pistols n’auraient aucun intérêt, puisqu’elles ont été pensées spécifiquement pour troubler l’auditeur, avec un son rendu volontairement « sale ».
Vraiment l’avenir de la musique ?
Pour l’heure, le Dolby Atmos pour la musique n’en est encore qu’à ses balbutiements, et il faudra encore du temps avant que la plupart des studios se mettent à la page et parviennent à en tirer le plein potentiel.
Néanmoins, le champ des possibles est immense. Sur d’anciens titres, le Dolby Atmos permet de « déterrer » certains sons d’un mix, et nous le faire découvrir sous un nouvel angle. Sur de nouvelles chansons, cela donne de nouvelles possibilités créatives aux artistes. Dans l’Hexagone, le groupe L’Impératrice a par exemple tiré parti du Dolby Atmos pour créer de nouvelles sonorités dans son dernier album, Tako Tsubo.
Théoriquement, il serait également possible de « scanner » des pièces célèbres pour recréer la sonorité caractéristique, par exemple, de la Philharmonie de Paris ou de la Scala de Milan au moment du mixage. Imaginez une seconde si ce type de procédé était cumulé avec d’autres technologies immersives, comme la réalité virtuelle ?
Tout à coup, vous voilà face à la meilleure performance scénique de votre artiste préféré, tandis que le son que vous entendez provient de partout autour de vous, comme si vous y étiez. Imaginez un instant pouvoir revivre des concerts cultes d’artistes décédés comme Michael Jackson, Prince, Bob Dylan, ou être transporté au beau milieu du Festival de Woodstock de 1969, simplement grâce au son ? Avec le Dolby Atmos, cet avenir est possible. Mieux : il devient accessible.