Le docteur Jean-Jacques Bourque lance un pavé dans la mare avec un livre-choc dans lequel il se porte à la défense des fumeurs. Selon lui, on exagère certains risques liés au tabac tout en occultant ses effets... bénéfiques.
Le psychiatre sait qu'il risque de se faire des ennemis au sein même de sa profession, mais estime que l'on méprise trop les quelque 20 % de fumeurs dans la société. «J'en ai ras-le-bol. J'ai vu ces gens-là souffrir. Je veux leur dire que quelqu'un les comprend et aider à ce que les gens les regardent de façon différente», dit celui qui fume lui-même la pipe trois fois par jour.
Ancien gros fumeur, il a réduit sa consommation avec des timbres de nicotine et des médicaments sans toutefois parvenir à arrêter complètement.
Campagne de peur
S'il reconnaît que les campagnes anti-tabac ont permis de réduire d'environ la moitié le nombre de fumeurs, il estime que ça va trop loin notamment avec les avertissements sur les paquets. «C'est la peur du Bonhomme Sept-Heures et Santé Canada est complice», soutient l'ancien président de l'Association des psychiatres du Québec.
Dans son livre, il se sert d'exemples de gens qu'il a connus pour montrer que la cigarette est souvent un exutoire pour les gens anxieux et dépressifs. Il croit que plutôt que de les traiter en paria, on devrait les traiter comme des malades qu'on doit accompagner.
«Les gens sont dépendants. Il y a un petit peu de la maladie mentale là-dedans. En disant ça, les pro-tabac ne m'aimeront pas, mais les anti-tabac non plus ne m'aimeront pas», dit celui qui jure ne pas avoir eu de contacts avec des représentants de l'industrie.
Fumer, bon pour la santé ?
Il va même encore plus loin en disant que dans certains cas, le tabac a des effets bénéfiques. Il indique notamment que les gens qui fument souffrent moins d'Alzheimer et de la maladie de Parkinson.
De même, les fumeurs qui ont un infarctus ont plus de risque de mourir dans les mois suivants s'ils cessent de fumer plutôt que de continuer.
Là où il estime que les bénéfices sont les plus grands, c'est chez les gens souffrant de dépression majeure et de schizophrénie. Il dit avoir lui-même recommandé à un patient suicidaire de recommencer à fumer. Dans le cas de la schizophrénie, il soutient que le tabac peut aussi avoir des effets thérapeutiques. «En fumant, les personnes qui souffrent de schizophrénie s'automédicamentent inconsciemment.»
EXTRAITS D'UN LIVRE CONTROVERSÉ
Le livre Écrasons la cigarette, pas le fumeur sortira en librairie demain.
À propos de la lutte contre le tabac :
«Cette croisade a été fort utile pour certains, mais désastreuse pour d'autres. J'ai donc espoir que vous allez tenir compte des souffrances de ces personnes victimes d'une information incomplète sur les dangers du tabac.»
Le tabac et la dépression :
«À mon avis, il est probable qu'une majorité de fumeurs qui continuent à fumer malgré toutes les embûches qu'ils doivent aujourd'hui surmonter, y compris les rejets auxquels ils s'exposent quotidiennement, ont d'énormes besoins de nicotine pour contrer leur humeur dépressive. Ces fumeurs sont pour moi des déprimés qui s'ignorent.»
Les fumeurs dehors :
«Laisseriez-vous votre chien à l'extérieur durant les tempêtes et les journées froides de l'hiver ?
Empêcheriez-vous votre chat ou votre chien de monter dans votre voiture à cause de son odeur ou de ses poils ? En sommes-nous rendus à manifester plus de compassion envers les animaux qu'envers les humains ?»
Les études sur le tabac et le cancer :
«Il existe dans la panoplie des recherches sur le cancer, même celles effectuées au cours des dernières années, de nombreuses études sérieuses qui demeurent ignorées par le public en général et dont on ne parle pas, même dans le milieu médical. Je soupçonne que ces études sont mises de côté parce qu'elles ne correspondent pas à la croyance bien ancrée que le tabac est tellement néfaste qu'il est pratiquement impossible qu'il puisse également avoir une valeur positive, même si elle est relative»
Le tabac et la mémoire :
«Plusieurs études ont d'ailleurs démontré que la nicotine améliore les facultés cognitives. À titre d'exemple, des chercheurs du National Institute of environnemental health science ont découvert en 1997 que la nicotine avait un effet stimulant sur l'hippocampe, un centre important du cerveau pour le contrôle de la mémoire et de l'apprentissage.»
Les fumeurs invétérés :
«Ils sont très souvent considérés comme des incapables, des gens sans volonté, des moins que rien.»
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