WASHINGTON - Les États-Unis commencent à tester une nouvelle technologie sans fil, un «super Wi-Fi» plus puissant et de plus longue portée, qui pourrait notamment apporter l'internet à haut débit dans les zones rurales.
La Commission fédérale des communications (FCC) a ouvert la voie en 2010, en autorisant des services à haut débit sans fil sur des fréquences de télévision non utilisées (dites «espaces blancs»).
Le super Wi-Fi a été déployé pour la première fois l'an dernier à Houston au Texas (sud), par l'université Rice, puis cette année à Wilmington en Caroline du Nord (sud-est). Et un projet baptisé AIR.U, soutenu par Google et Microsoft, prévoit de l'installer à partir de début 2013 sur des campus situés en zone rurale.
«Le Wi-Fi est en essor, mais il est limité par les fréquences sur lesquelles il opère, qui ne portent qu'à une centaine de mètres», souligne Michael Calabrese, directeur du projet «sans fil de l'avenir» à la New America Foundation.
«Les fréquences de télévision portent sur de longues distances et passent à travers les immeubles, les arbres, et le mauvais temps», a-t-il souligné.
Cela permet au signal de voyager bien plus loin qu'avec le Wi-Fi actuel: en théorie jusqu'à 160 kilomètres, même si pour des raisons pratiques la portée sera probablement limitée à quelques kilomètres.
Le super Wi-Fi pourrait apporter l'internet rapide jusqu'aux régions rurales faiblement peuplées, qui ne bénéficient pas jusqu'ici du haut débit. D'autant que ces zones, où opèrent généralement moins de stations de télévision, disposent par conséquence de beaucoup de fréquences libres.
Embouteillage de fréquences de téléphonie mobile
Il pourrait aussi permettre aux utilisateurs de créer un réseau domestique et de continuer à l'utiliser en dehors de chez eux.
Et il contribuerait à soulager l'embouteillage provoqué sur les fréquences de téléphonie mobile par la multiplication des appareils allant sur l'internet, tels les téléphones multimédias ou les tablettes informatiques.
Mais le super Wi-Fi n'utilise pas seulement des fréquences différentes de celles du wifi. Il nécessite aussi pour l'instant des équipements différents.
C'est d'ailleurs l'une des critiques formulées par la Wi-Fi Alliance, qui détient la marque «Wi-Fi» et estime que l'appellation «super Wi-Fi» pourrait créer de la confusion chez les consommateurs en assimilant deux normes techniques qui ne sont pas compatibles.
Pour que le super Wi-Fi prenne réellement de l'ampleur, il faudra que les fabricants d'ordinateurs et d'autres appareils électroniques conçoivent des puces capables de fonctionner à la fois avec le Wi-Fi et le super Wi-Fi.
En rejoignant la WhiteSpace Alliance («alliance pour les espaces blancs»), une association dédiée à cette nouvelle technologie sans fil, le fabricant de composants électroniques Texas Instrument a suggéré que les fabricants étaient prêts à s'y mettre.
«Tout le monde comprend la valeur de ce spectre» de fréquences de télévision non utilisées, qui a «les caractéristiques les plus favorables», commente Dan Lubar de la WhiteSpace Alliance. Pour lui, le super wifi sera déployé «de manière visible à partir du milieu de l'an prochain».
Plus prudent, Gerry Purdy, un analyste de Mobile Trax LLC, estime qu'il faudra probablement encore plusieurs années pour qu'il se développe vraiment.
«C'est une bonne utilisation du spectre», reconnaît-il. Mais il met en garde contre «de fausses espérances», en prévenant que "concevoir des puces prend du temps, (déterminer) les normes pour les logiciels prend du temps».
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