Après 20 ans à travailler sur la suite Office, Leblond a passé les trois dernières années à superviser l'intégration des services web de la huitième génération de Windows.
Ça inclut les applications en nuage SkyDrive et Office 365 de Microsoft. La boutique d'applications Windows Store, de même que l'option de partage omniprésente partout dans le logiciel relèvent également de lui.
Le Windows Store est probablement la plus grosse nouveauté du lot. Il s'inspire directement de l'App Store d'Apple.
Celui-ci devrait permettre à la société de Cupertino d'empocher 4,9 milliards US cette année, 70% de plus qu'en 2011 (2,9 milliards US), ce qui représente 65% du marché total des applications payantes, selon un rapport d'IHS iSuppli paru en septembre.
La stratégie de Microsoft
Avec un peu de chance, Antoine Leblond espère générer des revenus de cet ordre, perçus à même le prix de vente d'applications par d'autres entreprises.
Microsoft a une stratégie en deux temps pour y arriver. D'abord, attirer les concepteurs en leur offrant des conditions avantageuses: Apple perçoit 30% du prix de vente des applications. Chez Microsoft, après des ventes de 25 000$, cette part descend à 20%.
Ensuite, faire valoir la taille de marché potentielle. Il suffit qu'une fraction des 630 millions de propriétaires d'un PC avec Windows 7 allongent les 40$ d'une mise à niveau pour faire de Windows 8 une plateforme d'applications plus imposante que celles d'Apple et Google.
L'intérêt des développeurs demeure toutefois mitigé. L'offre est plutôt mince sur le Windows Store (Facebook, pour un, en est absent).
Ça semble embêter Antoine Leblond, même s'il reste calme. «Nous ne faisons pas une obsession du nombre total d'applications présentes. Nous voulons évidemment que les meilleures y soient. Cela dit, nous en comptons davantage que toute autre plateforme au moment d'être mise en marché...»
Renouer avec la croissance
Microsoft doit satisfaire des fabricants de PC désireux de concevoir des PC nouveau genre, rivalisant avec l'iMac et les MacBook, d'Apple.
«Les jours où le PC avait la forme d'une grosse tour beige sont derrière nous. Nous n'avons jamais autant travaillé. Windows s'adapte à l'évolution du matériel informatique: tablettes, portables à écran tactile ou PC tout-en-un», assure le bachelier de McGill.
Encore là, la réception des consommateurs demeure incertaine. Malgré les quatre millions de ventes du logiciel lors du premier week-end, les analystes ne sont pas rassurés.
«L'enthousiasme autour des portables Ultrabooks s'est rapidement refroidi quand on a vu leur prix trop élevé. Globalement, les fabricants ne voient pas d'engouement avant l'automne prochain, ce qui annonce une année 2013 encore à la baisse», notait la firme Topeka Capital, il y a deux semaines.
Il reste les tablettes. Gartner prédit 21 millions de ventes de tablettes Windows 8, comme la nouvelle Surface, en 2013. C'est bien, mais c'est peu, comparé à l'iPad et aux tablettes Android, qui devraient respectivement se vendre à 73 et 68 millions d'exemplaires.
On ne saura donc pas avant longtemps si Microsoft a gagné le pari lancé avec Windows 8. Si c'est le cas, on sait au moins qu'une bonne partie du mérite reviendra à un Québécois de 45 ans exilé à Seattle depuis près d'un quart de siècle.