Des chercheurs se sont rendus compte que non seulement les données personnelles étaient largement partagées par les applis mobiles mais aussi que les utilisateurs n’en avaient pas la moindre idée. Un assistant de vie privée pourrait être une solution.
La surprise. L’incrédulité. « 4 182 fois – Vous plaisantez ? ». « 356 fois, c’est énorme, inattendu. » Voici pour un petit florilège des réactions d’utilisateurs de smartphones qui ont été les cobayes d’une étude de la Carnegie Mellon University, financée notamment par Samsung et Google... La palme revenant à cette notification envoyée par l’application AppOps : « Votre position a été partagé 5 398 fois avec Facebook, Groupon, Go Launcher EX et sept autres applications au cours des 14 derniers jours ».
AppOps est une application, disponible
sur Android, qui permet de surveiller les accès des autres applications à
vos données personnelles. Informations de géolocalisation, contacts,
historique d’appels, etc. C’est cet outil que des chercheurs de
l’université américaine ont installé sur les smartphones de 23 personnes
pour leur faire prendre conscience de l’étendu du mal. Il leur a donc
été demandé d’utiliser leur téléphone comme si de rien n’était la
première semaine.
Les chercheurs ont ainsi pu constater
que certaines applications sous Android accèdent à la fonction de
géolocalisation toutes les trois minutes. Ils ont également noté que de
nombreuses applis collectent plus d’informations que ce dont elles ont
besoin. Ainsi, l’appli Groupon, qui n’a pas forcément besoin de savoir
où se trouve l’utilisateur, a demandé la position d’une des personnes
suivies par l’étude 1 062 fois en deux semaines.
Un manque de clarté
« La grande majorité des personnes n’a pas idée de ce qui se passe »,
explique ainsi Norman Sadeh, le professeur en charge de l’étude. Sans
doute parce que la plupart des utilisateurs n’ont aucun moyen de savoir
ce qui se passe dans leur smartphone, une fois une application
installée. En revanche, une fois alertés, les propriétaires d’un
smartphone tendent à limiter ces fuites d’informations non désirées.
Si les applications Android fraîchement
installées demandent l’autorisation d’accéder à certaines informations,
les utilisateurs ne comprennent pas forcément les implications de leurs
autorisations. Autrement dit, le discours n’est pas assez clair et le
système d’exploitation ne prévient pas assez des données exposées.
Vers un accompagnement
« Les gestionnaires de permissions pour les applications sont mieux que rien, explique Norman Sadeh, mais ils ne sont pas suffisants ».
Les alertes sur les violations de la vie privée sont un peu meilleures,
quand elles sont quotidiennes, sans pour autant représenter une
panacée, car il y a désormais trop de critères à maîtriser pour
s’assurer du respect de sa vie privée.
Pour l’universitaire, la solution
pourrait être dans la mise en place d’assistants personnalisés chargés
de veiller à la vie privée des utilisateurs. Il s’agirait d’un logiciel
qui apprendrait au fil du temps les préférences d’une personne et qui
engagerait une sorte de dialogue sélectif avec cette dernière pour
l’aider à établir des configurations semi-automatiques. C’est dans cette
direction que Norman Sadeh mène actuellement des recherches. Ses
modèles et tests ont démontré qu’il est possible de déterminer avec une
précision de 90% les réponses à un questionnaire de vie privée que
fournirait un utilisateur.
Simplifier ou « externaliser » les choix
touchant à la vie privée… Une solution dans un monde où les réglages
sont de plus en plus complexes, mais qui laisse un étrange goût en
bouche, comme si on délaissait ou sous-traitait un combat essentiel : la
vie privée ? Il y a une application pour ça...
A lire aussi :
Tim Cook : « la vie privée ne doit pas être sacrifiée pour lutter contre le terrorisme » - 28/02/2015
Source :
Communiqué Carnegie Mellon University
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