Des chercheurs ont décortiqué la surveillance induite par les fameux boutons «Like». Résultat : il est presque impossible de ne pas se faire piéger par les filets publicitaires du réseau social. Et bien sûr, tout ceci est strictement illégal en Europe.
Chargés
 de réaliser un rapport approfondi sur la collecte de données 
personnelles de Facebook, les chercheurs de l’université de Leuven 
(Belgique) viennent de publier une mise à jour (version 1.2), accompagnée d’un rapport technique
 édifiant sur l’usage du fameux bouton « Like ». Ces deux nouveaux 
documents montrent les efforts de Facebook pour capter la moindre petite
 donnée non seulement de ses utilisateurs, mais aussi de tous les autres
 internautes.
Les premiers - on peut s’en douter - 
n’ont pratiquement aucune chance d’échapper à l’œil inquisiteur de la 
firme de Mark Zuckerberg. A chaque fois qu’un utilisateur se connecte à 
une page qui intègre un bouton « Like », une dizaine de cookies - ces 
petits fichiers mouchards - sont déposés ou mis à jour sur son 
ordinateur, que le fameux bouton social soit activé ou non. De cette 
manière, le réseau sait quels utilisateurs visitent quelles pages, et 
avec quels navigateurs. Et le fait de se déconnecter de Facebook avant 
de visiter une page ne change rien : les cookies sont toujours actifs. 
 Pire : un utilisateur qui décide de désactiver son compte pour sortir 
de l’univers Facebook a intérêt à bien effacer ses cookies, car Facebook
 ne le fera pas pour lui et continuera de les utiliser pour le suivre à 
la trace.
Des cookies qui collent automatiquement aux baskets
Pas
 grave, me direz-vous, vous faites partie des rares personnes qui n’ont 
jamais eu de compte Facebook. Vous n’avez donc rien à craindre. Grave 
erreur ! Il suffit de visiter une page du domaine facebook.com pour 
recevoir - sans rien n’avoir demandé - une palanquée de cookies qui 
colleront désormais à vos baskets. Evidemment, le réseau social ne saura
 pas exactement qui vous êtes, mais il vous assignera un identifiant 
unique qui sera utilisé dans toutes les analyses marketing futures, et 
cela, pendant au moins deux ans. Super pratique pour recevoir des 
publicités sur mesure !
Pour échapper à la pieuvre Facebook, 
certains d’entre vous auront peut-être le réflexe d’effacer tous les 
cookies, de vider tous les fichiers temporaires, de réinstaller Windows 
et de ne plus jamais se connecter sur une page Facebook. Eh bien, ils 
pourront quand même récupérer des cookies Facebook, grâce à des 
partenariats noués avec des sites tiers. Une connexion sur les sites 
myspace.com, okcupid.com, mtv.com, prenatal.es,  digitalnest.in ou 
kateleong.com, par exemple, va générer un cookie à identifiant unique. 
Là encore, le code déclencheur est le bouton « Like », voire même le 
bouton « Connect ».  
© Michelle O'Connell (CC)
Donnez-moi des cookies!!
Même le mécanisme d’ « opt-out » est douteux
Mais
 qu’en est-il alors des utilisateurs qui choisissent volontairement de 
ne plus être suivis ? Facebook, avec une série d’autres sites, propose 
en effet un mécanisme de « opt-out » au travers du site European Interactive Digital Advertising Alliance.
 Mais désactiver le suivi publicitaire de Facebook ne va pas effacer 
pour autant les cookies déjà présents dans l’ordinateur, et ces derniers
 continueront d’être utilisés lors de la navigation. Pire : dans le cas 
d’un profil totalement vierge, un cookie de suivi Facebook est même 
créé. Certes, dans les deux cas, Facebook rajoute également un cookie 
qui indique le « opt out » de l’utilisateur. On peut donc supposer que 
cela signifie que les données récoltées ne seront pas utilisées pour des
 analyses marketing. Mais le réseau social continue néanmoins sa 
surveillance. 
Conclusion cinglante des chercheurs : Facebook est clairement hors la loi en Europe. « La
 législation européenne est vraiment claire sur ce point. Pour être 
licite, la publicité basée sur le suivi comportemental doit être choisie
 par l’utilisateur (opt-in). Facebook ne peut pas s’appuyer sur 
l’inaction de ses utilisateurs pour en déduire un quelconque 
consentement. Quant aux non-utilisateurs, il n’y a aucune base légale 
qui pourrait justifier une telle pratique de surveillance », 
explique Brendan Van Alsenoy, l’un des auteurs de ces rapports, auprès 
du journal The Guardian. Pour sa part, Facebook estime que ce rapport 
contient des « imprécisions factuelles  » et souligne que les 
auteurs ne l’ont « jamais » contacté pour vérifier les hypothèses 
faites. En même temps, les expériences décrites dans le rapport 
technique sont suffisamment parlantes...
Comment se protéger ?
Pour ceux qui ne veulent plus se 
faire suivre à la trace, sachez qu’il existe des extensions de 
navigateurs qui permettent de bloquer les mouchards publicitaires tels 
que le bouton Facebook, par exemple Ghostery, Privacy Badger et Disconnect. La configuration est un peu laborieuse, mais ça fonctionne.   

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