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mercredi 1 avril 2015

Comment Facebook collecte illégalement des données sur tous les internautes ?


Des chercheurs ont décortiqué la surveillance induite par les fameux boutons «Like». Résultat : il est presque impossible de ne pas se faire piéger par les filets publicitaires du réseau social. Et bien sûr, tout ceci est strictement illégal en Europe.


Chargés de réaliser un rapport approfondi sur la collecte de données personnelles de Facebook, les chercheurs de l’université de Leuven (Belgique) viennent de publier une mise à jour (version 1.2), accompagnée d’un rapport technique édifiant sur l’usage du fameux bouton « Like ». Ces deux nouveaux documents montrent les efforts de Facebook pour capter la moindre petite donnée non seulement de ses utilisateurs, mais aussi de tous les autres internautes.
Les premiers - on peut s’en douter - n’ont pratiquement aucune chance d’échapper à l’œil inquisiteur de la firme de Mark Zuckerberg. A chaque fois qu’un utilisateur se connecte à une page qui intègre un bouton « Like », une dizaine de cookies - ces petits fichiers mouchards - sont déposés ou mis à jour sur son ordinateur, que le fameux bouton social soit activé ou non. De cette manière, le réseau sait quels utilisateurs visitent quelles pages, et avec quels navigateurs. Et le fait de se déconnecter de Facebook avant de visiter une page ne change rien : les cookies sont toujours actifs.  Pire : un utilisateur qui décide de désactiver son compte pour sortir de l’univers Facebook a intérêt à bien effacer ses cookies, car Facebook ne le fera pas pour lui et continuera de les utiliser pour le suivre à la trace.

Des cookies qui collent automatiquement aux baskets

Pas grave, me direz-vous, vous faites partie des rares personnes qui n’ont jamais eu de compte Facebook. Vous n’avez donc rien à craindre. Grave erreur ! Il suffit de visiter une page du domaine facebook.com pour recevoir - sans rien n’avoir demandé - une palanquée de cookies qui colleront désormais à vos baskets. Evidemment, le réseau social ne saura pas exactement qui vous êtes, mais il vous assignera un identifiant unique qui sera utilisé dans toutes les analyses marketing futures, et cela, pendant au moins deux ans. Super pratique pour recevoir des publicités sur mesure !
Pour échapper à la pieuvre Facebook, certains d’entre vous auront peut-être le réflexe d’effacer tous les cookies, de vider tous les fichiers temporaires, de réinstaller Windows et de ne plus jamais se connecter sur une page Facebook. Eh bien, ils pourront quand même récupérer des cookies Facebook, grâce à des partenariats noués avec des sites tiers. Une connexion sur les sites myspace.com, okcupid.com, mtv.com, prenatal.es,  digitalnest.in ou kateleong.com, par exemple, va générer un cookie à identifiant unique. Là encore, le code déclencheur est le bouton « Like », voire même le bouton « Connect ».  
Donnez-moi des cookies!!
© Michelle O'Connell (CC)
Donnez-moi des cookies!!

Même le mécanisme d’ « opt-out » est douteux

Mais qu’en est-il alors des utilisateurs qui choisissent volontairement de ne plus être suivis ? Facebook, avec une série d’autres sites, propose en effet un mécanisme de « opt-out » au travers du site European Interactive Digital Advertising Alliance. Mais désactiver le suivi publicitaire de Facebook ne va pas effacer pour autant les cookies déjà présents dans l’ordinateur, et ces derniers continueront d’être utilisés lors de la navigation. Pire : dans le cas d’un profil totalement vierge, un cookie de suivi Facebook est même créé. Certes, dans les deux cas, Facebook rajoute également un cookie qui indique le « opt out » de l’utilisateur. On peut donc supposer que cela signifie que les données récoltées ne seront pas utilisées pour des analyses marketing. Mais le réseau social continue néanmoins sa surveillance. 
Conclusion cinglante des chercheurs : Facebook est clairement hors la loi en Europe. « La législation européenne est vraiment claire sur ce point. Pour être licite, la publicité basée sur le suivi comportemental doit être choisie par l’utilisateur (opt-in). Facebook ne peut pas s’appuyer sur l’inaction de ses utilisateurs pour en déduire un quelconque consentement. Quant aux non-utilisateurs, il n’y a aucune base légale qui pourrait justifier une telle pratique de surveillance », explique Brendan Van Alsenoy, l’un des auteurs de ces rapports, auprès du journal The Guardian. Pour sa part, Facebook estime que ce rapport contient des « imprécisions factuelles  » et souligne que les auteurs ne l’ont « jamais » contacté pour vérifier les hypothèses faites. En même temps, les expériences décrites dans le rapport technique sont suffisamment parlantes...

Comment se protéger ?

Pour ceux qui ne veulent plus se faire suivre à la trace, sachez qu’il existe des extensions de navigateurs qui permettent de bloquer les mouchards publicitaires tels que le bouton Facebook, par exemple Ghostery, Privacy Badger et Disconnect. La configuration est un peu laborieuse, mais ça fonctionne.   
 
 
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