Google est poursuivi en justice pour avoir collecté secrètement des données aux dépens des utilisateurs Android,
Par le biais de transmissions cachées et non approuvées vers ses serveurs
Une nouvelle affaire contre l'entreprise de Mountain View,
en Californie, est déjà en cours. Le jeudi 12 novembre 2020, Joseph
Taylor, Edward Mlakar, Mick Cleary et Eugene Alvis ont en effet déposé
une plainte devant la Cour de district fédérale de San Jose, aux
États-Unis, accusant Google de voler des informations appartenant aux
utilisateurs d'Android par le biais de transmissions cachées et non
approuvées vers ses serveurs. Selon la plainte, la compagnie
exploiterait de manière secrète des quotas de données cellulaires des
utilisateurs d'Android dans le but de transmettre des informations à
leur sujet. À noter toutefois que ces informations ne sont pas liées à
leur utilisation des services de Google.
Il faut par ailleurs noter que Google a conçu le système d'exploitation
Android pour recueillir de grandes quantités d'informations sur les
utilisateurs. De cette manière, elle génère des milliards de profits par
an tout en vendant de la publicité numérique ciblée. Mais pour ce
faire, le géant du web doit également s'approprier illicitement les
biens de ces utilisateurs, dont les données de leurs téléphones
portables.
« Google oblige en effet ces utilisateurs à
subventionner sa surveillance en programmant secrètement les appareils
Android pour qu'ils transmettent constamment des informations sur les
utilisateurs à Google en temps réel, s'appropriant ainsi les précieuses
données cellulaires que les utilisateurs ont achetées. Google fait cela,
dans une large mesure, pour son propre bénéfice financier, et sans
informer les utilisateurs ni demander leur consentement », peut-on lire
sur la plainte.
Cet échange secret ne concerne pas du tout les
données envoyées par Wi-Fi. Il en va de même pour les données envoyées
via une connexion cellulaire en l'absence de Wi-Fi dans le cas où un
utilisateur Android opte pour un programme connecté au réseau. En effet,
les plaignants sont très inquiets des données envoyées aux serveurs de
Google, étant donné qu'elles ne sont pas le résultat d'une interaction
délibérée avec un appareil mobile.
« Google a conçu et mis en
œuvre son système d'exploitation et ses applications Android pour
extraire et transmettre de grands volumes d'informations entre les
appareils cellulaires des plaignants et Google en utilisant les
allocations de données cellulaires des plaignants. Le détournement par
Google des allocations de données cellulaires des plaignants par le
biais de transferts passifs se produit en arrière-plan, ne résulte pas
de l'engagement direct des plaignants avec les applications et les
propriétés de Google sur leurs appareils, et se produit sans le
consentement des plaignants », a indiqué la plainte.
Ces
transferts passifs de données sont effectués de trois manières
différentes. La première se produit lorsque les appareils mobiles sont
en état de veille complète (toutes les applications étant fermées). La
seconde, qui transfère un volume plus important, se produit lorsque les
appareils mobiles sont stationnaires et intacts, mais avec une ou
plusieurs applications ouvertes et inutilisées. Le troisième, qui
transfère encore plus de données, se produit lorsque les utilisateurs
utilisent leur Android, en interagissant avec lui ainsi qu'en visitant
des pages web ou en utilisant des applications.
En guise de
confirmation à ces allégations, une analyse commandée par l'avocat des
plaignants a procédé à un test sur un nouvel appareil mobile Samsung
Galaxy S7 tout en mettant les paramètres standard par défaut. Il a
connecté l’appareil à un tout nouveau compte Google et ne l’a pas
connecté au Wi-Fi. Le résultat du test a montré que l’appareil, qui est
en état de veille, « envoyait et recevait 8,88 Mo / jour de données,
94 % de ces communications ayant lieu entre Google et l'appareil. » Le
téléphone portable, avec toutes les applications fermées, a transféré
des informations vers et depuis Google environ 16 fois par heure, ce qui
représente environ 389 fois en 24 heures.
« Beaucoup de ces
communications étaient composées de fichiers LOG, qui sont des fichiers
produits automatiquement qui contiennent un enregistrement de certaines
informations de base telles que les réseaux disponibles, les
applications ouvertes et les paramètres du système d'exploitation. Les
fichiers LOG ne sont généralement pas sensibles au facteur temps, et
leur transmission pourrait facilement être retardée jusqu'à ce que le
Wi-Fi soit disponible », a affirmé la plainte. « Google pourrait
également programmer Android pour permettre aux utilisateurs d'activer
les transferts passifs uniquement lorsqu' ils sont sur des connexions
Wi-Fi, mais elle a choisi de ne pas le faire. Au lieu de cela, Google a
choisi de simplement profiter des allocations de données cellulaires des
utilisateurs afin de pouvoir obtenir des informations de ces derniers à
toute heure du jour, où qu'ils soient et quoi qu'ils fassent »,
soulignent les plaignants.
L'étude menée par le professeur
Douglas C. Schmidt en 2018 concernant la collecte de données par Google a
également révélé que l'appareil Android échange des informations avec
Google malgré le fait que le téléphone reste inactif. Le géant de la
technologie transmettrait environ 900 fois des données passives en 24
heures, pour une moyenne de 38 fois par heure si l'application Chrome
était ouverte.
En faisant la comparaison avec un appareil
iPhone, qui est stationnaire, mais qui a un navigateur Safari ouvert en
arrière-plan, le résultat a montré que le smartphone d'Apple ne
transmettait pratiquement rien à Google. De plus, il n'envoie qu'environ
1/10e des informations transférées à Google depuis l'appareil Android.
Alors qu'un téléphone Android transfère secrètement 4,4 Mo de données
par jour, soit environ 130 Mo par mois, aux serveurs de Google, un
iPhone n'envoie qu'un sixième de cette quantité de données aux serveurs
de Google. Ainsi, les produits Google ont un rôle important dans le
transfert passif d'informations à la société, alors que la plupart de
ces informations sont inutiles.
Avec ces transferts de données
cachés de Google, les utilisateurs d'appareils Android perdent environ 1
dollar par mois si leur appareil est déconnecté du Wi-Fi et utilise la
connexion cellulaire pour sa transmission passive. La raison en est
qu'un Go de données aux États-Unis coûte en moyenne 8 dollars.
« Les
utilisateurs ne voient souvent jamais ces publicités préchargées, même
si leurs données cellulaires ont déjà été utilisées pour télécharger les
publicités de Google. Et comme ces préchargements peuvent compter comme
des impressions d'annonces, Google est payé pour la transmission des
annonces », a encore indiqué le dossier juridique.
Il est
important de rappeler que ces collectes de données passives ne sont pas
mentionnées dans les conditions d’utilisation de Google, sa politique de
confidentialité ou encore dans les conditions d'utilisation de Google
Play.
« Nous recueillons des informations sur les applications,
les navigateurs et les appareils que vous utilisez pour accéder aux
services Google... Nous recueillons ces informations lorsqu'un service
Google sur votre appareil contacte nos serveurs - par exemple, lorsque
vous installez une application du Play Store ou lorsqu'un service
vérifie les mises à jour automatiques. Si vous utilisez un appareil
Android avec les Google apps, votre appareil contacte périodiquement les
serveurs de Google pour fournir des informations sur votre appareil et
votre connexion à nos services », peut-on lire dans les colonnes de la
politique de confidentialité de Google.
Source. :
Plainte