iCloud+ ajoute aux services habituels d'iCloud plusieurs fonctions
liées à la confidentialité, sans frais supplémentaires pour ceux qui
sont abonnés. Autrement dit, pour en bénéficier, il faudra être abonné à iCloud (à partir de 0,99 € par mois pour 50 Go de stockage) ou à Apple One.
iCloud+ va devenir de facto le nouveau nom de l'abonnement à iCloud.
Les abonnés actuels passeront automatiquement à iCloud+ cet automne.
Tous les forfaits iCloud+ pourront être partagés entre les membres d’un
Partage familial, y compris le forfait 50 Go qui ne peut pas être
partagé actuellement, contrairement aux 200 Go (2,99 € par mois) et 2 To
(9,99 €).
Les nouveaux services arrivant avec iCloud+ s'activent depuis les réglages d'iOS 15 (Identifiant Apple > iCloud) ou les Préférences Système Identifiant Apple de macOS Monterey.
Private Relay et Mail Privacy Protection. Mais celles-ci ne seront pas pour tout le monde.
Apple se présente comme un champion en matière de vie privée :
ses appareils et logiciels disposent généralement de fonctionnalités
avancées pour protéger les données personnelles des utilisateurs et
bloquer les outils de pistage publicitaire.
La dernière édition de sa conférence pour les développeurs, la WWDC, n’a pas fait exception,
Apple ayant présenté à cette occasion deux nouvelles fonctionnalités à
destination de ses utilisateurs : iCloud Private Relay et Mail Privacy
Protection, qui s’accompagnent d’améliorations apportées aux
fonctionnalités déjà existantes en matière de protection de la vie
privée.
La chasse au pixel-espion
Mail Privacy Protection est une option activable dans l’application
Mail proposée par Apple. Elle vise à offrir une protection contre les "pixels-espions",
des technologies utilisées pour vérifier si l’utilisateur a bien ouvert
l'e-mail, et éventuellement récupérer des données sur le destinataire à
son insu. Le fonctionnement de ces pixels est assez simple : l'e-mail
envoyé en direction de l’utilisateur contient un pixel invisible, sous
la forme d’une image chargée depuis un serveur tiers. Si l’utilisateur
ouvre l'e-mail, l’image est chargée depuis le serveur tiers, ce qui
permet à la fois de savoir qu'il a été ouvert, quand et sur quel type
d’appareil, et de récupérer au passage l’adresse IP de l’utilisateur qui
reçoit ce pixel invisible.
Avec Mail Privacy Protection, Apple entend bloquer les pixels de
tracking et la transmission de l’adresse IP liée à ces outils. Apple ne
donne pas d’éléments techniques sur le fonctionnement de cette
fonctionnalité, mais celle-ci sera proposée aux utilisateurs à partir
d’iOS 15, qui proposera aux utilisateurs la possibilité d’activer ou non
Mail Privacy Protection.
Bien évidemment, l’annonce d’Apple ne fait pas que des heureux : de
nombreux éditeurs de newsletters et autres acteurs du marketing craignent ainsi
de se voir privés de l’un de leurs outils les plus importants, la
mesure du taux d’ouverture de leurs e-mails. En l’absence de détails sur
la manière dont Apple entend implémenter son outil, les utilisateurs de
ces outils en sont réduits à spéculer sur les effets exacts de la
fonctionnalité, mais la perspective ne réjouit pas tout le monde.
Apple prend le relais
L’autre nouveauté d’Apple ne porte pas sur les e-mails, mais sur la
navigation web. Disponible cet automne pour les utilisateurs de Safari
ayant souscrit à l’offre iCloud+, la fonctionnalité Apple Private Relay
vise à proposer à l’utilisateur une anonymisation de son trafic web.
Lors de la connexion à un site, la requête de l’utilisateur est
chiffrée et envoyée à deux relais successifs : le premier relais
déchiffre les données relatives à l’adresse IP de l’utilisateur et lui
assigne une nouvelle IP, puis transmet la requête à un second serveur
qui dispose lui de la capacité de déchiffrer l’adresse de destination de
la requête. Ce second serveur transmettra donc la requête au serveur de
destination, sans connaître l’IP d’origine du paquet.Un principe de séparation d’information que l’on retrouve également dans le protocole « Oblivious-DNS-over-HTTPS », qu’Apple co-développe avec Cloudflare.
Décrite comme un "VPN light", la nouvelle fonctionnalité d’Apple
semble s’inspirer également de la technique du "routage en oignon", notamment implémenté par Tor.
Mais, si Tor a recours à de multiples serveurs relais(environ 6,dont certains serveurs onions peuvent être espionner), Apple choisit
plutôt d’utiliser deux relais(a eux seul,mais sécure et connu), l’un contrôlé par l’entreprise et l’autre
par un acteur tiers dont Apple n’a pour l’instant pas dévoilé
l’identité. Le recours à un tiers vise, selon Apple, à « empêcher qu’un
des acteurs de la chaîne puisse avoir accès à la fois à l’adresse IP
d’origine de la requête et à sa destination », le découplage des deux
étant réalisé au niveau de l’appareil de l’utilisateur. Comme le remarque Numerama,
Private Relay ne proposera d’ailleurs pas les fonctionnalités de
sélection d’adresse IP dont disposent de nombreux services VPN, et qui
servent à contourner les dispositifs de blocage géographique sur
certains services de streaming.
Il ne faudrait pas voir dans Private Relay un remplaçant d’outils
d’anonymisation du trafic, comme un VPN ou Tor. Private Relay vise
plutôt à protéger l’utilisateur du pistage publicitaire mis en œuvre par
les éditeurs de sites et les annonceurs, qui s’appuient sur l’adresse
IP et les données de navigation de l’utilisateur pour proposer des
publicités ciblées.En revanche, il reste encore certaines zones d’ombre à éclaircir sur le
fonctionnement de Private Relay. Le communiqué officiel d’Apple parle
explicitement de Safari
quand il évoque cette fonctionnalité. Sera-t-elle tout de même disponible sur des navigateurs tiers
? L’utilisateur aura-t-il le choix du serveur utilisé par Apple
pour masquer son adresse IP ? Encore difficile à dire. Néanmoins, le
fonctionnement de Private Relay devrait se faire de manière totalement
transparente pour l’utilisateur et, surtout, ne pas ralentir sa
connexion.
D’ailleurs, Apple n’entend pas proposer ce nouveau service à tout le monde : la société a indiqué à Reuters
que son service ne serait pas proposé à ses clients chinois, pour des
raisons légales. La Chine interdit dans la loi le recours à des VPN ou à
des solutions d’anonymisation du trafic, et le Private Relay d’Apple
pourrait mettre la société en porte-à-faux avec les autorités chinoises,
alors que le pays représente pas moins de 15 % des revenus d’Apple.
Outre la Chine, Apple a fait savoir que d’autres pays ne bénéficieraient
pas de Private Relay : la Biélorussie, le Kazakhstan, la Colombie,
l’Egypte, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, le Turkménistan,
l’Ouganda et les Philippines. Pour bénéficier de Private Relay, vous
devrez donc être un utilisateur de Safari, disposant des dernières mises
à jour, et vivre dans le bon pays.
Les applis passées au crible
Apple introduit crée également le App Privacy Report, un
ensemble d’indicateurs sur la protection des données dans les
applications. Les utilisateurs pourront y voir quelles ressources —
caméra, micro, agenda, carnet d'adresses… – sont accédés et à quelle
fréquence par les différentes applications de l’appareil. Par ailleurs,
ce rapport montrera les domaines tiers avec lesquels les applications
échangent des données.
Des améliorations ont également été réalisées au niveau de Siri. Cet
assistant vocal n’a plus besoin de contacter les serveurs d’Apple pour
savoir ce que vous dites, car la reconnaissance vocale est désormais
faites sur l’appareil par défaut, grâce à Neural Engine. Les données
audio resteront donc sur l’appareil. Mieux : pour les requêtes les plus
usuelles – lancer une appli, monter le volume, faire un réglage… — Siri
pourra se débrouiller totalement tout seul, sans en référer à la maison
mère. Aucun échange d’information avec Apple n’est nécessaire. Au
passage, cette façon de faire augmente aussi la réactivité de Siri.
Mais ce n’est pas tout. Apple a également musclé les fonctions de sécurité d’iCloud.
Il est désormais possible de désigner des personnes de confiance pour
récupérer votre compte en cas de pépin. Ces personnes ne pourront jamais
se connecter à votre compte, mais elles pourront — le cas échéant —
vous communiquer un code secret qui vous permettra de retrouver l’accès à
vos données.
À l’inverse, avec la fonction Digital Legacy, iOS 15 permet
de définir des personnes de confiance qui disposeront d’un accès total à
votre compte, mais seulement à un moment très particulier : quand vous
serez mort. Ce qui évitera aux héritiers de remplir trop de pénibles
formulaires.
Avec le nouveau service Hide My Email, les abonnés d’iCloud
pourront désormais écrire des e-mails en utilisant des adresses
aléatoires, un peu comme le propose le service Sign In With Apple. Les réponses à ces e-mails seront automatiquement acheminées vers la boîte Mail principale.
Enfin, iCloud+ permettra de connecter des caméras de surveillance
compatibles avec HomeKit, sans que cela affecte la capacité de stockage
iCloud du contrat souscrit. L’utilisateur pourra utiliser une caméra
avec iCloud+ 50 Go, cinq caméras avec iCloud+ 200 Go et un nombre
illimité de caméras avec iCloud+ 2 To.
Des adresses mail poubelles pour ne pas laisser de trace
Apple expérimente déjà les adresses e-mail jetables depuis l’intégration des boutons « Se connecter avec Apple »
sur de nombreux sites Web. Mais grâce à iCloud+, l’entreprise va encore
plus loin et, surtout, donne la main à ses utilisateurs.
Sobrement intitulée « Masquer mon e-mail »,
la fonctionnalité permet aux abonnés iCloud de créer des adresses mail
uniques et aléatoires qui renverront vers votre adresse principale. En
d’autres termes : un alias, que vous pouvez partager sans crainte d’être
identifié, et que vous pouvez désactiver à l’envi une fois que vous
n’en avez plus l’utilité. L’idée étant de partager cette adresse plutôt
que votre véritable e-mail afin de se prémunir d’éventuelles fuites de
données, ou tout simplement du démarchage commercial intempestif.
Le communiqué de presse précise que « Masquer mon e-mail » sera intégré à l’application Mail dans iOS 15 / iPadOS 15 et macOS Monterey, et également via iCloud.com.
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