Les sites à caractère sexuel du Dark Web - Aleph
Les sites à caractère sexuel dans le Dark Web
Précisions importantes :
– Nous traitons ici de sujets délicats mais incontournables sur le dark web : les sites à caractère sexuel. Âme sensible, s’abstenir.
– Pour des raisons évidentes, cet article ne contient que très peu de captures d’écran.
– Cet article n’a pas pour vocation de faire la promotion des sites du dark web mais uniquement de décrire les types de sites que l’on peut trouver.
Les recherches sur dark web
Après avoir passé en revue la plupart des types de contenus et activités présents sur le dark web, nous ne pouvions pas faire l’impasse sur les sites à caractère sexuel.
En effet, ces derniers représentent une part non négligeable des domaines actifs du réseau Tor ; ils constituent aussi une très large partie des contenus consultés. Des statistiques indiquent que 13 à 20% des recherches effectuées sur le clear web sont des recherches de contenus pornographiques ; à notre connaissance, il n’existe pas de telles statistiques sur le dark web, mais un bref examen des recherches les plus populaires sur le moteur OnionLand Search nous donne une idée du poids de la pornographie dans ce périmètre.
Les recherches les plus courantes sur le moteur OnionLand Search
Les recherches les plus courantes sur le moteur OnionLand Search
Si nous nous limitons aux recherches recensées à la lettre A, 21 des 32 expressions de recherche (65%) sont en lien avec la pornographie. Pour la lettre B, le pourcentage « tombe » à 56%. Un échantillonnage aléatoire nous donne : lettre F (59%), lettre K (59%), lettre N (47%), lettre S (59%), lettre Z (38%). La lettre Y atteint même le pourcentage de 97%, avec des recherches commençant par « young ». L’écrasante majorité des recherches pornographiques recensées par OnionLand Search concerne en effet des contenus pédopornographiques. Cette surreprésentation de la pédopornographie dans les expressions de recherche est à l’image du poids de ce type de sites dans la masse globale de sites à caractère sexuel du réseau Tor.
Les sites pédopornographiques
Ces sites constituent la quasi-totalité du contenu à caractère sexuel présent sur le réseau Tor. En cumulant les sites actuels et les sites aujourd’hui disparus, nous dénombrons près de 25 000 domaines qui recèlent du matériel pédopornographique (CSAM : Child Sexual Abuse Material), soit 7% du volume total de sites onion détectés depuis 2014. Certains de ces domaines sont sujets à du mirroring de masse, sans qu’il soit possible de déterminer si ces miroirs sont authentiques ou non. Parmi tous les sites que nous surveillons grâce à notre moteur de recherche Aleph Seach Dark, 25 domaines sont répliqués à plus de 100 exemplaires chacun, certains atteignant presque 1000 miroirs. L’apparition de domaines est très régulière, puisque nous détectons des nouveaux sites chaque semaine.
La totalité du spectre de la pédo-criminalité est couverte dans le dark web. Les victimes sont de sexe féminin ou masculin ; elles vont du nourrisson aux adolescents. Une infime minorité de sites se limite à du contenu aux marges de la légalité : photo d’enfants habillés, photos de visages…
Pour la plupart, les sites pédopornographiques du réseau Tor contiennent des photos et des vidéos de viols d’enfants. Les sites les plus extrêmes combinent également le viol et la torture (pratique désignée sous le nom de Hurtcore).
Nous notons que certains de ces sites appliquent une stratégie assez perverse pour obtenir une visibilité maximale dans les moteurs de recherche du dark web. Nous avons en effet constaté la présence de pages saturées de mots-clés, destinées à faire remonter les sites dans les résultats.
Ainsi, une page d’un de ces sites contenait plus de 18 000 mots-clés, dont une part significative n’avait aucun rapport avec la pédo-criminalité. Certains sites contiennent même des pages uniquement constituées d’une liste de tous les pays du monde ; de cette manière, l’utilisateur d’un moteur de recherche du dark web qui fait une simple recherche sur un nom de pays, sans intention de consulter de la pédopornographie, peut voir dans ses résultats des liens vers ces sites.
Les sites en lien avec le clear web
On remarque dans le réseau Tor la présence ponctuelle de miroirs de sites du clear web. Les sites Sexy Madama et Escort-Ireland ont ainsi chacun eu un miroir Tor V2, inaccessible depuis la mise à jour de Tor vers les adresses V3.
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Miroir Tor du site Escort Ireland
Le site TubXporn semble lui aussi être doté d’un miroir sur Tor, mais nous constatons une différence certaine entre la version du clear web et celle présente dans le dark web.
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TubXporn dans le clear web
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TubXporn dans le dark web
Le miroir Tor de TubXporn contient une bannière publicitaire qui renvoie vers le site pédopornographique LoliPorn. Sans investigation complémentaire, nous ne pouvons pas déterminer s’il s’agit d’un miroir authentique, contrôlé par le site original TubXporn ou s’il s’agit d’un miroir parasitaire typique du dark web, qui aurait pour vocation de générer du trafic vers un site pédopornographique.
D’autres sitespornographiques et érotiques font un pont entre les clear et dark webs. Certains consistent en une reprise de contenus du clear web, comme le site dédié à la communauté des Suicide Girls, tandis que d’autres se contentent de recenser des liens vers les sites pornographiques, comme Adult Porn Links.
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Page d’accueil du site Adult Porn Links
Il existe enfin un certain nombre de sites qui vendent des comptes utilisateurs piratés sur des sites pornographiques commerciaux du clear web, comme Porn Market ou Your Porn Hacker.
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Page d’accueil du site Porn Market
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Page d’accueil du site Your Porn Hacker
Les sites spécifiques au dark web
En dehors des sites pédopornographiques, le réseau Tor héberge des sites qui n’ont pas d’exact équivalent dans le clear web. Il peut très rarement s’agir de sites anodins, comme Flat Chest Girls ou un site dédié au camel toe. Il existait également un site dénommé Amputee Porn qui, comme son nom l’indique, était consacré à des contenus mettant en scène des actrices amputées d’un ou plusieurs membres.
Plus couramment, les contenus qui sont mis à disposition ne diffèrent pas forcément en termes de nature mais en termes de degré. Les fétichismes ou paraphilies présents sur le dark web sont en effet également présents sur le clear web, mais dans une version moins extrême.
Le site Deep Crushing donne une bonne illustration de cette différence entre le clear et le dark web. Il existe des sites du clear web qui sont totalement ou partiellement dédiés à la pratique du crushing. Cette paraphilie consiste pour l’essentiel à fantasmer sur des femmes qui écrasent des objets sous leurs pieds. Les sites du clear web se limitent à diffuser des photos et vidéos de femmes qui écrasent et détruisent des fruits, des jouets ou d’autres objets inanimés.
A l’inverse, le site Deep Crushing franchit une barrière que ne peuvent franchir les sites du clear web, sous peine de tomber dans l’illégalité : ce ne sont plus des objets inanimés qui sont broyés sous les pieds des « actrices », mais des animaux vivants de diverses tailles (insectes, limaces, homards, poissons, mais aussi lapins, rats…). Dans ce cas, ce qui distingue le contenu clear et dark web est donc bien ici une barrière d’intensité et non de nature.
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Page d’accueil du site Deep Crushing
Dans le même ordre d’idée, le furry fetish, qui est une pratique à la confluence du manga, du cosplay et de la zoophilie est très répandu sur les espaces de discussion du clear web. Les sites de furry fetish du réseau Tor franchissent eux aussi une limite et peuvent pour certains héberger des contenus qualifiés de Guro (mot japonais désignant le gore, le macabre).
Ainsi, le Guro furry fetish ne se restreint pas à des dessins ou des déguisements ; il fait intervenir à titre d’objets sexuels des animaux morts ou des morceaux d’animaux.
Il est également possible de trouver sur le clear web des sites qui proposent des vidéos plus ou moins authentiques et réalistes de viols ou de meurtres. Il est à craindre que les contenus disponibles sur le dark web soient a priori bien plus réels, même si la prolifération de miroirs de ce type de site pose la questiond’un piège éventuel.
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Page d’accueil du site Rape And Murder, répliqué sur plus de 1100 miroirs
On trouve par ailleurs sur le réseau Tor un certain nombre de sites dédiés à la zoophilie proprement dite, hors réseaux de discussion furry. Il n’est pas rare que, parmi les contenus proposés, on trouve des photos ou vidéos impliquant des enfants ; la jonction entre la pédopornographie et la zoophilie peut même faire l’objet de sites spécifiques, comme le site au nom évocateur Zoo School.
Les sites à caractère sexuel hébergés sur Tor sont donc pour la plupart des sites dont le contenu ne pourrait pas être diffusé sur le clear web, sous peine de poursuites judiciaires dans de nombreux pays. La présence de ces sites est ainsi le prix malheureusement très élevé de la protection de l’anonymat et de la liberté d’expression propre au réseau Tor.
REF,: www.aleph-networks.eu/les-sites-a-caractere-sexuel-dark-web/