Les transactions à haute fréquence, ou trading haute fréquence (HFT, de l'anglais High-frequency trading), réfèrent à l'exécution à grande vitesse de transactions financières faites par desalgorithmes informatiques. Ces opérateurs de marché virtuels peuvent ainsi exécuter des opérations sur les marchés en un temps calculé en microsecondes1.
Les transactions à haute fréquence seraient en grande partie responsables du Flash Crash de 2010.
Le trading haute fréquence
Le royaume des ordinateurs et des mathématiciens
Lorsque l’on parle de trading, nombreux sont ceux qui imaginent encore une personne hurlant dans une salle de marché et agitant les bras dans tous les sens. Mais les temps ont bel et bien changé. Alors que le relationnel était encore primordial pour les anciens traders, ce sont désormais l’informatique et les mathématiques qui ont la main mise sur la plupart des transactions financières.La nouvelle « star » du trading n’a besoin ni de téléphone, ni de bureau et encore moins d’amis. Et pourtant il brasse des milliards de dollars chaque jours dans le monde entier avec environ 60% des transactions quotidiennes mondiales à son actif.
Ce « Roi » de la finance s’appelle le « High Frequency Trader » connu en français sous le nom de « trader haute fréquence ».
Le principe de cette technique consiste à utiliser de puissants algorithmes mathématiques et des ordinateurs ultra-rapides afin de détecter et d’exploiter les micromouvements de marché avec une échelle de temps de l’ordre de la dizaine de millisecondes.
Ces machines sont capables d’exécuter des ordres à toute vitesse et de tirer profit de très faibles écarts de prix sur des valeurs ou encore des faiblesses passagères qui peuvent survenir sur les systèmes d’échanges de titres.
Quelques stratégies standard
Le succès de cette technique est indéniable, et l’on peut citer plusieurs types d’algorithmes mathématiques utilisés par le trading haute fréquence:
- Afin d’éviter de signaler leurs intentions au marché, de nombreux opérateurs décomposent leurs ordres en petits lots (de 100 à 500 pièces) à des prix bien définis. Dans le but de découvrir à quel prix les investisseurs sont prêt à acheter ou vendre un titre, les algorithmes envoient une série de pièces à des prix différents qui seront rapidement annulées dès que la réponse souhaitée sera ressortie. A ce moment les machines achètent (ou vendent) le titre juste avant l’investisseur, puis le lui revendent (ou le lui rachètent) quelques millisecondes plus tard avec un léger profit.
- Un deuxième algorithme va permettre de faire exploser la volatilité d’une action en surfant sur ses phases de forts mouvements haussiers. Cette manipulation va ainsi permettre d’augmenter la valeur des options détenues par les opérateurs.
- Mais les algorithmes les plus utilisés et les plus contestés restent les algorithmes utilisant les « ordres flashs ». Des informations confidentielles sur l’ordre en question sont révélées durant une fraction de seconde lors du passage de l’ordre avant d’être transmis au système national de marché. Ainsi, si un opérateur ayant accès à ces données peut égaler la meilleure offre ou demande du système, il peut exécuter l’ordre en question avant que le reste du marché puisse en avoir connaissance.
Une transaction pouvant être réalisée en moins de 500 microsecondes, la fréquence de passages d’ordres peut atteindre parfois jusqu’à 1000 exécutions de transactions par seconde.
Les déterminants d’un système de trading haute fréquence?
L’informatisation croissante des marchés financiers mondiaux a entraîné une augmentation significative des cotations ainsi qu’une diminution des temps de passage d’ordre. De plus, dans un contexte économique ultra concurrentiel, on a assisté à un resserrement des marges et donc une nécessité pour les banques d’augmenter leur nombre de transactions.C’est pourquoi l’utilisation d’automates capables à la fois de collecter des informations et de prendre des décisions en un temps très court s’est vite avérée indispensable. L’humain se borne à programmer la machine, la surveiller et la faire évoluer.
Dans une quête perpétuelle de bénéfices de plus en plus importants, les opérateurs se sont mis à développer des machines ultra puissantes utilisant des connexions aux marchés toujours plus performantes.
Mais tout le monde ne peut pas s’improviser trader haute fréquence. Réservée à une poignée de professionnels, cette technique nécessite un travail et un contrôle permanent sur différents points techniques afin de profiter d’un système toujours plus performant.
Voici une liste non exhaustive des principaux facteurs jouant un rôle clé sur les bénéfices réalisés par un système de trading haute fréquence:
- L’algorithme de trading : point de départ d’un trading à haute fréquence, l’algorithme utilisé pour les transactions est primordial. En effet, il est important de posséder un outil de calcul permettant de générer des espérances de gains toujours plus importantes et une déviation de ces retours la plus faible possible afin de minimiser le « drawdown » (perte maximale à un instant « t »).
- La vitesse d’exécution : le nerf de la guerre étant le temps, tous les traders haute fréquence cherchent à obtenir un algorithme avec une moyenne et une dispersion du temps nécessaire à la prise de décision et à l’envoi des messages les plus faibles possibles. L’infrastructure informatique tient également un rôle clef, et le serveur qui fait tourner l’algorithme de passage d’ordre sera localisé au plus près des serveurs des bourses (Euronext, CME de Chicago, etc.). Des fournisseurs spécialisés proposent des services de « low latency » qui permettent d’avoir des accès au marché à la vitesse de l’éclair.
- L’algorithme de management des ordres : pour les systèmes haute fréquence, un algorithme de placement des ordres est un point primordial qui peut rendre un système gagnant ou perdant. Tout résidera dans la programmation de cette « boite noire ».
- Management du risque : savoir fixer des limites. Il est important de savoir gagner de l’argent, mais il est non moins important de savoir limiter ses pertes. L’algorithme de « money management » focalisera autant d’attention que celui qui prends les positions.
- Commissions et charges : tout passage d’ordre est soumis à des commissions ainsi que des charges. Or le nombre de transactions effectuées quotidiennement étant colossal, il est important ne pas négliger ce point si l’on ne veut pas avoir à payer plus de commissions que les gains effectués sur un aller retour.
- Taxes : Certaines entreprises ou institutions financières préfèrent se délocaliser et ainsi fuir les lois fiscales trop contraignantes de leur pays. Ces stratégies peuvent parfois faire la différence.
- Recherche et développement: Une bonne stratégie de trading n’est malheureusement jamais éternelle. C’est pourquoi la recherche et le développement de nouvelles stratégies ont une importance cruciale pour une visibilité long terme.
En conclusion, même si le trading haute fréquence permet d’exécuter automatiquement des milliers d’ordres au quotidien, il nécessite une vigilance de tous les instants ainsi que des personnes hautement qualifiées en mathématiques et en informatique afin de repousser un peu plus chaque jour les limites de la finance.
Dans cette guerre contre le temps, certains acteurs du marchés dénoncent de plus en plus une véritable « course à l’armement », rendant impossible l’intervention de petits acteurs et créant ainsi des distorsions de concurrence.
De plus, les autorités de marché commencent à hausser le ton. Ainsi, l’AMF a récemment fait état d’un rapport accablant sur ce type de trading, dénonçant notamment les menaces « d’intégrité du marché dès lors que les stratégies de trading sont détournées de leur objectif initial pour être utilisées à des fins de manipulation de marché ».
REF.: abcbourse.com ,