CHRONIQUE DE PIERRE HAREL
Un très beau film
Canoe.ca
13-06-2011 | 07h57
Un ami et voisin, qui se plaît à me taquiner, m'a fait lire aujourd'hui dimanche le 12 juin 2011, un extrait du journal La Presse me concernant.
Le producteur du film Gerry, Christian Larouche, y allègue que 95% des spectateurs à l'avant-première de Saint-Jean aimaient le film mais que le 5% résiduel, composé exclusivement de moi-même, ne l'aimait pas.
Chers amis, c'est faux! Je crois que M. Larouche cherche à me faire porter le bonnet pointu du trouble-fête! Je vais donc affirmer publiquement pour la quatrième ou cinquième fois, que je considère le filmGerry comme un très bon film, et que j'encourage tous les Québécois à se rendre dans un cinéma près de chez-eux pour le visionner et l'entendre, car la trame musicale y est magnifique.
Deux fois plutôt qu'une. Cependant, le fait que je considère ce film de fiction comme un film à voir absolument ne change en rien mon opinion concernant la véracité de certaines scènes relatant la période de 1971 à 1974 et surtout, concernant l'attitude et le comportement de Gérald Boulet alors membre ordinaire du groupe Offenbach.
Voyez-vous, jusqu'à ce que je quitte Offenbach définitivement en octobre 1974, alors que j'étais retourné à Paris pour me rendre compte de l'état «psycho-social» de mes quatre amis, Gerry et moi en étions à peu près à chanter moitié-moitié de ce que nous avions comme répertoire. Constatant que l'atmosphère était plutôt malsaine à Garches-les-Gonesses, j'avais alors accepté l'invitation de Serge Reggiani d'aller enregistrer quelques-unes de ses chansons au Studio Saravah.
QUELQUES INCONGUITÉS
L'aventure fut sans lendemain car au bout de trois jours je m'enfuis à l'aéroport vers mon Québec adoré, complètement paniqué à l'idée que je pourrais devenir célèbre en France. Quoi qu'il en soit et toujours est-il, je vous assure que je ne tomberai pas dans le piège de vous faire partager avec précisions et témoins occulaires, la liste des incongruités remarquables à partir de mon arrivée à l'écran jusqu'à l'exil en France.
En passant, au chapitre des incongruités, c'est moi qui ai amené les Offenbach à Paris. C'est Lucien Ménard et moi-même qui sommes allés en reconnaissance chez Mme Evelyne Vidal productrice du film Tabarnac afin de vérifier si les promesses du cinéaste Claude Faraldo étaient crédibles. Nous sommes revenus à Montréal au bout de quatre jours avec de bonnes nouvelles. Claude n'était pas un menteur ni un mythomane!
Une semaine plus tard, nous étions tous à Paris. Pourtant dans le film Gerry, la scénariste Nathalie Petrowski a omis de m'y faire paraître, tornicotant l'affaire pour faire dire à l'excellent Éric Bruneau, acteur de mon personnage, que je ne voulais pas aller en à Paris parce que je «n'aimais pas les Français». C'est fou n'est-ce pas? Non mais ça se peut-tu? J'étais à Garches! J'étais à Malesherbes!
DEUX ACTEURS: UN GRAND, L'AUTRE ORDINAIRE
Je logeais dans la chambre du prince, sous l'immense verrière des combles, avec des peaux d'ours et de loups tout autour de mon grand lit à colonnes, des candélabres, des fleurs et des chandeliers partout! Demandez à la belle Michèle Mercure qui est venue m'y voir quelques jours, la superbe amoureuse à l'origine de mon écriture de Câline de doux blues à Saint-Sauveur-des-Monts en 1972. Demandez à Willie, à Johnny, à Wézo! J'étais en France! Bon! OK là! Trève de souvenirs!
Pour la suite de ce beau film du cinéaste Alain Desrochers, je suis un spectateur ordinaire n'ayant pas été présent à partir de 1975 sauf après le retour d'Offenbach à Montréal, pour l'écriture de nombreuses chansons des albums Traversion et Never too tender. Enfin, j'ai l'honneur de souligner le travail extraordinaire de Mario Saint-Amant qui, comme il le dit et je le crois, s'est entièrement donné à personnifier Gérald Boulet jusqu'à ce que Gérald devienne «Gerry» au fil des ans.
Mario s'est tellement abandonné à jouer le rôle de «Gerry» qu'il serait devenu vide de lui-même, épuisé, presque psychotique comme Gérald. C'est le risque que prennent tous les grands acteurs depuis toujours, de mettre en jeu leur vie. Mario Saint-Amant est un grand acteur et Johnny, Willie, Wézo et Harel sont toujours vivants! Dieu merci...