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dimanche 11 janvier 2015

Un virus pour traiter le cancer du pancréas



Un virus génétiquement modifié pour détruire les cellules cancéreuses du pancréas a fait ses preuves chez des souris. Des résultats qui ouvrent la voie à un essai clinique chez l'homme.

Le pancréas se compose d’une partie "exocrine", produisant des enzymes nécessaires à la digestion et d’une partie "endocrine", qui fabrique diverses hormones dont l'insuline. Dans la grande majorité des cas, les cancers du pancréas touchent la partie exocrine, on parle alors d'adénocarcinome pancréatique. © © Inserm, JJ Duron Le pancréas se compose d’une partie "exocrine", produisant des enzymes nécessaires à la digestion et d’une partie "endocrine", qui fabrique diverses hormones dont l'insuline. Dans la grande majorité des cas, les cancers du pancréas touchent la partie exocrine, on parle alors d'adénocarcinome pancréatique. © © Inserm, JJ Duron
Le cancer du pancréas est particulièrement redoutable, puisque plus de trois quarts des patients décèdent au cours de l’année qui suit le diagnostic, et à peine 2 % sont encore en vie après 5 ans. Une équipe de cliniciens français espère avoir trouvé une approche thérapeutique efficace pour lutter contre ce cancer : l’injection d'un virus capable d’infecter et de détruire spécifiquement les cellules cancéreuses (on parle alors de "virus oncolytique"). Leurs premiers résultats sont concluants selon leur étude publiée dans la revue Human Gene Therapy.
Une nouvelle ère thérapeutique contre le cancer du pancréas
TECHNIQUE. Ils ont utilisé le virus de l'herpès et ont modifié son génome afin de le rendre inoffensif vis-à-vis des cellules saines de l’organisme mais capable de se répliquer spécifiquement dans les cellules cancéreuses du pancréas, et de les détruire. En injectant une unique dose du virus modifié à des souris, associée à une chimiothérapie, a drastiquement réduit la taille des tumeurs, sans effet indésirable dangereux pour les animaux.
Les cliniciens ne sont pas les seuls à explorer cette approche oncolytique : plusieurs autres équipes à travers le monde ont déjà testé d'autres virus dans différents cancers. "Cette approche oncolytique est étudiée depuis longtemps pour une raison simple : alors qu’une cellule saine lutte efficacement contre la réplication d’un virus, une cellule cancéreuse est beaucoup plus vulnérable. Le processus de cancérisation fait sauter des verrous protecteurs, facilitant l’entrée et la réplication des virus dans ces cellules malades", explique Pierre Cordelier, directeur de recherche au Centre de recherche en cancérologie de l’Oncopôle de Toulouse et principal auteur de l'étude.
"Mais il faut utiliser un virus qui reconnait très spécifiquement les cellules concernées et très efficace d’emblée, car le traitement repose sur une injection intratumorale unique. Nous supposons en effet qu’une seconde injection déclencherait une réaction immunitaire rapide, qui entrainerait la neutralisation du virus", ajoute-t-il.
ESSAI CLINIQUE. Avec ces travaux, les chercheurs ont apporté la preuve de concept de l’efficacité de ce virus modifié. "Il s’agit d’une nouvelle ère thérapeutique contre le cancer du pancréas, estime Pierre Cordelier. Plus rien ne s’oppose au lancement d’un essai clinique chez l’homme, estime-t-il. Au cours de cet essai il faudra par ailleurs rechercher des marqueurs prédictifs de réponse au traitement, afin de pouvoir, à terme, administrer le virus aux patients qui en bénéficieront le plus", conclut le chercheur.

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