C’est peu dire qu’on l’attendait, le service de streaming d’Apple. Mais après quelques heures d’utilisation intensive, on remarque que tout n’est pas encore parfait… Et que Deezer ou Spotify ont encore une longueur d’avance, notamment du point de vue de l’ergonomie.
iOS 8.4 introduit Apple Music, un service de musique révolutionnaire ». C’est
en ces termes qu’Apple évoque son nouveau bébé dans le descriptif de
mise à jour de son OS mobile. Révolutionnaire, vraiment ? Nous avons
joué depuis son lancement avec Apple Music, pour savoir s’il était en
mesure de faire rougir Spotify, son plus grand rival. Mais force est de
constater que les chamboulements annoncés par Apple, on ne les a pas
perçus, de notre côté.
Commençons par le commencement. Après
avoir mis à jour notre iPhone vers iOS 8.4, nous nous sommes donc rués
sur l’appli « Musique », qui permet d’accéder au service. Après une
rapide présentation, il faut déjà passer à la caisse pour valider nos
trois mois d'essai gratuit. Une étape qui ne prend d'ailleurs qu’un seul
clic, étant donné qu’Apple dispose déjà de notre numéro de carte
bancaire ! On a donc le choix entre l’abonnement individuel (9,99 euros
par mois) ou l’abonnement « famille » (14,99 euros par mois) qui permet à
six individus d’un même foyer d’utiliser le même compte, en utilisant
la fonction de « partage familial » lancé avec iOS 8.
La configuration initiale passe ensuite
par une sélection des genres musicaux que vous préférez sous forme de
bulles avec lesquelles on peut jouer à sa guise. On retrouve ici
l’héritage de Beats Music, qui proposait exactement la même chose à son
lancement en début d’année dernière.
Mais étonnamment, les genres musicaux proposés par Beats étaient bien
plus variés que ceux d’Apple Music, qui se contente de styles plutôt mainstream.
On aurait aimé pouvoir sélectionner « Dubstep », « Techno minimale » ou
« Black Metal », mais il faut se contenter de « Rock », « Jazz »,
« Musique Classique » ou encore « Top 40 ». On tapote une fois sur Rock
si « on aime bien », deux fois si « on adore », et on maintient pour
faire disparaître la bulle si on déteste le genre.
Une introduction sympathique, mais on
préférait vraiment l’interface de Beats Music, plus franche, plus
moderne que celle du nouveau service, classe mais finalement trop
proprette, peut-être trop fidèle à l’interface d’iOS. Vient ensuite la
sélection de nos artistes favoris, qui elle aussi laisse un peu à
désirer. Si vous avez choisi « Rock », on vous proposera aussi bien les
White Stripes que Johnny Hallyday, par exemple !
Apple Music, rien que « pour vous »
Toutes
ces manipulations sont nécessaires pour générer la section « Pour
vous », élément central d’Apple Music, qui vous fournit en permanence
des playlists et artistes recommandés en fonctions de ces choix initiaux
et de vos écoutes. On retrouve la encore ce qui faisait la spécificité
de Beats Music : des playlists faites avec amour par des passionnés du
genre. Et c’est vrai que c'est plutôt pas mal : à chaque utilisation,
Apple Music réussit à nous fournir des listes de lectures nouvelles et
plutôt bien senties, accompagnées d’une description succincte mais bien
rédigée de ce que l’on s’apprête à écouter.
La rubrique « pour vous » est clairement
un vrai plus par rapport à Spotify, qui se contente de vous proposer
des artistes en fonction de vos écoutes passées… avec cependant une
vraie efficacité aussi !
Des soucis d’ergonomie...
Le
bonheur que l’on a ressenti lorsqu’on a parcouru la section « Pour
Vous » d’Apple Music a cependant été de courte durée… devant le manque
d’ergonomie de l’appli. On ne sait trop à vrai dire ce qui est passé par
la tête des ingénieurs d’Apple pour oublier des choses aussi évidentes
et nous compliquer la vie de cette manière. On s’explique par
l’exemple : attirés par un titre découvert dans une playlist, nous avons
cherché à écouter d’autres morceaux du même artiste. Problème :
c’est impossible. Aucun menu ne permet d’accéder depuis un morceau en
écoute à la page de l’album ou de l’artiste. Seule option possible,
repasser par le champ de recherche !
Mise à jour :Deuf1811
sur Twitter nous indique que c'est en réalité possible, en cliquant sur
le lien en haut du menu contextuel. Etant donné qu'il n'a pas le même
statut graphique que le reste des options, nous pensions qu'il
s'agissait d'une barre de présentation du menu. Cela a au moins le
mérite de montrer que l'interface d'Apple Music mériterait encore du
travail... Merci à Deuf1811 pour le retour !
Créer une playlist est également contraignant : on ne peut le faire que depuis la section « Ma Musique », « playlist » puis « nouvelle »…
Pas lorsqu’on écoute un morceau ou une radio. Il faut alors renseigner
plusieurs champs pour valider sa sélection… puis ajouter des morceaux.
Heureusement que l’espace « Ma musique » vous permet d’enregistrer
l’ensemble des albums que vous appréciez pour les classer de façon
claire, à la manière de ce que propose déjà Spotify ou Deezer.
A gauche, l'écran de
lecture. Au centre, l'austère écran de recherche, à droite, le menu
contextuel, moche et pas des plus pratiques...
...et des petits défauts agaçants !
On
passe vite sur les autres petits défauts ergonomiques que l’on a du
subir. De manière générale, la navigation sur Apple Music est moins
intuitive, moins rapide que chez Spotify. On pourrait nous objecter
qu’il s’agit d’une question d’habitude… Mais il n’y a pas que ça. Les
recherches, aussi, prennent davantage de temps et sont moins efficaces.
Alors que Spotify vous propose d’emblée des résultats de titres,
d’artistes et d’albums dès les premiers caractères entrés, il faut ici
attendre et se contenter d’une austère page de résultats…
La gestion des chansons disponibles hors
connexion est également étrange : on ne sait jamais vraiment si un
morceau est disponible hors ligne ou non, à moins d’activer une option
bien cachée dans la bibliothèque. Apple Music n’hésite d’ailleurs pas à
télécharger en masse les fichiers y compris lorsque vous êtes connecté
sur le réseau cellulaire… Et il n’y a apparemment aucun moyen de
désactiver cette fonction. Gare à votre forfait ! Il est également
difficile de retrouver l’écran « Suivant » qui permet de gérer les
morceaux qui seront diffusés après celui que l’on est en train
d’entendre.
A gauche, un message
cryptique pour gérer les morceaux suivants, au centre, la liste de
lecture qui semble parfois bugguer, à droite le gestionnaire de
téléchargements.
Les premières minutes
d’utilisation d’Apple Music peuvent ainsi vite tourner au casse-tête.
Heureusement, les choses s’arrangent lorsqu’on commence à maitriser la
bête. Mais on est loin de la jolie interface et de l’ergonomie de
Spotify, très loin. D’autant que les choses sont également en
demi-teinte sur un ordinateur : car pour utiliser Apple Music, il faut
passer par la nouvelle version d'Tunes, un logiciel bien plus lourd que
ceux de la concurrence, surtout sur PC !
Connect, le retour de Ping ?
Apple
Music inaugure aussi Connect, un moyen pour les artistes d’entretenir
une petite page Web garnie de contenus (photos, clips, etc.) et
d’interagir avec leurs fans. Le problème, c’est que Connect manque
gravement de contenus pour l’instant et qu’il a les mêmes travers que
son ancêtre Ping, arrêté par Apple en 2012 : c’est un réseau social très
minimaliste, un peu fermé sur lui-même, et qui repose sur le bon
vouloir des artistes à alimenter leur page… Nous verrons bien dans
quelques mois si Connect parvient à séduire. En attendant, on peut
surtout y lire des messages de fans transis débordant d’emojis !
Les radios : Beats One en tête de gondole
La
« révolution » d’Apple tient aussi en une… radio, une vraie, à
l’ancienne, pas à la demande. Beats One est affichée fièrement en
« Une » de la section consacrée aux radios d’Apple Music. On y trouve
une programmation résolument haut de gamme,
avec notamment le DJ/animateur Zane Lowe aux platines… Mais encore
faut-il partager les goûts (éclectiques, il faut bien le dire) de ses
programmateurs stars pour apprécier Beats One... et maîtriser un minimum
la langue de Shakespeare puisque évidemment, tout est an Anglais !
Apple Music offre par ailleurs une
petite sélection de radios thématiques et permet surtout, comme ses
concurrents, de lancer une radio depuis une chanson ou un artiste. Ce
qui reste selon nous la meilleure option pour découvrir des pépites.
Et le son dans tout ça ?
C’était
une petite inconnue, sachant qu’Apple intègre un codec différent à un
bitrate un peu plus faible (AAC à 256 kbit/s) que ceux de la
concurrence. Et nous avons cependant été agréablement surpris par la
qualité de celui-ci. Une rapide comparaison sur plusieurs morceaux
strictement identiques entre Apple Music et le streaming « en qualité exceptionnelle »
de Spotify donnerait même un léger avantage (sur un iPhone 6 avec un
casque) au service d’Apple, qui propose, d’après nos premiers tests, un
son plus ample et un volume plus élevé que celui de Deezer ou Spotify.
Revers de la médaille, les titres sont un tantinet plus longs à lancer :
alors que la lecture démarre instantanément sur Spotify, il nous a
fallu attendre un bonne demi-seconde (en Wi-Fi) en moyenne pour initier
l’écoute sur Apple Music.
Une révolution en devenir ?
Après
quelques heures passées sur Apple Music, on se demande si Apple n’a pas
un peu précipité son lancement, tant l’appli regorge de petits défauts
de conception… Un comble pour cette entreprise, qui a justement bâti son
succès avec des produits simples et bien fichus. La bonne nouvelle,
c’est que corriger ces erreurs de jeunesse ne devrait pas être bien
difficile.
En attendant, on doit un peu souffler
chez Spotify et Deezer, dont les applis restent d'un point de vue
ergonomique supérieures à celle d'Apple, plus pratiques à utiliser.
N'hésitez pas cependant à essayer et à vous faire votre propre idée :
trois mois de musique gratuite, ça ne se refuse pas !
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