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vendredi 7 mars 2025

 Une réflexion de Boucar Diouf au sujet de Trump dans La Presse aujourd’hui :

 Une réflexion de Boucar Diouf au sujet de Trump dans La Presse aujourd’hui :

Ne bougez plus devant ce prédateur repu!

La stratégie canadienne du buffle face au président Trump n’a pas fonctionné. 

Généralement, devant la menace d’un groupe de lions, les buffles serrent les rangs et font face aux félins. Parfois, ils avancent même vers les prédateurs pour les intimider à leur tour.

Seulement, les lions savent qu’il suffit d’un harcèlement convaincant pour que la défense qui semblait solide se disperse et que le sauve-qui-peut commence. Au Canada, c’est ce que Donald Trump a fait dès qu’il a annoncé son projet de taxation. De sa Floride ensoleillée, il a ensuite regardé ses proies courir dans toutes les directions.

Complètement secoué, Justin Trudeau a fait rapidement le voyage vers Mar-a-Lago et est revenu avec de fausses bonnes nouvelles. Sentant son grand pouvoir de prédateur suprême faire mouche, M. Trump a décidé de frapper le Canada plus fort, forçant M. Trudeau à convier les provinces à une rencontre pour afficher une ligne de défense commune.

Un semblant d’unité et de solidarité nationale qui a rapidement volé en éclats devant les assauts répétés de Donald Trump qui, il faut le rappeler, trouve dans son art d’intimider, de rabaisser et d’épouvanter un élixir de longévité.

Très vite, les intérêts économiques irréconciliables entre les provinces ont créé des brèches dans la défense canadienne. Aussi, pendant que M. Chrétien chantait l’unité de la confédération, l’Alberta a affiché clairement sa dissidence et est allée plaider une exception pour ses hydrocarbures auprès du prédateur repu.

Depuis, la valse des politiciens fédéraux et provinciaux est si intense autour de Donald Trump que l’espoir commençait à envahir nos cœurs d’un océan à l’autre.

Malheureusement, le jeudi 30 janvier, le président américain nous a annoncé avec désinvolture que sa taxe de 25 % allait nous tomber dessus. Ce solide coup de poing a malmené le dollar canadien, secoué les marchés financiers et plongé nos milieux politiques, économiques et médiatiques dans une nouvelle débandade.

Pourtant, à mon avis, surréagir à chaque manifestation sonore du prédateur repu et tapi dans les broussailles de son terrain de golf est la chose à ne pas faire.

Donald Trump est un vieux lion repu qui adore parfois bien plus l’excitation de la chasse que le gibier. Un lion qui chasse pour tuer ne rugit pas, disait mon grand-père.

Les nombreux rugissements de M. Trump qui déchirent la savane politique servent surtout à rappeler qu’il est le roi incontestable de la brousse. Donc, il faut réapprendre à le juger par ce qu’il fait plutôt qu’à trembler chaque fois qu’il ouvre la bouche.

Il faut aussi se rappeler en tout temps que c’est et le niveau de panique et la volonté manifeste de le défier qui décuplent l’instinct de chasse de ce type de prédateur. Quand la souris fige, l’intérêt du chat pour la traque baisse. Cependant, la moindre agitation excite de nouveau le petit félin.

Alors, pour la suite de cette séquence d’intimidation qui cible le Canada, je propose à nos politiciens de rester un peu plus impassibles, de faire croire au prédateur repu qu’il est l’étoile qui brille seule au sommet de l’arbre généalogique du vivant.

Même si on doit organiser une riposte, si puissante soit-elle, il faut le faire dans le silence et rester flegmatique devant ses rugissements. Bref, il faut faire le mort pour ne pas doper ses instincts de prédation. En biologie, la thanatose, cet art de faire le mort pour échapper à son prédateur, est un comportement de survie qui a fait ses preuves.

Pour la suite de notre relation avec Donald Trump, je propose d’adopter la stratégie de l’opossum de Virginie comme modèle de coexistence avec le MAGA-prédateur. Ce petit mammifère nocturne est le seul marsupial vivant en Amérique du Nord. Il est aussi atypique et bizarre que le président américain puisse l’être dans sa façon de faire de la politique.

Opossum de Virginie

Parce qu’il a un pénis bifide qui ressemble à une fourchette à deux piques (je parle évidemment ici de l’opossum), dans un ouvrage qui date de 1952, le zoologue américain Carl Hartman rapporte cette fausse croyance qui voulait que les opossums copulent par leur museau. Après l’accouplement, les bébés se formaient dans leurs narines et quittaient le nez grâce à un éternuement qui les faisait atterrir dans la poche marsupiale.

Cet animal a poussé l’art de simuler la mort à son niveau le plus théâtral, un comportement que les politiciens et les médias canadiens gagneraient à imiter pour survivre au deuxième mandat de Donald Trump.

En plus de rester immobile, la bouche grande ouverte et le corps en position recroquevillée, l’opossum ralentit ses fonctions vitales et dépose de l’écume sur ses lèvres. L’animal pousse même la supercherie évolutive jusqu’à uriner et sortir de son derrière une substance visqueuse à l’odeur de cadavre.

Évidemment, on n’est pas obligé d’aller jusque-là pour décourager M. Trump de nous harceler.

Cependant, cette mise en scène multisensorielle de la mort nous placerait potentiellement hors du radar d’intérêt du prédateur repu des Amériques. Puisque les morts ne peuvent pas louanger quelqu’un, lécher ses bottes ou se faire épouvanter, son intérêt pour nous déclinerait rapidement.

Parallèlement à cette stratégie d’effacement, les libéraux de Justin Trudeau gagneraient aussi à arrêter de provoquer le prédateur repu. Un lion a beau être édenté, disait mon grand-père, sa tanière ne sera jamais un lieu de repos pour une gazelle.

Les libéraux ont commis l’indélicatesse de diffuser des publicités comparant Pierre Poilievre à Donald Trump alors que ce dernier revenait tranquillement vers le pouvoir. Maintenant que le vieux lion est bien installé dans sa tanière pour quatre ans, je croyais qu’ils allaient cesser ces tentatives de diabolisation du chef conservateur par association avec Donald Trump.

Ce n’est visiblement pas le cas, car celui qui est pressenti pour remplacer Justin Trudeau, Mark Carney, continue de comparer M. Poilievre au MAGA-prédateur, avec lequel il devrait cohabiter pendant quatre ans s’il remportait les prochaines élections. Cette ostensible diabolisation de M. Trump est une très mauvaise posture politique, car le très narcissique président Trump ne pardonne pas facilement les blessures de l’ego qu’on lui inflige.

Je suis conscient que ma proposition est une stratégie de loser et d’aplaventrisme, mais elle est aussi une stratégie de survie lorsqu’on n’a qu’une simple machette pour se défendre contre une brute mégalomane armée d’un fusil d’assaut.

La langue a toujours intérêt à ne pas se quereller avec les dents, disait ma grand-mère. Le Canada est un castor qui a toujours marché à l’ombre de l’éléphant américain.

Malheureusement, cette stratégie a ses parts de risque. Quand l’éléphant trébuche, c’est le castor qui écope. Et quand le pachyderme a la chiasse, le castor n’est pas plus épargné.

Alors, lorsque nous sortirons de ce gros merdier dans lequel Donald Trump nous enfonce collectivement, il faudra trouver une façon de s’éloigner économiquement de l’ombre de l’animal emblématique du Parti républicain.

En attendant ce nécessaire virage, on peut faire quelque chose. Achetons les produits québécois et canadiens. Entre deux marchandises, faisons l’effort d’encourager les producteurs d’ici. 

Même si c’est pour quelques dollars, ça vaut la peine.


Par:  réflexion de Boucar Diouf

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