Les racines théosophiques du Nouvel Age
Le Nouvel Age n’est pas né de rien : il apparaît en 1962 comme l’aboutissement d’un cheminement qui s’enracine dans un mouvement annonciateur : la Société Théosophique, fondée en 1875 par Mme Héléna Petrovna Blavatsky [1] auquel s’était associé le colonel H. S. Olcott.
C’est sans doute l’aspect peu conventionnel de ce mouvement, qui en a fait le terreau du Nouvel Age : « en principe » la Théosophie est un mouvement bien structuré et hiérarchisé, mais en pratique les loges qui s’en réclament tendent à échapper à la direction centrale et n’hésitent pas à véhiculer des doctrines parfois contradictoires ; « en principe » la Théosophie se rattache à l’hindouisme et au bouddhisme et ne craint pas de se déclarer ouvertement antichrétienne, mais Annie Besant [2] écrira un ouvrage intitulé : Le christianisme ésotérique ; « en principe » la Théosophie se défend d’être un nouveau mouvement religieux, mais elle se présente comme tel sous bien des aspects ; « en principe » elle n’est pas un nouveau mouvement magique, mais fait une large part à l’occultisme ; elle combat le spiritisme dans ses discours mais invoque les esprits. On comprend que ce pseudo-mouvement sans structure précise, ait pu fonctionner comme précurseur du « réseau » Nouvel Age. L’attente d’un âge d’or apparaît d’ailleurs sous la plume d’Annie Besant, qui succède en 1907 au colonel H. S. Olcott – lui même successeur de HPB – à la tête de la Société Théosophique. Cet âge d’or devait être inauguré par un Maître mondial, que Annie Besant et son fidèle collaborateur M. C. W. Leadbeater [3] croient reconnaître dans le jeune Giddu Krishnamurti (1895-1986). L’aventure finira mal lorsqu’en 1929 Krishnamurti renoncera publiquement à son rôle messianique, pour entamer une carrière de philosophe religieux indépendante. Rudolph Steiner [4]. profitera de ce différend pour quitter la Théosophie et fonder sa propre école ésotérique : la Société Anthroposophique. C’est également des rangs de la Théosophie que sortira Alice Bailey, fondatrice de l’école Arcane, qui vulgarise l’expression « Nouvel Age » et introduit le thème du retour prochain du Christ. Alice Bailey demeure un des prophètes les plus autorisés du Nouvel Age. Les fondations Esalen et Findhorn, se sont d’ailleurs largement inspirées de ses ouvrages. La Société Théosophique n’est bien sûr pas le seul terreau dans lequel le Nouvel Age plante ses multiples racines. Comme nous le découvrirons progressivement, celles-ci s’enfoncent non seulement dans la tradition ésotérique, mais également dans certains courants philosophiques et dans de nouvelles branches des sciences humaines.