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Lolcats, 4chan, mème ou rickroll: derrière ces mots inconnus du grand public se cachent pourtant des phénomènes culturels de masse propres à internet que les journalistes Titiou Lecoq et Diane Lisarelli décryptent avec humour dans l'Encyclopédie de la web culture.
Paru chez Robert Laffont, l'ouvrage n'a rien à voir avec un «Internet pour les nuls» qui traiterait de gestion de boîte courriel ou de langage html. «On est incapables de coder», assurent-elles en souriant.
«Geeks» revendiquées, elles décrivent tout une «sous culture méprisée, peu traitée dans les médias, pas toujours accessible» mais qui reflète une grande part du web et de ses valeurs comme la gratuité, le partage et le second degré.
Pour l'AFP, elles reviennent sur quelques uns des phénomènes qu'elles analysent sur 320 pages:
- le mème: «C'est un "running gag" persistant», souligne Titiou Lecoq, qui collabore à slate.fr. «C'est une photo, une citation ou un lien, que les internautes détournent et se réapproprient». Le mème, qui se réplique et se démultiplie à l'envie, joue sur l'humour totalement absurde et décalé. Ainsi une image de Keanu Reeves mangeant un sandwich sur un banc est-elle devenue le mème «Sad Keanu»: à coup de grossiers montages Photoshop, l'image de l'acteur est détournée ad infinitum. En France, l'acteur Louis Garrel et Benjamin Biolay comptent parmi les «victimes» préférées de la créativité des internautes.
- rickroll: c'est une autre forme de mème qui a gagné ses lettres de noblesse en étant utilisé par la Maison Blanche sur son compte twitter. Le concept: un lien est posté, censé renvoyer vers un contenu intéressant. Mais si on clique, on tombe systématiquement sur le clip d'un vieux tube des années 80: Never Gonna Give You Up de Rick Astley. Pour Diane Lisarelli, qui travaille aux Inrockuptibles, le chanteur est ainsi devenu «figure emblématique du chaos absurde et organisé du web».
- 4chan: s'il comporte de multiples fils de discussion, ce forum est devenu «mythique» à cause de sa section /b/ (ou random, «hasard» en anglais), la plus active en terme de «grand n'importe quoi» soulignent les deux auteurs. On y trouve de tout: sans aucune limite, et surtout pas le bon goût, les milliers d'utilisateurs qui y postent «sont capables du meilleur comme du pire». À savoir lancer une campagne de harcèlement contre une adolescente dont une vidéo mise en ligne n'a pas plu ou «aider la police à retrouver des pédophiles» précise Titiou Lecoq. 4chan est une sorte de négatif de Facebook dit-elle également: «pas de mise en scène, anonymat absolu, pas d'archives et pas de règles (d'utilisation)».
- le chat ou le «roi de la jungle internet»: pour Titiou Lecoq, c'est l'animal «asocial, de l'intellectuel, qui n'a pas besoin des autres pour vivre», ce qui le rapproche ainsi des premiers utilisateurs d'internet, longtemps considérés comme des individus ayant «des problèmes de socialisation». «Il y a dix ans, internet était une activité solitaire, un marqueur social négatif», abonde Diane Lisarelli. Depuis, Facebook et les réseaux sociaux sont passés par là mais les chats, avec des milliers de vidéos, remplissent les pages web. «Le côté majestueux du chat donne un côté très drôle s'il se casse la figure. L'effet n'est pas le même avec un hamster», sourit Titiou Lecoq. Autre gros succès félin, les Lolcats, soit une image de chat «accompagnée d'une légende incrustée en anglais écorché, de manière à faire dire n'importe quoi au chat sur la photo». Tous les adeptes du genre se retrouvent sur le site icanhascheezburger.com.
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