Une ancienne préposée aux bénéficiaires publie une percutante lettre de démission
Surcharge de travail et manque d’empathie de la part de collègues l’ont poussée à renoncer à sa vocation
Danika Paquin se dit
très triste d’avoir laissé un travail et des collègues auxquels elle
tenait beaucoup, mais la pression ne lui convenait plus.
Une préposée aux bénéficiaires qui n’en pouvait plus
d’être «détruite physiquement et psychologiquement» par son travail au
Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR) a décidé de
diffuser sa lettre de démission, une missive percutante qui s’est
répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.
Danika Paquin, 34 ans, décrit d’emblée le métier de préposé aux bénéficiaires comme étant sa vocation, au début de sa lettre de démission. Néanmoins, la mère de famille a décidé de quitter son travail, à regret. «Si je pouvais résumer en une phrase, je dirais: mon métier me détruit. Autant physiquement que psychologiquement», écrit-elle, dès le début.
Mme Paquin a remis sa démission il y a un an, mais sa lettre a été publiée il y a quelques jours, après qu’elle eut réagi à la publication d’un préposé aux bénéficiaires qui vivait des difficultés similaires. Elle dénonce le fait d’avoir été surchargée de travail, en plus d’avoir souffert du manque d’empathie de certains collègues.
«Je me suis vidé le cœur», exprime-t-elle pour décrire le ton de sa lettre.
Toujours dans cette même missive, elle explique le quotidien habituel d’un préposé aux bénéficiaires, une journée toujours bien remplie et où il est impossible d’accomplir toutes les tâches. «C’était un calvaire», lance-t-elle.
Dégradant
Elle mentionne avoir souffert du ton condescendant de quelques collègues à son égard, alors qu’elle devait se débrouiller dans des départements tout à fait nouveaux pour elle. «Dans les centres hospitaliers, du moment que tu es dans la gang, tu es respecté. Mais ça prend du temps avant d’avoir une permanence, donc on se promène beaucoup. On est toujours la petite nouvelle», déplore-t-elle.
Si elle pouvait lancer un message aux collègues immédiats des préposés, soit les infirmiers et les infirmières, ce serait le suivant: «Soyez plus vigilants, plus ouverts d’esprit. Ça se peut que la petite nouvelle, bien, elle opère moins vite», insiste-t-elle.
Mme Paquin comprend que le personnel médical est toujours grandement surchargé de travail, mais estime qu’il y a un grand manque de tolérance entre les employés. «Nous aussi, on est débordés, mais on dirait que c’est moins important, avance-t-elle. Il y a beaucoup de hiérarchie.»La lettre de Mme Paquin a été partagée plus de 4000 fois sur Facebook. Les commentaires sont nombreux, particulièrement de gens faisant le travail de préposé aux bénéficiaires.
«Ce n’est pas juste au CHRTR. Ils vivent tous la même chose», insiste-t-elle.
À qui de droit, (membres de la direction, gouvernement ou tout autre personne qui détient le pouvoir de faire évoluer les choses...)
Ça fait des jours que je cherche la bonne façon de décrire, d'expliquer, de m'exprimer, afin de mieux faire comprendre les raisons pour lesquelles j'ai démissionné de ma vocation de PAB. Si je pouvais résumer en une phrase, je dirais « Mon métier me détruit » autant physiquement que psychologiquement. Je ne cherche pas la pitié, je demande seulement un peu d'empathie, de l’écoute et de la reconnaissance, de la compréhension, mais surtout du soutien,,, le désir de vous faire réaliser... que je tente de sauver mes collègues ainsi que les patients des centres hospitaliers, et peut-être recevoir un peu de ce que j'ai tant donné... !
Pour commencer, avoir entre 12 et 16 patients pour une seule préposée.... C'est selon MON jugement, INHUMAIN! Comme j’aimerais vous faire visualiser !!!
D'abord, faisons une moyenne entre le minimum et le maximum de patients attribués à une préposée. Une journée typique où j'ai 14 patients. J'arrive à 7hrs am. Je dois distribuer le déjeuner à 8hrs am. Je dois évidemment lever tous les 14 patients au fauteuil (pour stimuler leur autonomie) en une heure, on se comprend là-dessus ?
J’aimerais savoir, combien de temps concédez-vous à une personne pour lever ces 14 patients en considérant qu’il y a en moyenne (sans exagérer):
-2 patients paralysés d'un côté.
-2 patientes très confuses qui ont jouées dans leurs culottes d'incontinence et ont faits des dégâts dans leurs lits, leurs mains, leurs visages... (Changements de lits urgents, on s'entend ???)
-2 patients très lourds qui souffrent au dos.
-2 patients branchés sur des pompes avec lunettes d'oxygène et sondes, bref remplis de fils !!!
-2 patients à qui l'on doit expliquer et réexpliquer les principes de la marchette (pour stimuler leur autonomie) et les installer dans un fauteuil gériatrique avec ceinture et tablette.
-1 patient à installer droit dans son lit, oreiller au dos, parce qu'il doit rester alité.
-2 patients qui sont faciles à mobiliser, mais qui refusent de se lever et deviennent agressifs.
-1 patient autonome. (La joie!)
Mais ce n'est pas tout. Pendant que l'on doit lever tous ces patients:
-6 d'entre eux ont besoin d'aller aux toilettes, se déplacer (pour stimuler leur autonomie) et les autres on doit, soit changer leurs culottes, soit les installer sur la bassine ou la chaise d'aisance.
En une heure, pensez-vous que c'est possible de BIEN faire tout ça ???
Je mets de l'importance sur le mot BIEN et je m'explique...
Je parle de « bien faire » dans le sens où :
-J'aime quand mes patients travaillent eux-mêmes le plus possible pour se mobiliser (ça stimule leur autonomie), mais je pourrais aussi les prendre par le dessous des bras et la culotte et tirer, en disant « Go on se lève » ça irait plus vite !!!
-J'aime aussi quand mes patients ont les parties génitales et les mains bien nettoyées lorsqu'ils vont à la toilette (c'est plus sain), mais je pourrais camoufler le tout avec une culotte d'incontinence neuve, sans laver leurs mains et personne n'en saurait rien, ça irait plus vite !!!
-J'aime aussi répondre aux cloches d'appels le plus efficacement possible. (Souvent les besoins des patients sont importants), mais je pourrais simplement éteindre la cloche d’appel sans répondre à la demande du patient, ça irait plus vite !!!
Bon, revenons au déjeuner. À chaque cabaret distribué, je leur installe un tablier et m'assure qu'ils aient les mains propres.
Sur les 14 cabarets distribués :
-9 d'entre eux ont besoin d'aide pour ouvrir tout leurs contenants.
-7 d'entre eux ne graissent pas leurs rôties et on les assiste le temps qu'ils le fassent seul avec consignes (pour stimuler leur autonomie).
-2 d'entre eux ne mangent pas seul.
Combien de temps allouez-vous à une personne pour nourrir deux êtres humains ???
Ensuite la PAB doit ramasser tous les cabarets, noter le pourcentage de la nourriture mangée par le patient et noter s'il y a lieu les dosages de liquide bu.
Maintenant, pour continuer dans les moyennes non exagérées...
-9 bains partiels ou complets doivent être faits (en moyenne, selon notre plan de travail).
-3 lits doivent être changés au complet (sans compter les imprévus).
Combien de temps accordez-vous pour BIEN faire ces tâches ???
Je m'explique encore sur le mot « BIEN »...
-J'aime nettoyer avec soins mes patients. Savonner, rincer, essuyer, crémer (ils le méritent), mais je pourrais aussi n'utiliser que le savon sans rinçage qui n'élimine pas les odeurs et qui ne sent rien et essuyer très rapidement en laissant de l'humidité, personne ne le saurait, ça irait plus vite !!!
-J'aime faire la barbe de mes patients. Ils sont âgés mais ont encore une fierté et j'ai l'impression qu'ils feel mieux (c'est sûrement psychologique de ma part). Je pourrais me dire, la barbe peut s'endurer encore 1 jour ou 2, les employés de demain le feront, ça irait plus vite !!!
(et je me le dis souvent, je n’ai pas le choix).
-J'aime quand mes patients propres se couchent dans un lit propre. Je pourrais tout simplement ne pas le faire quand le lit ne semble pas souillé, ça irait plus vite !!!
Ensuite arrive le temps du dîner. Je pourrais répéter le même paragraphe que celui du déjeuner (ça aurait plus d'impact), mais je vais m'abstenir en espérant que cette partie là, ait été bien comprise... ça va aller plus vite !!!
Pour faire plus court dans toutes les tâches que je n'ai pas encore mentionnées, je vais les ajouter ici... Notez bien qu'on termine notre chiffre de travail à 15hrs pm. En épargnant beaucoup de détails, puisque les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas...!
- La moitié des patients veulent se coucher après déjeuner, se relever pour diner, se recoucher après diner et parfois se relever encore. (Moyenne de 21 mobilisations en levée et couché).
- Presque tous vont à la toilette 3 fois par chiffre de jour (13x3=39), (Pour un patient autonome à ne pas oublier) !!!
Regardez bien, juste la dernière phrase entre parenthèse... 39 FOIS allés/retours des toilettes ou changements de culottes !
Combien de temps estimez-vous à quelqu'un pour faire cette tâche 39 fois ???
(N'oubliez pas d'ajouter à ça les 9 bains partiels ou pas, les 3 changements de lit et la liste qui suit...)
-3 patients doivent être préparés pour un examen. Ce qui s’avère être de nouvelles mobilisations.
-1 départ ou une admission de patient (qui inclut du temps de préparation).
-5 collations à distribuer aux personnes diabétiques (on ne les lance pas sur les tables. Ça indique ici d'installer le patient pour qu'il soit capable de manger ou de le nourrir s'il en est pas capable seul).
-Vider les poches souillées dans la chute à linge. (Moyenne 7 par jour, s'il n'y a pas de cas en isolation).
-Désinfecter tous les chariots de poches souillées
-Faire la tâche de la semaine (ex : laver le frigidaire appartenant à tout le personnel).
-Remplir les chariots de lingerie, de nettoyants, crèmes, culottes, etc.
-Ramasser les traîneries sur les tables des patients et désinfecter celles-ci.
-Chaque civière ou fauteuil roulant doit être désinfectés après utilisation.
-Sans oublier que l'on a en moyenne 1h15 min. de pause et dîner combinés.
Aussi, plusieurs imprévus arrivent au mauvais moment. En moyenne (j'aime faire une moyenne de mes 5 années d'expériences) 2 de cette liste arrivent au moins à tous les jours.
- Renversement de pichet d'eau.
- Vomissures.
- Dégâts de selles ou d'urine.
- Mauvais cabaret (doit se rendre à la cafétéria en chercher un autre).
-.Commission à faire pour infirmière (aller en stérilisation ou aller chercher commande au laboratoire).
-.Patients à risque de chute qui se lève seul trop souvent (surveillance étroite difficile à faire lorsqu'on est occupé à une autre tâche).
-.Faire marcher les patients, selon le tableau de recommandation du programme de mobilisation.
- Bonbonnes d'oxygène vides lorsqu'on en a besoin immédiatement.
- Patients en isolation (C difficile ou SARM) qui demande plus de temps de préparation.
- Réunion d'équipe à tous les matins (où souvent les préposées sont parfois trop occupées pour y assister, et ça ne semble pas toujours très important aux yeux d'une partie du reste du personnel que la préposée ne connaisse pas les problèmes de ses patients).
- Mettre le plan de travail à jour et signer les tâches faites.
- Nettoyage des bassines, bols de bain et autres équipements.
- Patient qui utilise la cloche d’appel régulièrement parce qu’il a chaud, froid, est mal installé, ça lui pique dans le dos, est inquiet, etc.
Vous adjugez combien de temps aux imprévus ???
Notez bien, que mes patients ont toujours été MA PRIORITÉ. Je sais aussi qu'ils m'appréciaient. Souvent je me suis fait remercier de ma douceur et ma délicatesse. J'aimais beaucoup le nouveau programme de mobilité (faire bouger les patients) en fixant des objectifs aux patients sur leur capacité de marcher, d'aller de plus en plus loin, ainsi que leurs AVQ. Mon but premier était de mettre du bonheur dans leur journée, ils en avaient besoin! De plus, j’ai quand même eu la chance de travailler avec des infirmières en or qui s’épuisaient aussi au travail parce qu’elles (ou ils) aidaient beaucoup à mobiliser les patients en plus de leurs tâches... et je les remercie! Par contre, avec tout l'ouvrage qui en découlait la majorité du temps, je dois avouer que j'étais plus qu'épuisée à la fin de la journée.
Maintenant, je tiens à mentionner un point important à mes yeux (qui concerne tout le monde). Le manque de solidarité entre « certains collègues » ou autres quarts de travail... Je précise ici un point important puisque j'en ai été affectée moi-même comme plusieurs, et je l'ai trop souvent remarqué pour ne pas le mentionner.
Avant de vous en faire part j'insiste sur une précision. Tous les points que j'ai dictés plus haut en parlant de ce que j'aime « bien faire » avec les patients, ont été faits de ma part avec tout mon coeur et toute mon énergie. J'ai toujours fait mes tâches du mieux que je pouvais en donnant mon 100%. Prenant soin des patients, je n'ai jamais eu cette école de pensée qui dit « Ça va aller plus vite »!
Mentionnons maintenant les remarques négatives (de certaines personnes) que j'appelle en autre terme « du bitchage » et qui peuvent nuire au rendement, à l'estime et à la confiance en soi et qui peuvent mener à l'épuisement à force de vouloir être parfaite pour satisfaire et plaire à tous...
J'ajouterai entre parenthèses ma remarque personnelle.
- Plainte d’une collègue du chiffre du soir que les plats de collations ne sont pas ramassés sur les tables des patients. (Dans le pire des cas, il y en a juste 5 qui traînent, alors en passant les verres d'eau avec ton chariot, tu peux facilement les ramasser non ?!!)
- Plainte d’une collègue du chiffre de soir sur le fait que les draps du fauteuil patient n'ont pas été changés en même temps que le lit. (Quand je change le lit du patient, souvent le patient est assis sur son fauteuil, je ne peux donc pas changer le drap du fauteuil. Plus tard, je manque souvent de temps. Mais toi tu peux! À 10hrs le soir quand tous les patients sont couchés!!! Et si tu n’as pas le temps.... Je ne te jugerai pas) wink emoticon
- Plainte d’une collègue du chiffre de soir que les culottes n'ont pas été changées pendant la dernière tournée. (Si je commence ma dernière tournée de culottes à 14hrs et que toi tu passes à 15h30, il est fort possible que tu trouves une ou deux culottes souillées. Penses-tu que je ne vois jamais de culottes souillées quand je commence mon chiffre le matin? Et non, je ne me plains pas, je comprends que ça se peut, puisqu’il n’y a pas encore de minuterie sur la vessie des gens...) !!!
- Plainte d'un autre chiffre que le vidage des poches de linge souillées ou le remplissage n'ont pas été fait. (Ben non! Je n’ai pas eu le temps aujourd'hui! C’est rare mais ça arrive. Câline... Mes patients ont été prioritaires! J'espère, moi aussi, que ça ira mieux demain !!!)
-.Affirmation d'une collègue à une autre lorsque j'ai travaillé dans un département où je n'étais pas habitué du tout et qui demande des soins particuliers. «Ha non! Ils nous envoient toujours des petites nouvelles qui sont pas habituées, j'suis assez tannée»! (Yououuu!! je suis là! Que c'est agréable de commencer une journée avec un bel accueil comme ça !!! Surtout quand j’ai angoissé toute la nuit à l'idée d'être obligé d'aller travailler à un endroit où je ne suis pas à l'aise du tout et que j’appréhendais déjà ce genre d’attitude ! Je me demande bien pourquoi...)
-.Phrase que j'ai entendue trop souvent dans plusieurs départements, sauf dans mon département habituel où mes collègues me connaissent bien. « ELLE EST OÙ MA PRÉPOSÉE ? » ou encore « Heille! C'est tu toi ma préposée ? Viens ici j'ai besoin ! » (Heu... J’ai un prénom moi aussi et il est encore plus beau que « ma préposée »! De plus, je ne t'appartiens pas! Nous sommes une équipe de 3. Serait-il possible de retenir mon prénom qui est écrit au tableau ?!! Au pire, écris-le sur ton bras si tu n’as pas de mémoire...)
On tente d’apprendre aux enfants le respect, l’acceptation, la compréhension, la communication, bref, rendu en milieu de travail est-ce que l’on pourrait appliquer ces belles valeurs? Croyez-moi, L’harmonie et la qualité du travail accompli commence par tout ceci... wink emoticon
Voilà toutes les raisons pour lesquelles je me suis épuisée à vouloir satisfaire à tout le monde dans ce que je croyais être « Ma Vocation ».
La petite goutte qui a fait déborder le vase maintenant...!
Je suis monoparental. Je n'ai pas de mère ou belle-mère qui est disponible en tout temps, comme bien d'autres, pour s'occuper de mon enfant au besoin. Comme je suis seule avec mon enfant, je ne suis pas assez fortuné pour réserver un budget au gardiennage. Étant disponible sur le chiffre de jour, on exige d’être disponible et de travailler au moins 2 soirs semaine. Je réussis parfois à m’organiser mais là dans ce cas-ci c’était plus compliqué. On me demandait de travailler de soir (dans le département mentionné plus haut où je ne suis pas à l'aise et ne me sens pas la bienvenue) et de rentrer de jour le lendemain. Je tente par tous les moyens de trouver une solution. Je demande un refus de quart. On me dit que selon la nouvelle convention, on ne peut plus faire ça. Je tente d’échanger avec un autre employé, je ne trouve personne et je n’ai pas droit à la liste d’employés. Je demande alors des vacances fractionnées. On me le refuse aussi, je ne suis pas dans les délais. Donc, je demande à la liste de rappel de me proposer une autre solution. Voici la solution que j'ai reçue, sur un ton de voix aussi agréable qu’une gastro : « Trouve toi une gardienne comme tout le monde »!
J'ai démissionné!
NB (Je tiens à ajouter que pendant mes 5 années au centre hospitalier de ma région, j’ai fait des rencontres merveilleuses. Je m’ennuie de mes collègues avec qui j’ai développé une belle complicité, ce qui rendait tout de même l’atmosphère agréable à travailler. Je m’ennuie également de mettre du soleil dans la journée de mes patients. Pour eux, j’étais à ma place, et ils appréciaient ma façon de prendre soins d’eux. Je les remercie, collègues et patients, qui m’ont permis de tenir le coup pendant tout ce temps. Maintenant, je ne suis plus là, mais sachez que je vous appuierai toujours et m’impliquerai à faire reconnaître cette gratifiante vocation !!!
Source.:
Danika Paquin, 34 ans, décrit d’emblée le métier de préposé aux bénéficiaires comme étant sa vocation, au début de sa lettre de démission. Néanmoins, la mère de famille a décidé de quitter son travail, à regret. «Si je pouvais résumer en une phrase, je dirais: mon métier me détruit. Autant physiquement que psychologiquement», écrit-elle, dès le début.
Mme Paquin a remis sa démission il y a un an, mais sa lettre a été publiée il y a quelques jours, après qu’elle eut réagi à la publication d’un préposé aux bénéficiaires qui vivait des difficultés similaires. Elle dénonce le fait d’avoir été surchargée de travail, en plus d’avoir souffert du manque d’empathie de certains collègues.
«Je me suis vidé le cœur», exprime-t-elle pour décrire le ton de sa lettre.
Toujours dans cette même missive, elle explique le quotidien habituel d’un préposé aux bénéficiaires, une journée toujours bien remplie et où il est impossible d’accomplir toutes les tâches. «C’était un calvaire», lance-t-elle.
Dégradant
Elle mentionne avoir souffert du ton condescendant de quelques collègues à son égard, alors qu’elle devait se débrouiller dans des départements tout à fait nouveaux pour elle. «Dans les centres hospitaliers, du moment que tu es dans la gang, tu es respecté. Mais ça prend du temps avant d’avoir une permanence, donc on se promène beaucoup. On est toujours la petite nouvelle», déplore-t-elle.
Si elle pouvait lancer un message aux collègues immédiats des préposés, soit les infirmiers et les infirmières, ce serait le suivant: «Soyez plus vigilants, plus ouverts d’esprit. Ça se peut que la petite nouvelle, bien, elle opère moins vite», insiste-t-elle.
Mme Paquin comprend que le personnel médical est toujours grandement surchargé de travail, mais estime qu’il y a un grand manque de tolérance entre les employés. «Nous aussi, on est débordés, mais on dirait que c’est moins important, avance-t-elle. Il y a beaucoup de hiérarchie.»La lettre de Mme Paquin a été partagée plus de 4000 fois sur Facebook. Les commentaires sont nombreux, particulièrement de gens faisant le travail de préposé aux bénéficiaires.
«Ce n’est pas juste au CHRTR. Ils vivent tous la même chose», insiste-t-elle.
Lettre publiée intégralement
Bonjour,À qui de droit, (membres de la direction, gouvernement ou tout autre personne qui détient le pouvoir de faire évoluer les choses...)
Ça fait des jours que je cherche la bonne façon de décrire, d'expliquer, de m'exprimer, afin de mieux faire comprendre les raisons pour lesquelles j'ai démissionné de ma vocation de PAB. Si je pouvais résumer en une phrase, je dirais « Mon métier me détruit » autant physiquement que psychologiquement. Je ne cherche pas la pitié, je demande seulement un peu d'empathie, de l’écoute et de la reconnaissance, de la compréhension, mais surtout du soutien,,, le désir de vous faire réaliser... que je tente de sauver mes collègues ainsi que les patients des centres hospitaliers, et peut-être recevoir un peu de ce que j'ai tant donné... !
Pour commencer, avoir entre 12 et 16 patients pour une seule préposée.... C'est selon MON jugement, INHUMAIN! Comme j’aimerais vous faire visualiser !!!
D'abord, faisons une moyenne entre le minimum et le maximum de patients attribués à une préposée. Une journée typique où j'ai 14 patients. J'arrive à 7hrs am. Je dois distribuer le déjeuner à 8hrs am. Je dois évidemment lever tous les 14 patients au fauteuil (pour stimuler leur autonomie) en une heure, on se comprend là-dessus ?
J’aimerais savoir, combien de temps concédez-vous à une personne pour lever ces 14 patients en considérant qu’il y a en moyenne (sans exagérer):
-2 patients paralysés d'un côté.
-2 patientes très confuses qui ont jouées dans leurs culottes d'incontinence et ont faits des dégâts dans leurs lits, leurs mains, leurs visages... (Changements de lits urgents, on s'entend ???)
-2 patients très lourds qui souffrent au dos.
-2 patients branchés sur des pompes avec lunettes d'oxygène et sondes, bref remplis de fils !!!
-2 patients à qui l'on doit expliquer et réexpliquer les principes de la marchette (pour stimuler leur autonomie) et les installer dans un fauteuil gériatrique avec ceinture et tablette.
-1 patient à installer droit dans son lit, oreiller au dos, parce qu'il doit rester alité.
-2 patients qui sont faciles à mobiliser, mais qui refusent de se lever et deviennent agressifs.
-1 patient autonome. (La joie!)
Mais ce n'est pas tout. Pendant que l'on doit lever tous ces patients:
-6 d'entre eux ont besoin d'aller aux toilettes, se déplacer (pour stimuler leur autonomie) et les autres on doit, soit changer leurs culottes, soit les installer sur la bassine ou la chaise d'aisance.
En une heure, pensez-vous que c'est possible de BIEN faire tout ça ???
Je mets de l'importance sur le mot BIEN et je m'explique...
Je parle de « bien faire » dans le sens où :
-J'aime quand mes patients travaillent eux-mêmes le plus possible pour se mobiliser (ça stimule leur autonomie), mais je pourrais aussi les prendre par le dessous des bras et la culotte et tirer, en disant « Go on se lève » ça irait plus vite !!!
-J'aime aussi quand mes patients ont les parties génitales et les mains bien nettoyées lorsqu'ils vont à la toilette (c'est plus sain), mais je pourrais camoufler le tout avec une culotte d'incontinence neuve, sans laver leurs mains et personne n'en saurait rien, ça irait plus vite !!!
-J'aime aussi répondre aux cloches d'appels le plus efficacement possible. (Souvent les besoins des patients sont importants), mais je pourrais simplement éteindre la cloche d’appel sans répondre à la demande du patient, ça irait plus vite !!!
Bon, revenons au déjeuner. À chaque cabaret distribué, je leur installe un tablier et m'assure qu'ils aient les mains propres.
Sur les 14 cabarets distribués :
-9 d'entre eux ont besoin d'aide pour ouvrir tout leurs contenants.
-7 d'entre eux ne graissent pas leurs rôties et on les assiste le temps qu'ils le fassent seul avec consignes (pour stimuler leur autonomie).
-2 d'entre eux ne mangent pas seul.
Combien de temps allouez-vous à une personne pour nourrir deux êtres humains ???
Ensuite la PAB doit ramasser tous les cabarets, noter le pourcentage de la nourriture mangée par le patient et noter s'il y a lieu les dosages de liquide bu.
Maintenant, pour continuer dans les moyennes non exagérées...
-9 bains partiels ou complets doivent être faits (en moyenne, selon notre plan de travail).
-3 lits doivent être changés au complet (sans compter les imprévus).
Combien de temps accordez-vous pour BIEN faire ces tâches ???
Je m'explique encore sur le mot « BIEN »...
-J'aime nettoyer avec soins mes patients. Savonner, rincer, essuyer, crémer (ils le méritent), mais je pourrais aussi n'utiliser que le savon sans rinçage qui n'élimine pas les odeurs et qui ne sent rien et essuyer très rapidement en laissant de l'humidité, personne ne le saurait, ça irait plus vite !!!
-J'aime faire la barbe de mes patients. Ils sont âgés mais ont encore une fierté et j'ai l'impression qu'ils feel mieux (c'est sûrement psychologique de ma part). Je pourrais me dire, la barbe peut s'endurer encore 1 jour ou 2, les employés de demain le feront, ça irait plus vite !!!
(et je me le dis souvent, je n’ai pas le choix).
-J'aime quand mes patients propres se couchent dans un lit propre. Je pourrais tout simplement ne pas le faire quand le lit ne semble pas souillé, ça irait plus vite !!!
Ensuite arrive le temps du dîner. Je pourrais répéter le même paragraphe que celui du déjeuner (ça aurait plus d'impact), mais je vais m'abstenir en espérant que cette partie là, ait été bien comprise... ça va aller plus vite !!!
Pour faire plus court dans toutes les tâches que je n'ai pas encore mentionnées, je vais les ajouter ici... Notez bien qu'on termine notre chiffre de travail à 15hrs pm. En épargnant beaucoup de détails, puisque les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas...!
- La moitié des patients veulent se coucher après déjeuner, se relever pour diner, se recoucher après diner et parfois se relever encore. (Moyenne de 21 mobilisations en levée et couché).
- Presque tous vont à la toilette 3 fois par chiffre de jour (13x3=39), (Pour un patient autonome à ne pas oublier) !!!
Regardez bien, juste la dernière phrase entre parenthèse... 39 FOIS allés/retours des toilettes ou changements de culottes !
Combien de temps estimez-vous à quelqu'un pour faire cette tâche 39 fois ???
(N'oubliez pas d'ajouter à ça les 9 bains partiels ou pas, les 3 changements de lit et la liste qui suit...)
-3 patients doivent être préparés pour un examen. Ce qui s’avère être de nouvelles mobilisations.
-1 départ ou une admission de patient (qui inclut du temps de préparation).
-5 collations à distribuer aux personnes diabétiques (on ne les lance pas sur les tables. Ça indique ici d'installer le patient pour qu'il soit capable de manger ou de le nourrir s'il en est pas capable seul).
-Vider les poches souillées dans la chute à linge. (Moyenne 7 par jour, s'il n'y a pas de cas en isolation).
-Désinfecter tous les chariots de poches souillées
-Faire la tâche de la semaine (ex : laver le frigidaire appartenant à tout le personnel).
-Remplir les chariots de lingerie, de nettoyants, crèmes, culottes, etc.
-Ramasser les traîneries sur les tables des patients et désinfecter celles-ci.
-Chaque civière ou fauteuil roulant doit être désinfectés après utilisation.
-Sans oublier que l'on a en moyenne 1h15 min. de pause et dîner combinés.
Aussi, plusieurs imprévus arrivent au mauvais moment. En moyenne (j'aime faire une moyenne de mes 5 années d'expériences) 2 de cette liste arrivent au moins à tous les jours.
- Renversement de pichet d'eau.
- Vomissures.
- Dégâts de selles ou d'urine.
- Mauvais cabaret (doit se rendre à la cafétéria en chercher un autre).
-.Commission à faire pour infirmière (aller en stérilisation ou aller chercher commande au laboratoire).
-.Patients à risque de chute qui se lève seul trop souvent (surveillance étroite difficile à faire lorsqu'on est occupé à une autre tâche).
-.Faire marcher les patients, selon le tableau de recommandation du programme de mobilisation.
- Bonbonnes d'oxygène vides lorsqu'on en a besoin immédiatement.
- Patients en isolation (C difficile ou SARM) qui demande plus de temps de préparation.
- Réunion d'équipe à tous les matins (où souvent les préposées sont parfois trop occupées pour y assister, et ça ne semble pas toujours très important aux yeux d'une partie du reste du personnel que la préposée ne connaisse pas les problèmes de ses patients).
- Mettre le plan de travail à jour et signer les tâches faites.
- Nettoyage des bassines, bols de bain et autres équipements.
- Patient qui utilise la cloche d’appel régulièrement parce qu’il a chaud, froid, est mal installé, ça lui pique dans le dos, est inquiet, etc.
Vous adjugez combien de temps aux imprévus ???
Notez bien, que mes patients ont toujours été MA PRIORITÉ. Je sais aussi qu'ils m'appréciaient. Souvent je me suis fait remercier de ma douceur et ma délicatesse. J'aimais beaucoup le nouveau programme de mobilité (faire bouger les patients) en fixant des objectifs aux patients sur leur capacité de marcher, d'aller de plus en plus loin, ainsi que leurs AVQ. Mon but premier était de mettre du bonheur dans leur journée, ils en avaient besoin! De plus, j’ai quand même eu la chance de travailler avec des infirmières en or qui s’épuisaient aussi au travail parce qu’elles (ou ils) aidaient beaucoup à mobiliser les patients en plus de leurs tâches... et je les remercie! Par contre, avec tout l'ouvrage qui en découlait la majorité du temps, je dois avouer que j'étais plus qu'épuisée à la fin de la journée.
Maintenant, je tiens à mentionner un point important à mes yeux (qui concerne tout le monde). Le manque de solidarité entre « certains collègues » ou autres quarts de travail... Je précise ici un point important puisque j'en ai été affectée moi-même comme plusieurs, et je l'ai trop souvent remarqué pour ne pas le mentionner.
Avant de vous en faire part j'insiste sur une précision. Tous les points que j'ai dictés plus haut en parlant de ce que j'aime « bien faire » avec les patients, ont été faits de ma part avec tout mon coeur et toute mon énergie. J'ai toujours fait mes tâches du mieux que je pouvais en donnant mon 100%. Prenant soin des patients, je n'ai jamais eu cette école de pensée qui dit « Ça va aller plus vite »!
Mentionnons maintenant les remarques négatives (de certaines personnes) que j'appelle en autre terme « du bitchage » et qui peuvent nuire au rendement, à l'estime et à la confiance en soi et qui peuvent mener à l'épuisement à force de vouloir être parfaite pour satisfaire et plaire à tous...
J'ajouterai entre parenthèses ma remarque personnelle.
- Plainte d’une collègue du chiffre du soir que les plats de collations ne sont pas ramassés sur les tables des patients. (Dans le pire des cas, il y en a juste 5 qui traînent, alors en passant les verres d'eau avec ton chariot, tu peux facilement les ramasser non ?!!)
- Plainte d’une collègue du chiffre de soir sur le fait que les draps du fauteuil patient n'ont pas été changés en même temps que le lit. (Quand je change le lit du patient, souvent le patient est assis sur son fauteuil, je ne peux donc pas changer le drap du fauteuil. Plus tard, je manque souvent de temps. Mais toi tu peux! À 10hrs le soir quand tous les patients sont couchés!!! Et si tu n’as pas le temps.... Je ne te jugerai pas) wink emoticon
- Plainte d’une collègue du chiffre de soir que les culottes n'ont pas été changées pendant la dernière tournée. (Si je commence ma dernière tournée de culottes à 14hrs et que toi tu passes à 15h30, il est fort possible que tu trouves une ou deux culottes souillées. Penses-tu que je ne vois jamais de culottes souillées quand je commence mon chiffre le matin? Et non, je ne me plains pas, je comprends que ça se peut, puisqu’il n’y a pas encore de minuterie sur la vessie des gens...) !!!
- Plainte d'un autre chiffre que le vidage des poches de linge souillées ou le remplissage n'ont pas été fait. (Ben non! Je n’ai pas eu le temps aujourd'hui! C’est rare mais ça arrive. Câline... Mes patients ont été prioritaires! J'espère, moi aussi, que ça ira mieux demain !!!)
-.Affirmation d'une collègue à une autre lorsque j'ai travaillé dans un département où je n'étais pas habitué du tout et qui demande des soins particuliers. «Ha non! Ils nous envoient toujours des petites nouvelles qui sont pas habituées, j'suis assez tannée»! (Yououuu!! je suis là! Que c'est agréable de commencer une journée avec un bel accueil comme ça !!! Surtout quand j’ai angoissé toute la nuit à l'idée d'être obligé d'aller travailler à un endroit où je ne suis pas à l'aise du tout et que j’appréhendais déjà ce genre d’attitude ! Je me demande bien pourquoi...)
-.Phrase que j'ai entendue trop souvent dans plusieurs départements, sauf dans mon département habituel où mes collègues me connaissent bien. « ELLE EST OÙ MA PRÉPOSÉE ? » ou encore « Heille! C'est tu toi ma préposée ? Viens ici j'ai besoin ! » (Heu... J’ai un prénom moi aussi et il est encore plus beau que « ma préposée »! De plus, je ne t'appartiens pas! Nous sommes une équipe de 3. Serait-il possible de retenir mon prénom qui est écrit au tableau ?!! Au pire, écris-le sur ton bras si tu n’as pas de mémoire...)
On tente d’apprendre aux enfants le respect, l’acceptation, la compréhension, la communication, bref, rendu en milieu de travail est-ce que l’on pourrait appliquer ces belles valeurs? Croyez-moi, L’harmonie et la qualité du travail accompli commence par tout ceci... wink emoticon
Voilà toutes les raisons pour lesquelles je me suis épuisée à vouloir satisfaire à tout le monde dans ce que je croyais être « Ma Vocation ».
La petite goutte qui a fait déborder le vase maintenant...!
Je suis monoparental. Je n'ai pas de mère ou belle-mère qui est disponible en tout temps, comme bien d'autres, pour s'occuper de mon enfant au besoin. Comme je suis seule avec mon enfant, je ne suis pas assez fortuné pour réserver un budget au gardiennage. Étant disponible sur le chiffre de jour, on exige d’être disponible et de travailler au moins 2 soirs semaine. Je réussis parfois à m’organiser mais là dans ce cas-ci c’était plus compliqué. On me demandait de travailler de soir (dans le département mentionné plus haut où je ne suis pas à l'aise et ne me sens pas la bienvenue) et de rentrer de jour le lendemain. Je tente par tous les moyens de trouver une solution. Je demande un refus de quart. On me dit que selon la nouvelle convention, on ne peut plus faire ça. Je tente d’échanger avec un autre employé, je ne trouve personne et je n’ai pas droit à la liste d’employés. Je demande alors des vacances fractionnées. On me le refuse aussi, je ne suis pas dans les délais. Donc, je demande à la liste de rappel de me proposer une autre solution. Voici la solution que j'ai reçue, sur un ton de voix aussi agréable qu’une gastro : « Trouve toi une gardienne comme tout le monde »!
J'ai démissionné!
NB (Je tiens à ajouter que pendant mes 5 années au centre hospitalier de ma région, j’ai fait des rencontres merveilleuses. Je m’ennuie de mes collègues avec qui j’ai développé une belle complicité, ce qui rendait tout de même l’atmosphère agréable à travailler. Je m’ennuie également de mettre du soleil dans la journée de mes patients. Pour eux, j’étais à ma place, et ils appréciaient ma façon de prendre soins d’eux. Je les remercie, collègues et patients, qui m’ont permis de tenir le coup pendant tout ce temps. Maintenant, je ne suis plus là, mais sachez que je vous appuierai toujours et m’impliquerai à faire reconnaître cette gratifiante vocation !!!
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