«
Les messageries seront pensées comme les prochains
navigateurs, les bots seront les nouveaux sites Internet. C’est le début
d’un nouvel Internet ». Voilà comment Ted Livingston, fondateur de
l’application de messagerie Kik, décrit l’arrivée des « bots » dans les
messageries instantanées. Le 12 avril prochain, Facebook devrait
présenter lors de sa conférence F8, un « Bot Store » que certains
estiment encore plus révolutionnaire que l’App Store lancé il y a
bientôt huit ans par Apple et depuis copié par tous.
Le
principe est simple : diverses marques pourront proposer au sein de
Messenger leur propre robot logiciel, destiné à interagir avec leurs
clients. On pourra par exemple demander au bot d’une compagnie aérienne
des informations sur un vol pour acheter un billet ou à celui d’une
banque de faire un virement.
Simplifier l’interaction avec les services en ligne
Dans
un billet publié sur Medium,
Ted Livingston donne un exemple très parlant. Il rejoint ses amis à un
match de baseball. Une fois à sa place, il se rend compte qu’il est le
seul à ne pas avoir de bière. Le temps de se lever, faire la queue et
revenir, il manque deux
homeruns. Si le stade avait disposé de
son propre bot, il lui aurait suffi de scanner un QR Code depuis son
application de messagerie, de demander au bot deux Budweiser, puis de
valider son paiement, son numéro de carte bancaire étant déjà saisi dans
son compte de messagerie.
Un processus bien plus simple que
s’il avait dû aller sur l’App Store pour télécharger l’application du
stade, l’installer, s’y inscrire, commander ses bières et enfin saisir
son numéro de carte bancaire. Le principe du bot permet ainsi d’éliminer
les frictions entre les étapes d’un achat ou d’une prise de
renseignement.
Plus de 800 millions d’utilisateurs touchés d’un coup
Ce genre d’interaction par messagerie pourrait d’ailleurs toucher
d’autres secteurs que celui du commerce ou des services. En février
2016, le site américain d’information Quartz dévoilait sa nouvelle
application conçue comme une messagerie. Finie la liste d’articles à
consulter, un bot propose désormais les titres d’actualités,
l’utilisateur n’a plus qu’à dialoguer avec le bot, pour que ce dernier
lui résume les informations essentielles. Eventuellement, un lien est
proposé vers l’article complet pour ceux qui veulent creuser un peu plus
le sujet.
Pratique, mais pourquoi aussi révolutionnaire ? Car
si Facebook confirme son Bot Store dans quelques semaines, ce seront 800
millions d’utilisateurs actifs de sa messagerie qui seront touchés d’un
seul coup ; soit plus que le nombre total d’iPhone vendus depuis son
lancement. Quand l’App Store a été lancé, seulement 6 millions de
personnes possédaient un smartphone d’Apple, explique
TechCrunch.
Le Bot Store toucherait donc plus de 100 fois plus d’utilisateurs à son
lancement que l’App Store en 2008. Plusieurs applications de messagerie
ont déjà franchi le pas : Kik donc, mais aussi Slack, Telegram et,
certainement la plus évoluée, WeChat, dont la version chinoise permet
déjà de commander un taxi ou un repas.
Ce Bot Store ne fait
d’ailleurs plus vraiment de doutes. En janvier dernier, Facebook mettait
à disposition son « Chat SDK », permettant aux développeurs tiers de
développer des bots dédiés à sa messagerie. Quelques mois plus tôt, en
août 2015,
la société de Menlo Park annonçait M, son propre assistant personnel, permettant d’acheter des objets, réserver un restaurant ou préparer un voyage.
M
est la réponse de Facebook à Siri d’Apple, Google Now et Cortana de
Microsoft, mais c’est la seule à utiliser l’interface d’une messagerie
pour interagir avec l’utilisateur.Ces bots pourront être intégrés non seulement dans Skype, mais aussi
dans beaucoup d’autres applications : des messageries instantanées, des
réseaux sociaux d’entreprise (Slack), des applications bureautiques
(Office 365), etc. Pour faciliter ce travail d’intégration, Microsoft
propose aux développeurs des outils spécialisés tels que « Bot Framework
» et « Skype Bot Platform », ou encore « Cortana Intelligence Suite ».
Ce dernier propose des services d’intelligence artificielle pour que les
agents soient capables de comprendre les messages des utilisateurs. Les
bots pourront apparaître sous forme textuelle, vocale ou même visuelle,
par l’intermédiaire d’un personnage 3D par exemple. Pour Microsoft,
l’ère des bots est arrivée.
Et si Facebook avait trouvé le
meilleur moyen de s’adresser à une intelligence artificielle ?