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L'ancienne star du football Eric Cantona devait retirer des espèces d'une petite agence du nord de la France, mais son appel à la «révolution par les banques» ne suscitait pas mardi de mouvement de masse aux guichets.
«M. Cantona est passé la semaine dernière pour prévenir qu'il allait faire un retrait supérieur à 1500 euros» (montant à partir duquel le retrait ne peut être instantané, NDLR), a déclaré Antoine Poissonnier, responsable de l'agence BNP Paribas d'Albert, petite commune du nord de la France, sans pouvoir préciser quand l'ex-star de Manchester United comptait passer.
Éric Cantona, reconverti dans le cinéma et le théâtre, tourne actuellement à Albert un film de gangsters, De force, dans lequel il joue aux côtés d'Isabelle Adjani.
Mais à Paris, Lille ou Marseille, l'appel à retirer son argent semblait très peu suivi.
Aucun retrait massif n'a non plus été constaté dans les agences des grandes banques présentes en Belgique.
À Marseille, ville natale d'Éric Cantona, les responsables de trois agences bancaires (LCL, BNP Paribas, Société Générale) du centre ville n'ont relevé aucune activité inhabituelle.
«Nous n'avons même pas reçu de commandes de fonds en espèces de la part de clients», a expliqué Didier Borriello, directeur de l'agence centrale LCL à Marseille.
À Paris, des membres du collectif Sauvons les riches ont vidé mardi leurs comptes dans une agence Société Générale avant de déposer les espèces retirées dans une banque coopérative pour démontrer qu'il y a une solution alternative à la finance irresponsable qui dirige le monde.
Dans une vidéo qui fait du buzz sur internet, «Canto» a affirmé que «s'il y a 20 millions de gens qui retirent leur argent, le système s'écroule. «La révolution se fait par les banques. Au lieu d'aller dans les rues faire des kilomètres (pour manifester), tu vas à la banque de ton village et tu retires ton argent», avait-il lancé.
Un appel à passer à l'acte le 7 décembre s'est répandu via le réseau Facebook à plusieurs autres pays d'Europe, dont le Royaume-Uni et la Belgique.
Cet appel a été jugé irresponsable par la plupart des responsables politiques français et européens.
«Un citoyen comme Éric Cantona ne doit pas induire en erreur des gens simples qui n'ont pas les économies qu'il a», a déclaré le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Fustigeant une initiative qui pourrait pénaliser les Français les plus modestes, la ministre des Sports Roselyne Bachelot a rappelé que M. Cantona faisait «de la publicité pour des voitures, des rasoirs tandis que son épouse (la comédienne Rachida Brakni) fait de la publicité pour un système bancaire».
La mobilisation sur internet et la polémique engendrée par cette initiative illustre la défiance persistante à l'égard du secteur, deux ans après la crise financière.
«Ce que Cantona pose, c'est une question que tous les Français se posent», c'est-à-dire: «dans le fond, les banques nous ont emmenés au mur, on les a beaucoup aidées, aujourd'hui, elles refont des profits et nous, on va toujours aussi mal», a reconnu la dirigeante du Parti socialiste Martine Aubry.
Le patron de la Banque nationale de Belgique Guy Quaden a perçu dans cette initiative «le degré d'animosité de la population à l'égard des banquiers, suite aux bêtises faites par certains d'entre eux».