La conception “gnostique” du salut:
« Selon Valentin, le Père, Premier Principe absolu et transcendant, est invisible et incompréhensible. Il s’unit à sa compagne, la pensée (Ennoia), et engendre les quinze couples des éons qui, ensemble, constituent le Plérôme. Le dernier des éons, Sophia, aveuglée par le désir de connaître le Père, provoque une crise à la suite de laquelle le mal et les passions font leur apparition. Précipitées du Plérôme, Sophia et les créations aberrantes qu’elle avait occasionnées produisent une sagesse inférieure ; en haut, un nouveau couple est créé, le Christ et son partenaire féminin, le Saint-Esprit. Enfin, restauré dans sa perfection initiale, le Plérôme engendre le Sauveur, nommé également Jésus. En descendant dans les régions inférieures, le Sauveur compose la « matière invisible » avec les éléments hyliques (matériels) provenant le la Sagesse inférieure, et, avec les éléments psychiques, il forme le Démiurge, i.e. le Dieu de la Genèse. Celui-ci ignore l’existence d’un monde supérieur et compose, en les animant de son souffle, deux catégories d’hommes : les « hyliques » et les « psychiques ». Mais les éléments spirituels, provenant de la Sophia supérieure, s’introduisent à son insu dans le souffle du Démiurge et donnent naissance à la classe des « pneumatiques ». Afin de sauver ces particules spirituelles captives dans la matière, le Christ descend sur terre et, sans s’incarner dans le sens propre du terme, révèle la connaissance libératrice. Ainsi, réveillés par la gnose, les pneumatiques, et seulement eux, remontent vers le Père. »
Mircea EliadeHistoire des croyances & des idées religieuses, Tome 2, chap. XXIX, pp. 360-361
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