C'est devenu un sacerdoce de créer des logiciels de Peer-to-Peer en France. Une disposition de la loi DADVSI ("l'amendement Vivendi"), unique au monde, rend l'édition d'outils de partage de fichiers particulièrement délicate à concevoir pour les sociétés commerciales, d'autant que les ayants droit français les plus hostiles à l'innovation technologique vont jusqu'à poursuivre des particuliers étrangers, et leurs hébergeurs. Pourtant, c'est bien une société française qui s'apprête à sortir après trois ans de développement l'un des clients BitTorrent les plus innovants de ces dernières années, Pump. En misant sur le plus strict respect de la loi.
Avec Pump, il n'est pas question de faciliter le piratage en proposant par exemple un logiciel de P2P anonyme (appelés à prendre leur essor si la riposte graduée est adoptée), mais au contraire d'offrir une solution tout-en-un pour télécharger un maximum de contenus le plus simplement possible, dans une interface qui réunit la puissance de BitTorrent avec la simplicité d'utilisation et de classement d'un iTunes, couplée à la richesse fonctionnelle d'un Miro.
Doté d'un navigateur web embarqué et d'un méta-moteur de recherche, Pump permet de télécharger des fichiers .torrent d'un simple clic et de rechercher de la musique ou des vidéos sur différents sites et services Internet. Il reconnaît par exemple à la volée les vidéos de YouTube, qu'il est possible de télécharger et de classer directement dans la bibliothèque multimédia intégrée au logiciel. De même, à la lecture d'un blog musical, l'utilisateur peut télécharger très facilement l'ensemble des fichiers MP3 référencés, qui sont détectés automatiquement par l'application lors de la navigation sur la page web, ou téléchargés par abonnement à un podcast. Les fichiers de la bibliothèque sont synchronisés avec les mobiles ou les baladeurs MP3 (le support de l'iPod est prévu pour le mois de janvier), et la lecture des fichiers audio ou vidéo se fait directement dans Pump, qui intègre les lecteurs Windows Media Player, Quicktime et VLC.
L'idée est de pouvoir tout faire avec Pump, de la recherche des fichiers jusqu'à leur lecture en passant par leur téléchargement, leur classement ou leur gravure.
Légal,... mais très paramétrable
Alors que la loi prévoit qu'il est interdit de proposer des logiciels "manifestement destinés à une utilisation illicite", Pump se veut ainsi manifestement destiné à une utilisation licite. "Si même Pump ne passe pas auprès des ayants droit, alors il faudra nous dire ce qu'on a le droit de faire en France", prévient Louis Choquel, le président de la société ZSlide éditrice du logiciel. "On a analysé le plus sérieusement possible la loi et les débats doctrinaux depuis plusieurs années, pour respecter à la lettre ce qui est imposé. On fait ce qui est écrit, même au delà, et on fait ça bien".
Effectivement, de base, tout est prévu dans Pump pour inciter à une utilisation respectueuse du droit d'auteur. L'utilisateur est prévenu à de multiples reprises, dès l'installation, et jusqu'à son premier téléchargement, que le logiciel n'est pas fait pour télécharger des contenus protégés. S'il permet de rechercher des fichiers .torrent, les moteurs de recherche configurés par défaut sont tout ce qu'il y a plus légal avec exclusivement des fichiers distribués sous licences libres (LegalTorrents, Jamendo, ...). Il propose même des discours de Nicolas Sarkozy ou l'accès à ceux de Barack Obama. Et si Mininova figure également dans les moteurs paramétrés de base, c'est uniquement parce que le site de liens BitTorrent propose une section de fichiers distribués avec le bon vouloir des éditeurs.
Cependant le logiciel est suffisamment souple et paramétrable pour que l'utilisateur en fasse ce qu'il veut, s'il se fiche des précautions prises par l'éditeur. Chacun peut ainsi ajouter ses propres moteurs de recherche, ou des flux RSS issus de podcasts ou de trackers BitTorrent.
Un utilisateur qui souhaite télécharger automatiquement tous les derniers épisodes de certaines séries TV sous-titrées pourra par exemple s'abonner au flux RSS "VOST" de Mininova, et demander à Pump de ne télécharger automatiquement que les vidéos dont le titre correspond aux séries voulues. Dans les options, on peut ensuite demander à arrêter le partage des fichiers téléchargés au delà d'un certain ratio d'émission/téléchargement (par défaut 1.0), pour optimiser en permanence la bande passante disponible dans le respect du partage avec les utilisateurs.
Bientôt, Pump sera croisé avec les services de partage en ligne de VIPeers, également édité par Zslide. Les utilisateurs qui le souhaitent pourront alors se joindre à un véritable réseau social qui croisera la force du partage de fichiers en P2P à celle des communautés d'internautes sur le web. C'est le grand chantier sur lequel se penchera la société en 2009. Par ailleurs ZSlide veut faire de Pump une plateforme pour les éditeurs de sites web, qui disposent déjà d'une API pour proposer des téléchargements par Pump ou un moteur de recherche intégré. A terme, l'éditeur prévoit même de donner aux éditeurs la possibilité de monter des services de téléchargements basés sur Pump, avec ou sans DRM, gratuits ou payants.
Pour le moment entièrement gratuit, Pump devrait être décliné également sous une version payante plus complète dans les prochaines semaines ou les prochains mois. A essayer de toute urgence (si vous avez besoin de créer un compte VIPeers, utilisez le code "BROCODE002") avant notre retour de congés le 5 janvier :-)
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