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PARIS/LONDRES - Les grandes banques de la planète doivent s'entourer d'encore plus de précautions pour leurs fonds propres et les superviseurs y veilleront plus que jamais, ont fait savoir samedi les grands argentiers du G20.
Les ministres des Finances et banquiers centraux réunis à Paris vendredi et samedi dernier ont également dit qu'ils pourraient éventuellement agir pour tempérer l'envolée des prix alimentaires et d'autres matières premières sans aller jusqu'à parler d'un contrôle des prix.
Ils estiment qu'il faut étudier la question plus en profondeur dans la mesure où des divergences subsistent sur les causes de cette flambée des prix.
Le G20 a par contre fait une avancée dans le domaine réglementaire en réclamant d'ici octobre des règles internationales de protection du consommateur.
La réunion a révélé aussi une détermination nouvelle en vue d'éviter que l'Etat soit à nouveau mis à contribution pour renflouer les banques dans l'éventualité d'une prochaine crise.
Les pays du Groupe des Vingt n'étaient pas parvenu l'an dernier à se mettre d'accord sur une nouvelle batteries de règles de fonds propres pour les établissements financiers d'importance systémique (Sifi) mais ils comptent remédier à cela à l'occasion d'une réunion en novembre prochain.
Cet ensemble de nouvelles règles prudentielles s'appliquera d'abord aux banques les plus grandes mais tout établissement dont la chute perturberait les marchés est visé.
«C'est bien que nous ayons à présent un calendrier clair...», a dit le ministre des Finances britannique George Osborne. «Ce qui est aussi significatif c'est que le nouveau régime évoluera rapidement pour s'appliquer à l'ensemble des Sifi», a-t-il ajouté.
PROPOSITION DU CSF
Londres voulait des règles contraignantes pour obliger les banques à constituer une nouvelle couche de fonds propres - en sus des dispositions de constitution des fonds propres de Bâle III qui doivent s'appliquer à toutes les banques à partir de 2013 - mais Paris et Berlin s'y sont fermement opposés.
Les ministres sont d'accord sur le principe suivant lequel les banques devront constituer un nouveau matelas de fonds propres destiné à amortir leurs pertes éventuelles mais ce matelas pourra être constitué, le cas échéant, de titres de dette convertibles en action, une alternative moins onéreuse qu'une augmentation pure et simple des fonds propres.
«Nous nous sommes assurés mutuellement qu'il faudra plus de fonds propres pour ces banques», a dit Axel Weber, le président de la Bundesbank. «Nous discutons encore des instruments concrets à cette fin mais je pense que nous en viendrons à une approche large».
Les ministres ont demandé au Conseil de stabilité de financière (CSF), soit le groupe de travail du G20 sur la régulation, de présenter d'ici avril des propositions sur les moyens de renforcer sa gouvernance, ses ressources et son influence.
Enfin, les ministres du G20 se sont intéressés au versant occulte du secteur bancaire, constitué de fonds mutuels monétaires, de véhicules hors bilan et de fonds spéculatifs.
«Il tombe sous le sens que réglementer le secteur bancaire ne suffit pas. Il nous faut également voir du côté du secteur bancaire occulte; une régulation indirecte ne suffit pas», a noté Axel Weber.
A cet égard, le CSF soumettra d'ici la fin du premier semestre des recommandations en matière de surveillance et de réglementation pour «traiter les risques, en particulier d'arbitrage, associés avec la banque occulte et ses interactions avec le système bancaire réglementé».
HAUTE FREQUENCE, GAZ, CHARBON
Le G20 veut également des propositions d'ici le milieu de l'année sur une surveillance internationale du trading informatisé, type trading haute fréquence. Ce type de transactions se faisant à une vitesse vertigineuse, le régulateur a le plus grand mal à remonter les pistes si quelque chose tourne mal.
Quant aux ambitions françaises de tempérer la flambée des prix des matières premières elles n'ont guère eu d'écho.
Le communiqué du G20 se borne à prendre acte des répercussions d'une «volatilité potentiellement excessive des prix des matières premières», sans trancher entre ceux qui pensent qu'elle résulte d'une spéculation effrénée et ceux qui l'attribuent à la simple loi de l'offre et de la demande.
Les ministres ont commandé une étude sur les causes de fonds du phénomène et ses conséquences pour le consommateur et les producteurs tout en envisageant «d'éventuelles actions».
Enfin, les études du G20 sur la volatilité des prix pétroliers seront étendues au gaz et au charbon.
«Il est évident qu'il faut mettre en évidence les moteurs des marchés des matières premières... Améliorons la transparence du marché physique, améliorons la réglementation des dérivés de «commodities»... et enfin, il faut s'attaquer à la sécurité alimentaire», a dit Gyorgy Matolcsy, le ministre hongrois des Finances.
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