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Désactivation à distance d'une application: risque ou panacée?
Pour des motifs de sécurité, Microsoft avoue avoir intégré la fonction de désactivation et de désinstallation d'applications à distance à son nouveau système d'exploitation Windows 8, dont la version bêta a été lancée le mercredi 29 février.Cet interrupteur, pouvant agir à l'insu des usagers, fait-il de ces derniers des gagnants ou des perdants?
Windows 8 est le premier système d'exploitation – qui équipera des millions d'ordinateurs de bureau et de portables – doté d'une fonction de suppression d'une application à distance, soutient Business Week. Elle est traditionnellement le lot des téléphones intelligents, des tablettes et des liseuses électroniques.
Le flou, plus ou moins volontaire de la part des entreprises, régnant sur le contexte d'utilisation de cet interrupteur, soulève des questions et des inquiétudes chez les usagers, comme celle d'une possible pression de censure de contenus exercée sur les entreprises technos par des politiciens.
Bien que les applications soient étroitement vérifiées avant d'être proposées sur une boutique en ligne, il arrive que certaines passent à travers les mailles du filet. En effet, de multiples stratagèmes permettent d'y camoufler du code malveillant.
En mars 2011, par exemple, une cinquantaine d'applications malicieuses ont été découvertes dans l'Android Market de Google. Certaines avaient même été téléchargées 200 000 fois en quatre jours. Elles n'avaient pas été détectées, puisqu'elles étaient des copies d'applications légitimes. Dès leur découverte, Google les a supprimées à distance des téléphones de ses usagers.
En se réservant le droit de désinstaller une application malveillante, Microsoft renforce effectivement la sécurité de ses usagers en évitant une contagion massive d'ordinateurs. La fonction intégrée à Windows 8 n'agira que sur les logiciels téléchargés depuis le Windows Store, la boutique d'applications en ligne de Microsoft dédiée à son système d'exploitation.
À l'inverse, il serait aussi légitime de croire que l'«App Kill Switch» puisse devenir le talon d'Achille du système, en induisant des risques potentiels de piratage, d'atteinte à la liberté d'expression et d'abus de pouvoir.
Un cas d'«abus» a d'ailleurs fait les manchettes en 2009: Amazon avait supprimé à distance les livres électroniques «1984» et «Animal Farm» de Georges Orwell, car ils étaient vendus sur son site sans que son éditeur en détienne les droits d'auteur. L'entreprise de Seattle a ensuite qualifié ses agissements de «stupides, irréfléchis et qu'ils allaient contre leurs principes».
Même s'il paraît peu probable qu'un détournement illicite de l'interrupteur survienne, un simple doute suffit souvent dans bien des cas à ternir la réputation d'une entreprise. Même si des internautes piratent l'interrupteur d'application, ils ne pourront contrôler qu'une petite portion du système de Microsoft.
Pour l'instant, aucun interrupteur d'application n'a été détourné, du moins pas du côté d'Apple, d'Amazon ou de Google qui utilisent une fonction similaire.
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