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mardi 28 août 2018

Bluetooth : une faille pour accéder aux données, en théorie


Bluetooth : une faille pour accéder aux données, en théorie



Bluetooth, failles

Sécurité : Des correctifs sont en cours pour un bug du Bluetooth qui pourrait affecter Apple, Intel, Broadcom et certains terminaux Android. L'attaque exploitant la vulnérabilité reste cependant complexe à mettre en oeuvre.

Un bug cryptographique dans de nombreux firmwares Bluetooth et pilotes pour systèmes d'exploitation pourrait permettre à un attaquant dans un rayon d'environ 30 mètres de capturer et de déchiffrer les données partagées entre des terminaux associés en Bluetooth.
La faille a été découverte par Lior Neumann et Eli Biham, de l’Israël Institute of Technology, et signalée aujourd’hui par le CERT de l’Université Carnegie Mellon. La vulnérabilité, qui fait l'objet d'un suivi sous la référence CVE-2018-5383, a été confirmée pour affecter Apple, Broadcom, Intel et Qualcomm, ainsi que certains terminaux Android.
Cela affecte le couplage simple sécurisé (Secure Simple Pairing) et les connexions sécurisées à faible consommation d'énergie (Low Energy Secure Connections) du Bluetooth. Heureusement pour les utilisateurs de macOS, Apple a publié un correctif pour la faille en juillet.

Incertitude sur Android

Comme l'explique la note du CERT, la vulnérabilité est due aux implémentations Bluetooth de certains fournisseurs qui ne valident pas correctement l'échange de clés cryptographiques lorsque des périphériques Bluetooth sont associés. La faille s'est glissée dans l'implémentation d'échange de clés Bluetooth qui utilise l'échange de clés ECDH (Diffie-Hellman à courbe elliptique) pour établir une connexion sécurisée sur un canal non sécurisé.
Cela peut permettre à un attaquant proche, mais à distance, d'injecter une clé publique bidon afin de déterminer la clé de session lors de l'échange de clés public-privé. Il pourrait alors mener une attaque de type "man-in-the-middle" et "intercepter et déchiffrer passivement tous les messages du terminal, et/ou forger et injecter des messages malveillants."
Même si Microsoft a indiqué que Windows n'était pas directement concerné, Intel a répertorié de nombreux modules de puces sans fil pour Windows 7, 8.1 et 10 qui le sont, ainsi que des modules sans fil pour les machines Chrome OS et Linux.
Intel recommande aux utilisateurs d'effectuer la mise à niveau vers le dernier pilote et de vérifier auprès des fournisseurs s'ils fournissent un pilote corrigé dans leurs mises à jour respectives. Dell a publié un nouveau pilote pour le driver Qualcomm qu’il utilise, tandis que la mise à jour de Lenovo concerne la vulnérabilité du logiciel Intel.
LG et Huawei ont référencé des correctifs pour CVE-2018-5383 dans leurs mises à jour de juillet respectives pour les terminaux mobiles.
Le CERT précise qu'on ignore si Android, Google ou le noyau Linux sont affectés. Il n’en est pas fait mention dans le bulletin de sécurité Android de juillet de Google ni dans les bulletins antérieurs.
Comme l'explique le CERT, l'ECDH est constitué d'une clé privée et d'une clé publique, cette dernière étant échangée pour créer une clé d'appariement partagée.

Des conditions pour une attaque réelle

"Les terminaux doivent également s’accorder sur les paramètres de la courbe elliptique utilisés. Des travaux antérieurs sur "Invalid Curve Attack" ont montré que les paramètres ECDH ne sont pas toujours validés avant d’être utilisés pour calculer la clé partagée résultante, ce qui réduit l'effort de l'attaquant pour obtenir la clé privée du périphérique attaqué si l'implémentation ne valide pas tous les paramètres avant de calculer la clé partagée" écrit Garret Wassermann du CERT.
Bluetooth SIG, l'organisation responsable de Bluetooth, relativise les chances de réussite d'une attaque réelle, en partie parce que cet exploit repose sur la nécessité de se trouver à portée des deux appareils vulnérables. Néanmoins, elle a mis à jour sa spécification pour exiger que les fournisseurs valident toute clé publique reçue pendant l'échange.
"Pour qu'une attaque réussisse, un terminal attaquant doit se trouver dans la portée sans fil de deux périphériques Bluetooth vulnérables qui subissent une procédure d'appairage" rappelle Bluetooth SIG.
"Le terminal attaquant devrait intercepter l’échange de clés publiques en bloquant chaque transmission, en envoyant un accusé de réception au terminal émetteur, puis en injectant le paquet malveillant dans le terminal de réception au cours d'une fenêtre de temps limitée. Si seul un terminal est vulnérable, l'attaque ne pourrait réussir" ajoute l'organisation.

REF.:

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