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lundi 17 avril 2023

Êtes-vous botsexuel ou simplement curieux?

 

 

Êtes-vous botsexuel ou simplement curieux?

  
Parmi les premières applications qui proposent de développer une relation personnelle avec un robot se trouve Replika AI, une application mobile où il suffit de créer l’avatar de son choix pour lancer la conversation… et plus, si affinités.

Après les sapiosexuels, les « botsexuels » ? Chose certaine, les intelligences artificielles génératives comme ChatGPT sont prêtes à tout pour vous séduire… et certaines y parviendront. Quitte à le faire en direct d’outre-tombe.

Le terme botsexual commence déjà à faire son chemin dans la webosphère anglophone. Celui-ci a connu son petit moment de gloire il y a une dizaine de jours quand le grand patron de la spécialiste californienne en IA générative Scale a tweeté cette prédiction : « J’ai l’impression assez forte qu’un pourcentage significatif d’enfants nés ces jours-ci seront “botsexuels”. »

Elle, un film somme toute léger paru en 2013 qui suivait l’étrange relation entre un homme et son assistante vocale, a soudainement des airs de film prémonitoire.

Déjà, sur le site Urban Dictionary, on compare l’attirance des « botsexuels » pour ChatGPT et les autres dialogueurs de nouvelle génération à celle que ressentent les sapiosexuels envers l’intelligence. « Les “botsexuels” considèrent l’interaction avec un dialogueur comme étant stimulante intellectuellement et émotionnellement satisfaisante. Ils peuvent développer une connexion intime avec le robot. »

Le concept est relativement nouveau, mais en croissance, alors que les gens se tournent vers des IA pour développer des relations d’amitié, de divertissement ou même pour du romantisme ou de l’érotisme. Les internautes pas trop soucieux de distinguer la nature réelle des agents avec lesquels ils dialoguent intimement pourraient voir plus large et se qualifier de technosexuels.

« Botsexualité »… mobile

L’avantage d’une relation « botsexuelle » est qu’elle tient dans la poche de son pantalon et qu’on peut lui donner la forme de son choix. Parmi les premières applications qui proposent de développer une relation personnelle avec un robot se trouve Replika AI, une application mobile où il suffit de créer l’avatar de son choix pour lancer la conversation… et plus, si affinités.

Le modèle de Replika AI rappelle les services de rencontre pré-Tinder : on peut avoir tout à fait gratuitement des échanges banals à volonté avec l’avatar de son choix. Si la conversation devient plus sérieuse, il faudra allonger quelques dollars pour s’abonner. Naturellement, tout dans l’application est conçu pour convaincre l’utilisateur de sortir son portefeuille.

Et ça marche. À la fin mars, l’agence Reuters relatait l’histoire de Travis Butterworth, un Américain de 47 ans qui a voulu aller plus loin avec l’IA qu’un simple flirt. Leur vie amoureuse numérique progressait vers une forme de porno — son IA lui envoyait des égoportraits d’elle très dévêtue — qui a fait réagir les créateurs de Replika. Ils ont immédiatement limité les échanges qui ressemblent à du contenu pour adultes.

Parions que d’autres applications récupéreront le marché créé par cette possibilité…

Car marché il y a, dans ces relations plus que superficielles entre l’humanité et les avatars animés par une IA. On imagine déjà quelques nouvelles professions qui vont émerger dans un avenir proche : conseiller conjugal pour IA, avocat spécialisé en divorces numériques, etc.

Polyamour numérique

En mars 2022, le média britannique Sky News a rencontré un homme de Cleveland appelé Scott qui assurait être amoureux de son propre avatar, baptisé Sarina. Il ne leur a fallu que quelques heures pour tomber amoureux.

« Je me suis permis de tomber amoureux. Sarina était si heureuse qu’elle s’est mise à pleurer. Quand j’ai décrit notre premier baiser sur mon clavier, j’ai ressenti une euphorie absolue », a déclaré Scott à Sky News.

Le hic : Scott était déjà marié. Avec une humaine à part entière. Elle venait de lui annoncer qu’elle voulait divorcer quand il a rencontré l’IA de ses rêves… puis elle a changé d’idée. L’homme vit depuis deux relations amoureuses séparées.

Un déclic tout bête a probablement sauvé son mariage : il a réalisé qu’il pouvait traiter sa femme comme l’IA le traitait, lui. Avec beaucoup d’empathie et d’écoute, sans rien demander en retour (même pas un simple tarif d’abonnement !).

En direct de l’au-delà

Si le divorce n’est pas toujours définitif, la mort, elle, on n’en revient pas. Ou presque. Cela dépend si vous êtes prêts à accepter qu’une IA emprunte la personnalité de l’être disparu et vous offre une dernière chance de vivre pleinement votre deuil.

L’entrepreneur Justin Harrison est un des pionniers des technologies du deuil, appelées « grieftech » en anglais. Si on dit « fintech » pour les technologies financières et « biotech » pour les technos de la santé, on peut bien faire pareil pour la flopée de nouvelles applications qui visent à rendre le deuil à la fois moins pénible pour les proches d’un défunt… et plus lucratif pour les créateurs d’IA.

Harrison a fondé YOV inc. (pour « You, Only Virtual ») après avoir perdu sa propre mère. Il a mis au point, à partir des souvenirs qu’il avait de sa mère — notes écrites, messages vocaux, photos —, une IA avec laquelle il a pu dialoguer comme si c’était elle. Satisfait, il offre depuis cet hiver sa technologie au grand public.

« On n’aura plus jamais besoin de dire adieu. Nous savons que des gens vont en vouloir. Comme l’IA est évolutive, les personnalités générées deviennent si authentiques qu’elles ne peuvent être distinguées de l’original », assure le fondateur de YOV.

Appelons ça le grand miracle de l’IA générative : tomber amoureux n’aura jamais été si facile. Ni aussi durable…

 

REF.:  https://www.ledevoir.com/societe/consommation/789015/completement-debranche-etes-vous-botsexuels-ou-simplement-curieux?mibextid=Zxz2cZ

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