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CHÂTEAUGUAY – La génération C, ou celle des 12-24 ans, a commencé à intégrer le marché du travail. Une intégration qui ne se fait pas sans créer quelques remous.
La génération C, également appelée génération du millénaire ou e-génération, a la particularité d’avoir grandi avec les technologies de l’information et internet.
«Outre le fait qu'ils maîtrisent parfaitement les technologies de l'information, il y a deux choses qui caractérisent bien cette génération», a analysé Anne Bourhis, professeure titulaire à l'école de Hautes Études Commerciales (HEC) de Montréal, qui a participé à la vaste étude du CEFRIO (Centre francophone d'informatisation des organisations) sur la génération C.
«Premièrement, les C ont grandi avec cette idée de pénurie de main-d'œuvre, a poursuivi Mme Bourhis. Leurs exigences sont donc plus élevées, car ils savent qu'ils sont en demande. Deuxièmement, ils ont vu leurs parents travailler très fort pendant de longues heures et ils croient qu'il n'y a pas que le travail qui compte dans la vie.»
«Cette manière de voir est en contradiction avec celle de la génération X qui, contrairement aux Y et aux C, a toujours eu à redoubler d'ardeur pour se tailler une place et obtenir des avantages sociaux. Et puisque ce sont actuellement les X qui occupent des postes de gestion et de supervision, le clivage entre les deux façons de voir risque de provoquer un grand choc de valeurs», a poursuivi la professeure.
Tâches ingrates
Sur le terrain, les employeurs constatent ce décalage. Stéphane Deblois est propriétaire de plusieurs restaurants dans la grande région de Montréal. Depuis l'ouverture de son restaurant-boutique Bouffe&Cie à Châteauguay il y a près d'un an, il peine à garder ses employés. «J'ai l'impression que beaucoup de jeunes d'aujourd'hui veulent tous les avantages sans les inconvénients», a-t-il constaté.
«J'ai eu des employés qui sont partis sans avertissement, ou qui ont pris des congés sans raison valable, a raconté M. Deblois. Et lorsqu'il y a des tâches moins agréables à faire, comme laver le plancher ou les toilettes, ils sont plus réticents. Ils ne sont pas tous comme ça, même qu'il y en a de très bons et vaillants, mais disons que c'est une tendance que j'ai observée.»
Selon Mme Bourhis, la plupart des jeunes de la génération C s'adaptent toutefois sans problème lorsqu'ils sont bien encadrés dès le départ et qu'ils reçoivent des encouragements et des commentaires de leur employeur. «L'école les a habitués à ce genre de renforcement positif», a-t-elle analysé.