Disposer d'un DX900 pour cette expérience avait surtout pour intérêt de
faire une
par rapport à mon équipement
actuel. Je passe donc cette étape d'installation - qui se résume
davantage à de douloureuses anecdotes de montage dans un espace réduit,
qu'à de réels enjeux techniques.
Le lecteur UB900 fait partie de ce qui se fait de mieux aujourd'hui, et
pour cause : il lit les Blu-ray Ultra HD bien évidemment, et il est
rétrocompatible avec les Blu-ray y compris 3D et les DVD, dont il gère
l'
vers la 4K. Forcément,
un DVD sur une
télé qui affiche du 2160p n'est pas très heureux, mais c'est possible
grâce au processeur 4K High Precision Chroma qu'embarque la bête. Il est
également connecté, ce qui lui permet d'accéder à des services comme
YouTube et Netflix, dont il a la certification. Enfin, il prend
également en charge la plupart des codecs du marché (MKV, AVI, DivX,
WMV) et accepte en prime les vidéos en 4K encodées en H264 ou en HEVC.
Elles peuvent être lues par l'intermédiaire d'une clé USB, ou en DLNA.
Est-ce que tout ça justifie le prix du lecteur ? Pas tout à fait : il
faut également lorgner du côté du son pour comprendre. Outre la
prestigieuse certification THX, l'UB900 embarque notamment une sortie
audio analogique 7.1 associée à des composants haute fidélité (haute
résolution jusqu'à 192 kHz sur 32 bits et DSD jusqu'à 5,6 MHz) et deux
sorties HDMI 2.0a qui permettent de séparer les flux audio et vidéo.
Parmi les formats pris en charge, on trouve les DSD, ALAC, FLAC, AAC,
WAV et WMA.
Tout cela inclut forcément de disposer d'un ensemble Home Cinema à
brancher sur le lecteur. Du haut de gamme pour du haut de gamme, en
somme. Disposant d'un ampli directement branché en optique sur mon
téléviseur, je ne peux pas expérimenter tout le potentiel de ces 900
euros de matériel. Je m'en remets donc à une installation finalement
très simple... aussi simple que pour n'importe quel lecteur.
Au déballage du lecteur, on constate que Panasonic a le bon goût de
fournir un câble HDMI 2.0, l'évolution de la norme HDMI qui englobe tout
un tas de caractéristiques liées à l'Ultra HD. Cela comprend notamment
une bande passante de 18 Gbps, permettant de faire transiter du contenu
vidéo en 2160p à 60 images par seconde. Un câble compatible avec tous
les ports HDMI, et surtout, essentiel ici, puisque la sortie du lecteur,
tout comme l'entrée du DX900, est
.
Il est important de souligner la présence de ce câble, puisque la
plupart des lecteurs « standards » n'en disposent pas, les
constructeurs partant généralement du principe que les utilisateurs
possèdent déjà des câbles HDMI chez eux. Mais à nouvelles normes,
nouvelles règles.
Cela ne veut pas dire que le UB900, à l'instar d'autres lecteurs BD UHD
qui viendront, comme celui de Samsung, ne peut pas être branché sur une
télé qui ne dispose pas d'entrées HDMI 2.0a. Il est bien évidemment
possible de le brancher sur un modèle de téléviseur, à l'image de mon
écran Philips UHD, doté de ports HDMI 1.4. Néanmoins dans ces
conditions, le HDR ne sera pas de la partie. Et le HDR est présenté
comme l'un des principaux intérêts des BD UHD - mais j'y reviendrai.
Une fois le lecteur installé, ce dernier reconnait automatiquement le
téléviseur au premier allumage pour accorder correctement ses paramètres
par défaut. Le menu de réglages s'avère très complet et bien que tout
soit réglé en automatique à la base, il est possible d'effectuer des
paramétrages manuels ou de désactiver purement et simplement certaines
fonctions.
Maintenant que tout est en place, il est temps de mettre une galette dans le lecteur.
L'essentiel : le contenu
On a bien compris que l'UB900 était beaucoup plus qu'un simple lecteur
de Blu-ray UHD, mais comme c'est quand même ce qui nous intéresse dans
cette expérience... j'ai commencé par mettre un Blu-ray normal dedans.
En l'occurrence, le Blu-ray de
The Amazing Spider-man 2, tout
simplement parce qu'il s'agit aussi du film dont je dispose en BD UHD.
Paradoxalement, Sony est le seul éditeur à avoir répondu présent pour
cette expérience, alors que ce sont ses disques qui sortent parmi le
plus tard sur le marché français.
J'ai donc commencé par visionner le début du film en Blu-ray mis à
'échelle en 4K par le lecteur. Pas grand-chose à dire quant à la qualité
d'image, très bonne, très fluide. Pas grand-chose à dire également
concernant la colorimétrie et le contraste, dont l'apport vis-à-vis de
mon téléviseur Philips et mon lecteur de Blu-ray standard - la PS4 - ne
me saute pas particulièrement aux yeux. Mais ce visionnage express avait
surtout pour but de me rafraîchir la mémoire, pour passer au même film
en BD UHD.
Cherchez le pixel
L'autre intérêt du BD UHD est d'avoir une image en 4K sur le disque, ce
qui, forcément, évite la mise à l'échelle forcée sur un écran 4K. L'
upscaling
des Blu-ray est néanmoins convaincant et même en approchant son nez de
l'écran, il est difficile de discerner les pixels. Seul subsiste le
grain cinématographique.
Une précision sur ce point : la plupart des écrans 4K présents sur le
marché disposent d'un processeur qui optimise l'upscaling d'une source
Full HD vers une définition Ultra HD. Un argument mis en avant très tôt
par les constructeurs, pour une raison simple : il existe actuellement
peu de contenu natif en Ultra HD. Outre les éventuels films de vacances
filmés au caméscope 4K, certains contenus sur Netflix ou sur YouTube, la
plupart des contenus que les possesseurs d'un écran Ultra HD
visionnent, ne sont pas en 4K. De fait, l'
upscaling de Blu-ray
standard n'est pas un argument suffisant pour pousser à l'achat d'un
lecteur UHD, pour la simple raison que l'écran de télé lui-même peut
faire le boulot. C'est plutôt du côté du HDR, le
high dynamic range,
de plus en pus vanté par les constructeurs de télé et certains
producteurs de contenus - dont Netflix -, qu'il faut se tourner.
Le HDR, technologie subtile
Le constat général, c'est que l'apport du HDR est tantôt subtil, tantôt
évident. Tout dépend des scènes et des plages de couleurs. C'est surtout
flagrant lorsqu'on compare l'image du BD UHD à celle du BD : on
constate effectivement des couleurs plus vives, plus naturelles, ce qui
est plus agréable à regarder. Paradoxalement, étant donné que c'est plus
naturel, on a le sentiment d'être devant quelque chose d'évident, et ça
n'est pas spécifiquement choquant au final.
Malgré
la qualité faible de la capture, on voit la différence de couleurs et
de luminosité entre le Blu-ray upscalé et le Blu-ray Ultra HD.
Le résultat se ressent dans des scènes très contrastées ou dans
d'autres, où la lumière semblait « brûler » l'image sur Blu-ray.
The Amazing Spider-man 2
est un exemple intéressant car dès le début du film, on peut constater
une nette différence de colorimétrie dans le ciel, avec une luminosité
plus réaliste sur un BDHD avec lequel le HDR prend tout son sens. Une
fidélité que le Blu-ray, même upscalé par le lecteur de Panasonic,
n'arrive pas à restituer. Dans certaines scènes sombres, c'est encore
plus évident : la luminosité est brûlée sur le Blu-ray, malgré les
efforts d'upscaling du lecteur, alors qu'elle est plus douce, plus
naturelle, sur le Blu-ray Ultra HD. Ce qui ne choquait pas au simple
visionnage du BD devient alors un défaut gênant quand on découvre la
même scène avec prise en compte du HDR.
On note cependant que si l'on désactive le HDR sur l'UB900 et qu'on lit
le Blu-ray UHD dans cette configuration, l'image semble différer assez
peu d'un visionnage avec HDR. Il existe certes des subtilités, mais
elles sont très, très infimes. Sur ce point, le travail du téléviseur
DX900 joue forcément énormément. Il est possible d'effectuer des
réglages spécifiques sur ce téléviseur, mais cela reviendrait à
volontairement dégrader l'image, ce qui n'a pas réellement de sens.
On en revient donc au HDR. Technologie qui est d'ailleurs l'un des seuls points mis en avant sur la jaquette du BD UHD de
The Amazing Spider-man 2 :
Sony ne recommande pas uniquement de disposer d'un lecteur UHD, mais
insiste bien sur le fait qu'il faut disposer d'une « TV 4K UHD avec
HDR ».
La nécessité d'un équipement complet
Mon expérience est donc assez mitigée. D'un côté, un comparatif poussé
entre l'image d'un BD standard - en Full HD et sans informations HDR,
upscalé
par le lecteur de Panasonic -, et l'image d'un BD UHD, - avec tout ce
qu'il faut tournant sur le même lecteur -, met effectivement en avant
une évolution flagrante de la finesse des détails et de contrastes bien
plus naturels. Dans un visionnage sans comparatif, seul un œil entraîné
et connaissant bien le film en question saura assurément mettre le doigt
sur l'évolution offerte par le HDR.
Comme il s'agit très clairement de l'apport le plus flagrant de ce
nouveau format de Blu-ray, il va sans dire que l'expérience sur un
téléviseur UHD qui ne prend pas en charge le HDR est nettement moins
intéressante. Sur mon téléviseur Philips, je remarque bien sûr une image
plus précise en raison de la multiplication par 4 de la définition de
l'image, qui est nativement en 4K sur le disque prêté par Sony. Mais
cela justifie-t-il d'acquérir un lecteur UHD à plusieurs centaines
d'euros ? Sincèrement, je ne pense pas. D'autant que, rappelons-le, la
plupart des premiers disques commercialisés - sauf chez Sony -
ne sont pas en 4K natif, mais eux-mêmes upscalés,
ce qui signifie qu'on paie dans ce cas plein pot pour un film dont le
master intermédiaire a été travaillé en 2K et ensuite upscalé en 4K. En
dehors de l'argument HDR, il n'y a pas d'intérêt à repasser à la caisse.
Aujourd'hui, Sony est le seul studio d'Hollywood à maîtriser toute la
chaîne de production cinématographique en 4K, du fait de ses engagements
à la fois en tant que producteur, constructeur et distributeur de
contenu. C'est le seul éditeur qui, aujourd'hui, propose réellement des
BD UHD en 4K natif. Cela signifie que j'ai pu réaliser mes essais avec
une galette réellement significative. Ça n'aurait pas été le cas avec
n'importe quel disque de n'importe quel éditeur.
Avec HDR, ou rien
En 2016, la plupart des téléviseurs UHD haut de gamme, ainsi que
certains modèles de milieu de gamme, sont vendus avec la prise en charge
du HDR. On peut clairement dire que le HDR, c'est la nouvelle 3D.
D'ailleurs, alors que la plupart des premiers BD UHD vendus dans le
commerce font figurer les mérites du HDR sur leur jaquette - à l'avant
des boîtiers chez Fox, à l'arrière chez Sony -, aucun d'eux ne propose
une version en 3D du film qu'il contient.
Par conséquent, si vous disposez, comme moi, d'un téléviseur Ultra HD
qui n'est pas compatible avec le HDR, acquérir un lecteur de Blu-ray
Ultra HD est loin d'être une urgence. Des prix élevés - le lecteur de
Samsung est annoncé à 500 euros -, un catalogue de disques encore
pauvre, pour un tarif de 30 euros par film, et un apport de qualité
existant, mais pas forcément essentiel, autant d'arguments qui donnent
envie d'attendre que tout cet écosystème se développe.
Cependant, si vous disposez ou comptez acquérir un téléviseur Ultra HD
compatible HDR dans les prochains mois, alors la question se pose
différemment. Acheter un lecteur de BD UHD s'avère, dans cette logique,
bien plus cohérent.
Une évolution en douceur, ou la magie du combo
Dans tous les cas, ce tête-à-tête de plusieurs heures avec Spider-man
m'a confortée dans l'idée que je me faisais à la base de ce nouveau
format : le gap est trop peu flagrant entre BD et BD UHD pour que je
voie l'intérêt de racheter des Blu-ray Ultra HD pour remplacer des
Blu-ray... sauf, éventuellement, pour une petite poignée de films. Et
encore. Lorsqu'on s'acharne à chercher les différences, on les voit.
Mais de là à dire qu'après avoir vu un film en 4K HDR, on ne peut plus
le revoir en Full HD ou upscaling 4K ensuite, il y a un fossé.
La solution se trouve peut-être dans l'habile stratégie marketing mise
en place depuis plusieurs années par les éditeurs de Blu-ray et DVD. Ces
derniers proposent en effet, depuis l'arrivée du format HD sur le
marché, des combos qui contiennent plusieurs formats de disques. Blu-ray
+ DVD voire Blu-ray 3D + Blu-ray pour des éditeurs comme Disney.
Désormais, les éditeurs misent sur des combos Blu-ray UHD + Blu-ray,
permettant ainsi aux cinéphiles de faire l'acquisition d'un format
lisible sur une platine Blu-ray ou une console de jeux, et de disposer
du nouveau format, en attendant de changer de lecteur. Accessoirement,
cette nouvelle tendance enterre un peu plus le format 3D, qui disparaît
complètement de l'offre.
Encore faut-il être prêt à payer 30 euros pour une nouveauté - excluons
d'emblée les fonds de catalogue. Des éditeurs comme la Fox vont
commencer à dégainer rapidement : un combo pour
Deadpool est
prévu le 17 juin prochain, pour ne citer qu'un exemple. Les lecteurs,
eux, vont se compter sur les doigts d'une main cette année, et c'est
sans nul doute en 2017 que plusieurs modèles commenceront à tirer les
prix vers le bas.
De mon point de vue, rien ne presse. Si l'on peut s'y préparer en
douceur, en investissant dès maintenant dans l'achat de quelques
galettes en UHD, on est davantage face à une évolution que face à une
révolution. Il n'est donc pas l'heure de se ruiner.