Les Boivin ont de bons revenus, mais ils ont quand même mis toutes les économies dans leur grande maison (leur troisième à vie), dans laquelle ils ont emménagé en 2006.
«On a été obligés de réhypothéquer pour 100 000 $. Heureusement, on pouvait se le permettre, mais je peux vous dire que ce n'est pas le cas de tout le monde ici», explique Yvon Boivin, qui reçoit les confidences de plusieurs propriétaires désespérés en tant que président de la coalition formée par les victimes.
Les problèmes sont amplifiés du fait qu'il s'agit de maisons neuves encore engourdies par de lourdes hypothèques.
En général, elles appartiennent à de jeunes couples qui en ont déjà plein les bras à joindre les deux bouts.
Rien des gouvernements
Réinvestir souvent le même montant que le prix d'acquisition de la maison (la moyenne des travaux est de 240 000 $ jusqu'à présent, selon la coalition), c'est tout simplement impossible pour plusieurs jeunes familles.
Elles sont d'ailleurs nombreuses, semble-t-il, à ne voir leur chance de passer au travers cette épreuve que le jour où les gouvernements, comme ces derniers l'avaient fait pour les victimes de la pyrite sur la Rive-Sud de Montréal, annonceront un programme d'aide pour les victimes.
Mais ce jour viendra-t-il? Aucun politicien n'a rien promis jusqu'à maintenant, au contraire.
"Nous sommes victimes d'une situation causée par quelque chose qui aurait dû être évité, que le gouvernement aurait dû contrôler. Ce n'est pas normal qu'on ait laissé une carrière contaminée opérer en toute légalité, explique Yvon Boivin,
«Est-ce que les propriétaires de maisons doivent maintenant certifier et inspecter la qualité des matériaux qu'ils achètent ? Bien voyons donc ! Comment voulez-vous qu'on sache, nous, si les agrégats ou le béton sont bons, demande-t-il. C'est le rôle d'un gouvernement de faire ça.»
Divorces et faillites
"Tout ce stress financier et le désordre de ces travaux majeurs qui durent de longues périodes entraînent beaucoup de tensions dans les couples. Il y a des séparations, des faillites et d'autres drames qui s'en viennent, dit-il.
«Personne n'en parle à l'extérieur de notre région, mais il y a ici des drames humains épouvantables.»
Le stress se ressent chez les enfants aussi.
Il y a même des personnes âgées parmi les victimes.
«Il y a une dame de 85 ans qu'on essaie d'aider à se démêler dans tout ça ; je vous dis que ce n'est pas facile, reprend M. Boivin. Il faut surveiller de près les travaux. J'ai moi-même évité quatre vices de construction en surveillant mon chantier.»
Pas toutes garanties
Ceux qui avaient acheté une maison neuve d'un entrepreneur et qui bénéficiaient donc du plan de garantie de l'Association des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) (seulement cinq propriétaires bénéficiaient de la garantie de l'Association de la construction du Québec) vont sans doute passer au travers, malgré plusieurs embûches.
Mais pour les quelque 130 propriétaires qui avaient eux-mêmes construit ou sous-contracté la construction de leur maison, c'est le désastre.
* La pyrrhotite est un minéral de couleur dorée qui se trouve dans les agrégats d'une carrière de Saint-Boniface, en Mauricie, et qui a servi pour les fondations et dans la recette de béton utilisée pour les fondations et les revêtements de plusieurs maisons construites depuis 2003.
La faute du gouvernement
Pour la coalition des victimes de Trois-Rivières, le gouvernement doit faire sa part dans ce désastre qui pourrait avoir fait pour 100 M$ de dommages.
Premièrement, c'est lui qui n'aurait pas dû accorder un permis d'exploitation à la carrière d'où provient la pierre concassée contaminée à la pyrrhotite qui cause la fissuration du béton de leurs maisons.
Deuxièmement, les deux gouvernements récolteront, pour réparer leurs maisons, en taxes de vente seulement, près de 15 M$. C'est sans compter l'impôt sur le revenu.
Troisièmement, les deux gouvernements étaient venus en aide aux victimes de la pyrite, il y a quelques années, et il reste même de l'argent dans ce fonds d'aide.
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