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mardi 13 février 2018

Comment décider ? Nos décisions sont-elles inconscientes ?


Notre cerveau prend des décisions en permanence,mais nous en sommes rarement conscients.
Pourtant,chaque fois qu'on entend un bruit,qu'on voit une image,qu'on sent une odeur,qu'on a peur,qu'on tombe amoureux,qu'on cède a la drogue,qu'on y résiste,c'est dû a une décision de notre cerveau.

Cet organe nous aide a nous frayer un chemin dans le vaste champ des possibles de notre quotidien.
Et ce sont tous ces choix qui font de nous qui nous sommes.

Comment décider ?

Notre cerveau travail dur,il fait des choix.Il compare différentes options.Et il est souvent tiraillé,en proie a de véritables luttes de pouvoir internes.Derrière chaque décisions il y a un conflit,en général, il se résout si facilement qu'on n'en a pas conscience.Mais certaines situations permettent de révéler ces rivalités intérieures.
Quand on doit faire un choix,la raison s'oppose souvent a l'émotion.Ces deux gros systèmes fonctionnent ensemble dans notre cerveau pour arriver a un consensus. Au départ,c'est le système logique qui domine.Mais s'il faut tuer un homme ,par exemple,de ses propres mains,le système émotionnel s'active et fait pencher la balance.On se retrouve pris entre deux pulsions contradictoires et on peut faire un choix totalement différent d'un scénario a l'autre.
On est capables de contourner notre système émotionnel,a quoi sert-il ?
Pour faire un choix ,il faut se sentir concerné et pouvoir accorder plus de valeur a une option qu'a une autre .
Il faut donc être émotionnellement impliqué,car sans l'intervention de nos émotions,toutes les options nous semblent avoir la même valeur.

Prendre une décision ,mais la bonne ?
Pourquoi, une juge accorde une liberté conditionnelle a un prisonnier plus qu'a un autre ?
Qu'est-ce qui a influencé sa décision ?
La couleur de peau du prisonnier,son âge,son apparence ? Des chercheurs ont analysé plus de 1,000 jugements rendus par 8 juges différents . Ils ont découvert que le facteur qui faisait la différence,était un bon repas ou d'avoir manger.Donc,si les prisonniers passent devant un juge juste après son déjeuner,ils ont trois fois plus de chances d'obtenir la liberté conditionnelle que s'ils se présentent devant lui juste avant,quand il a faim.Prendre des décisions est fatigant mentalement.A la fin de la matinée,les juges souffrent de ce que l'on appelle "l'épuisement du moi ". Leur cerveau n'a plus beaucoup d'énergie. Ce la affecte notamment le cortex préfrontal,qui est très actif dans la prise de décision.On a tendance a croire que les hommes prennent leurs décisions rationnellement,qu'ils recueillent l'information ,l'analysent et fournissent une réponse adaptée.Mais ce n'est pas comme ça que ça se passe,car nous sommes des êtres biologiques. Le système judiciaire est censé être rationnel et équitable. Pourtant,la fatigue décisionnelle des juges influe sur les sentences qu'ils prononcent. Comme tous les humains,les juges sont prisonniers de leur réalité biologique.

Les idéologies politiques ?

Notre idéologie politique repose sur des facteurs biologiques qu'on peut hériter de nos parents.Pour parvenir a cette conclusion,Read Montague(prof. neuroscience a l'université de Virginie) a réalisé une expérience en deux temps. Il a commencé par faire une IRM du cerveau de plusieurs volontaires tandis qu'ils regardaient une série d'images dégoutantes,des cadavres ou des mouches sur une salade etc.Puis il a mesuré l'intensité de leur réaction de dégoût. Ces images déclenchent des réactions dans leur système nerveaux,et on enregistre leur activité cérébrales.Ensuite,on demande aux volontaires s'ils veulent participer a une autre expérience. Ceux qui acceptent doivent remplir un questionnaire portant sur leur idéologie politique. Ils donnent leur avis sur les armes,l'avortement,les relations sexuelles avant le mariage,etc.
On a comparé les résultats de l'IRM et du questionnaire.Et il s'avère que plus nos réactions de dégoût sont intenses dans notre cerveau,plus on a tendance a avoir une idéologie conservatrice. Le lien entre notre réaction nerveuse et nos opinions politiques n'est pas conscient,mais il est très fort.Je pense que si on demande a des passants dans la rue: Pourquoi avez-vous choisi de voter pour untel ou untel ? Dans 9 cas sur 10 ,ils donneront une longue réponse. Ils évoqueront les cause qui leur tiennent a coeur,les questions sur lesquelles leur candidat a pris position,ils expliqueront en quoi ce candidat les représente.
Mais il faut aussi chercher ailleurs. Et c'est impressionnant de découvrir qu'avec la réaction d'une personne a une seule image dégoûtante,on peut prédire avec 95% de certitude l'idéologie qui se dégagera de ses réponses a notre questionnaire. Ce genre de prédiction est troublante. Si je vous montre une photo répugnante et je sais ce que vous allez voter. On peut peaufiner nos arguments politiques autant qu'on le souhaite,le choix de nos convictions de base ne nous appartient pas.

On évalue plus facilement les bénéfices a court terme que ceux a long terme:
Ce que notre cerveau essaie de faire pour décider,c'est de nous projeter dans le futur.Il réalise plusieurs simulations du futur et leur accorde une valeur différente.Ces valeurs sont comme points qu'on accorde aux différents options en fonction de ce qu'elles nous apporteront. Et dans le cerveau ,on a justement un petit système très primaire dont la seule fonction est de mettre a jour nos évaluations du monde. C'est le système de la Dopamine. La Dopamine est une substance chimique,généralement libérée dans le cerveau a un rythme régulier.Quand une expérience est plus agréable que prévu,le rythme s'accélère. Cet afflux de Dopamine fait augmenter la valeur de l'option expérimentée.Au contraire,quand une expérience est plus désagréable que prévu,la libération de Dopamine ralentit,et la valeur de l'option diminue.
Ce système de récompense et de punition motive nos actions au quotidien,mais son équilibre est fragile. La surproduction de Dopamine est en cause dans les addictions. La maladie de parkinson se caractérise par la destruction des neurones a dopamine.Valérie Voon(spéçialiste des comportement addictifs),s'intéresse aux effets secondaires de l'une des trois grandes classes de médicaments antiparkinsoniens, qui vise a combler le déficit en dopamine dans le cerveau des malades, et qui nuit a ceux-ci dans leur décision.

Choix présent ou  futur ?
Le présent est une riche expérience multisensorielle,tandis que l'avenir n'est qu'une idée,une probabilité.On peut dire que c'est une simulation (plus ou moins réelle)qui a lieu dans mes circuits neuronaux,une pâle copie de la réalité.Ça a donc bien moins d'attrait émotionnel que n'importe quelle récompense immédiate.Pourtant ,on fait souvent des choix judicieux quand on prend en compte le long terme.Mais ce n'est pas toujours facile.A l'intérieur de notre cerveau,la bataille fait rage entre les réseaux de la satisfaction immédiate et ceux de la récompense future.Pour choisir la seconde option(le futur),il faut faire preuve de volonté.
La volonté,c'est ce qui nous permet de ne pas manger le biscuit de trop,de tenir un délai pour un travail alors qu'on préférerait profiter du soleil.On sait tous ce que c'est,d'avoir une volonté de fer,tout comme on sait ce que ça fait d'en manquer.

Retenir ses émotions c'est épuisant :
Après un film(avec image d'animaux en détresse,et a forte charge émotionnelle),on demande aux volontaires de serrer une pince de musculation le plus longtemps possible. Les spectateurs qui ont contenu leurs émotions abandonnent plus vite.L'effort mental qu'ils ont fourni pour se retenir de pleurer a réduit leur force physique.Quand on se maitrise,on dépense de l'énergie.Résister a la tentation,faire des choix difficiles,prendre des initiatives,pour tout ça,on puise dans la même réserve d'énergie.Donc,la volonté,ça ne s'entretient pas,ça se consomme,comme l'essence dans le réservoir d'une voiture.Quand on  manque de volonté pour se tenir a une décision,c'est peut-être que le réservoir est vide.On a parfois du mal a se forcer a faire certaines choses,comme aller a la salle de sport.J'ai envie d'être en forme,mais généralement,au moment d'y aller,il y a quelque chose de plus agréable devant moi.Cette satisfaction immédiate a plus d'attrait que la notion abstraite d'une future forme physique.Alors,pour me pousser a venir malgré ça,je m'inspire d'un mythe vieux de près de 3,000 ans.Dans la mythologie grecque,les sirènes étaient des créatures funestes.Femmes au corps d'oiseau,elles séduisaient les marins,qui ,immanquablement attirés par leurs chants,fracassaient leurs navires sur les récifs.pour ne pas céder au chant des sirènes,Ulysse s'est fait attacher au mat de son bateau.Il a ainsi gardé le cap et a échappé a une mort certaine.Ulysse savait qu'en entendant les chants,il ne serait pas en mesure de prendre la bonne décision.Il a donc fait en sorte de ne pas pouvoir ceder.C'est pour ça que le contrat que mon moi présent passe avec mon moi futur pour se tenir a une décision s'appelle un pacte d'Ulysse.Le mien, par exemple a donner rendez-vous a un ami a la salle de sport.Je suis ainsi lié a ma décision par la pression sociale.


La consommation de drogue et les addictions:
Aux USA,7 prisonniers sur 10 ,ont du mal a prendre une décision qui ne sera payante qu'a long terme.Ils ont un problême de drogue.Le gouvernement américain investit 20 milliards $ par an dans la lutte contre la drogue.Mais la situation ne s'améliore pas.Le problême avec le trafic de drogue,c'est que,quand on démentèle un réseau quelque part,un autre apparaît ailleurs.Donc,au lieu de s'attaquer a l'offre,mieux vaut travailler sur la demande.C'est-a-dire sur le cerveau du toxicomane.Si le problême se trouve dans le cerveau,c'est peut-être aussi la qu'est la solution.Je suis convaincu que les neurosciences peuvent aider les personnes qui souffrent d'une addiction.On a soumi un ex-drogué de résister a l'envit de consommer de la drogue avec des images dans un IRM pour reconnaître ses choix a une vie sans drogue, avec les zones identifier dans son cerveau.L'approche biologique est plus efficace que l'incarcération de masse.Plus on percera les mystères de notre cerveau ,mieux on saura contrôler nos pulsions.On gagnera ainsi une plus grande liberté de choix.

Nos décisions sont au coeur de tout:
Notre personnalité,nos actes,notre perception du monde.Sans notre faculté de faire des choix,on serait coincés entre des désirs incompatibles.On ne pourrait ni gérer le présent,ni planifier l'avenir.Les neurosciences nous révèlent que l'on est la somme d'une multitude d'instincts contradictoires.En comprenant comment les différentes options entrent en conflit dans notre cerveau,on peut apprendre a faire de meilleurs choix,pour nous et pour la société. 
 



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