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lundi 12 février 2018

Le trouble d'opposition



L'opposition est une phase normale, saine et même souhaitable dans le développement d'un enfant. Vers l'âge de deux ans, l'enfant comprend qu'il a un certain contrôle sur son environnement, mais surtout sur les gens autour de lui. Il comprend qu'il peut dire non à une demande qui lui est formulée, ce qu'il n'avait jamais réalisé auparavant. Il constate même parfois qu'il obtient plus d'attention lorsqu'il s'oppose à une demande que lorsqu'il s'y conforme! L'opposition de l'enfant a alors comme fonction première de lui permettre d'affirmer son individualité. L'enfant affronte ses parents pour la première fois en leur passant le message qu'il peut avoir des envies distinctes de ce qu'ils exigent de lui, et qu'en tant qu'individu, il peut faire valoir ses envies à lui. C'est la "phase du non" qui commence, ou ce que les parents appellent le "terrible two".
Cette phase doit cependant s'estomper et l'enfant doit revenir en harmonie avec ses parents. Cette harmonisation doit se faire par une approche des deux côtés. Les parents doivent reconnaître l'individualité de leur enfant en le laissant faire des choses par lui-même lorsqu'il le demande, en le laissant faire des choix et prendre des décisions, et en valorisant l'autonomie de l'enfant. L'enfant quant à lui doit réaliser que ses parents lui imposent un cadre qui doit être maintenu, et ce, pour sa propre sécurité. L'enfant doit alors avoir une grande confiance en ses parents, souvent même une confiance aveugle. Même s'il ne comprend pas pourquoi on lui impose un règlement, il doit avoir confiance que ses parents le lui imposent pour son bien. Lorsqu'il se fait discipliner, l'enfant doit avoir suffisamment confiance en ses parents pour croire qu'ils l'aiment toujours autant, et qu'ils se montrent sévères justement parce qu'ils se soucient de son bien-être.

En premier lieu il est important de comprendre ce qui sous-tend l'opposition chez l'enfant ou l'adolescent. Un évaluation neuropsychologique permettra de savoir si un syndrome neuro-développemental comme un TDAH, un syndrome de Gilles-de-la-Tourette, ou même un trouble du spectre de l'autisme, est à l'origine des comportements observés. Parfois l'opposition est une réaction de protection chez un enfant anxieux, et parfois il s'agit d'un comportement appris en lien avec les styles d'autorité parentale ou le contexte familial. Toutes ces causes (et il y en a plusieurs autres) impliquent par la suite des interventions différentes. D'où l'importance d'une bonne évaluation au départ.

          

Qu’est-ce que le trouble d’opposition?

Lorsqu’un enfant a un trouble d’opposition, une lutte de pouvoir peut s’installer, et les parents peuvent se sentir dépassés. Ils ont l’impression que c’est l’enfant qui décide. Ce trouble de comportement tend même à s’aggraver si rien n’est fait et peut nuire au fonctionnement de l’enfant. Le trouble d’opposition avec provocation touche de 3 à 5 % des enfants. Au diagnostic du trouble oppositionnel avec provocation, le DSM-5 parle d’humeur irritable/colérique, de comportements d’argumentation défiant l’autorité et/ou de comportements vindicatifs.
Ainsi, lorsque ses parents ou d’autres figures d’autorité, comme une éducatrice ou un grand-parent lui font une demande, l’enfant avec un trouble d’opposition peut réagir :
  • de façon passive en ne répondant tout simplement pas;
  • agressivement en se mettant en colère, en criant et en frappant;
  • en provoquant ses parents pour avoir de l’attention ou obtenir ce qu’il veut. 

En tant que parents, il est très important de vous sentirinvesti dans les soins qui se-ront prodigués à votre enfant.
Pour cela, la première étape consiste à connaître parfaitement les critères diagnostiques utilisés et de donner votre propre avis. Si vous estimez qu’ils concernent votre enfant. 
Voici les critères diagnostiques du DSM IV pour ce trouble:
Ensemble de comportements négativistes, hostiles ou provocateurs, persistant pendant au moins 6 mois durant lesquels sont pré-sentes 4 des manifestations suivantes (ou plus):

1-Se met souvent en colèrer

2-conteste souvent ce que disent les adultes

3-S'oppose souvent activement ou refuse de se plier aux demandes ou règles des adultes.

4-Embête souvent les autres délibérément

5-Fait souvent porter sur autrui la responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite

6-Est souvent susceptible ou facilement agacé par les autres

7-Est souvent fâché et plein de ressentiment

8-Se montre souvent méchant ou vindicatif
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Les signes

Un enfant qui souffre d’un trouble d’opposition peut présenter les comportements suivants :
  • Refuser systématiquement de se plier à vos demandes ou à celles d’une autre figure d’autorité;
  • Tenir tête constamment et se moquer des conséquences ou des punitions;
  • Réagir par des crises de larmes importantes;
  • Réagir avec une certaine violence (lance ou brise des objets, crache, etc.);
  • Provoquer souvent. Par exemple, utiliser des gros mots pour vous faire réagir ou briser volontairement une règle pour provoquer votre réaction et votre colère;
  • Chercher à se venger en vous faisant payer ce que vous lui avez imposé et qui lui déplaît;
  • Faire des crises qui augmentent en fréquence et en intensité;
  • Présenter des comportements opposants au-delà de la période normale de 3 à 4 ans. Après l’âge de 5 ans, s’opposer toujours avec autant d’ardeur.

Les causes du trouble d’opposition

  • Un problème neurologique. Les experts estiment que le TDAH non diagnostiqué est très souvent une cause du trouble de l’opposition. D’autres problèmes présents dès la naissance, comme un trouble du spectre de l’autisme ou le syndrome de Gilles de La Tourette, peuvent aussi être responsables du comportement de l’enfant. Dans ces cas, l’enfant ne dispose pas des ressources neurologiques nécessaires pour contrôler son impulsivité et peut donc réagir à de petites frustrations par des crises de colère explosives.
  • Un mauvais lien parent-enfant. Lorsque les parents sont souvent absents, s’investissent peu auprès de leur enfant ou ne sont pas disponibles pour lui, l’enfant ne peut pas développer un lien d’attachement solide et sécurisant essentiel à la mise en place de l’autorité parentale. C’est aussi parfois le cas lorsqu’un parent est lui-même aux prises avec des problèmes comme la dépression ou l’anxiété.
  • Une discipline inappropriée. Par exemple, des parents qui n’imposent pas de limites, qui répondent aux crises de l’enfant en lui donnant ce qu’il veut ou qui perdent le contrôle et s’emportent souvent peuvent favoriser des problèmes d’opposition.
  • Une situation difficile, comme une séparation, un deuil, un déménagement ou l’arrivée d’un autre enfant. Un événement vécu difficilement par l’enfant peut aggraver la période d’opposition normale et se transformer en trouble d’opposition.
  • Certains traits de personnalité. Un enfant particulièrement anxieux pourrait réagir avec opposition s’il est obligé de sortir de sa routine habituelle. Un enfant surdoué et très habile à argumenter pourra aussi développer ce trouble si on ne lui impose pas de limites claires et si on le laisse toujours prendre le dessus. Un enfant surdoué sera évalué lorsqu’il ira à l’école, mais un spécialiste pourra déjà relever des indices dès l’âge de 4 ans.

Comment intervenir?

  • Tentez de trouver la cause du comportement de votre enfant. A-t-il vécu des choses difficiles récemment? Qu’en pense son éducatrice? Est-ce que, sans le vouloir, vos façons de faire pourraient encourager son comportement? Par ailleurs, si vous soupçonnez fortement que votre enfant est atteint d’un TDAH, vous pouvez demander l’avis d’un spécialiste. Même si un diagnostic est rarement posé avant l’âge scolaire, le spécialiste pourra déceler certains indices dès l’âge de 4 ans.
  • Renforcez le lien positif entre vous et votre enfant. Vous pourrez ainsi prévenir le trouble d’opposition ou le diminuer s’il est déjà présent. Pour ce faire, assurez-vous de réserver des moments à votre horaire pour les consacrer juste à votre enfant. Ce sera l’occasion de jouer avec lui, de lui raconter une histoire, de l’écouter. Il sentira alors qu’il est important pour vous et cela renforcera son lien d’attachement.
  • Faites de la discipline positive. Plus vous dites non, plus votre enfant le dira aussi. L’idée n’est pas de dire oui à tout, mais de nommer les limites positivement. Ainsi, s’il vous demande si vous voulez lui lire une histoire, vous pourriez répondre : « Oui, mais quand tu auras rangé tes jouets et pris ton bain. »
  • Évitez l’argumentation. Plus vous répétez et prolongez vos explications, plus votre enfant aura l’occasion de s’opposer à vos demandes et plus la situation risque de s’empirer. Vous pouvez appliquer la règle du 1, 2, 3. Expliquez à votre enfant que vous compterez tout haut jusqu’à trois et que s’il n’a pas écouté, il devra assumer la conséquence que vous aurez préalablement déterminée. Un retrait de quelques minutes peut être une conséquence efficace et facile à appliquer.
  • Gardez le contrôle. N’attendez pas de perdre patience avant de formuler votre demande. Votre enfant fait une crise? Laissez-le en lieu sûr et sortez de la pièce. Laissez-le se calmer tout seul et arrêtez d’interagir avec lui quelques instants.
  • Privilégiez le renforcement positif. Soulignez ses bons coups, encouragez-le souvent et dites-lui combien vous êtes fier de lui. De même, n’hésitez pas à donner de l’attention à votre enfant quand tout va bien. Lorsqu’il s’amuse tranquillement, dites-lui combien vous êtes content de lui.
  • Préparez un tableau de motivation. Ciblez 3 ou 4 comportements concrets à améliorer que vous récompenserez d’un collant ou d’un jeton. Par exemple, divisez la routine du matin en 4 étapes. Pour chaque étape réalisée dans les temps et sans opposition, donnez à votre enfant un collant sur le tableau de motivation. À la fin de la journée, si votre enfant a obtenu 3 collants sur 4, offrez-lui un privilège non matériel comme des minutes pour se coucher un peu plus tard, une période de jeu particulière avec vous, etc.

Quand consulter?

Si vous avez essayé les techniques suggérées et que le comportement de votre enfant n’a pas changé après quelques mois, il est préférable de voir un spécialiste. N’hésitez pas à le faire si vous vous sentez dépassé par la situation ou si vous avez besoin d’aide. Souvent, de simples conseils suffiront à améliorer son comportement. Une thérapie avec l’enfant pourra également être envisagée. Si le trouble d’opposition avec provocation de votre enfant est lié à un problème neurologique, une médication pourrait être appropriée. Vous pouvez communiquer avec votre CLSC (811) ou l’Ordre des psychologues du Québec pour obtenir des références.

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