Dans les cégeps et universités de Montréal, des étudiants en parfaite santé achètent clandestinement des médicaments pour étudier, une pratique en augmentation, mais qui n’est pas sans risque.
Les étudiants peuvent acheter sans problème du Ritalin auprès d’un condisciple détenant une prescription.
«Il prend quand même ses médicaments, il va juste en chercher plus souvent», explique Geneviève (nom fictif), une étudiante du collège Jean-de-Brébeuf.
Même constat chez François (nom fictif), de l’École de technologie supérieure, qui s’est fait donner des cachets par un collègue à qui on avait prescrit le produit pour des raisons médicales.
«Il ne prenait pas toute sa médication parce qu’il n’en ressentait pas le besoin. Alors, il me donnait le surplus», explique-t-il.
D’autres étudiants fréquentant l’Université de Montréal et l’Université McGill ont admis avoir obtenu sous le manteau des médicaments d’ordonnance sans en avoir aucunement besoin.
Répandu
«Un tiers des personnes que je connais ont déjà pris du Ritalin, au moins une fois, pour étudier», confie Geneviève.
En retard dans son étude avant un examen, Geneviève en a aussi déjà consommé.
L’étudiante en sciences humaines a remarqué une légère amélioration de sa concentration, mais elle se demande si ce n’était pas simplement l’effet placebo.
François a pris du Ritalin toute une fin de session pendant ses examens.
«Je n’ai pas nécessairement vu de différence sur mes notes, mais j’étais plus concentré, plus calme», remarque-t-il.
De 1 à 11 % des étudiants universitaires prennent des médicaments pour améliorer leurs performances scolaires. En cette fin de session, les experts lancent un cri d’alarme, cette tendance augmentant au fil des ans.
Des étudiants, notamment en médecine et en génie, mais aussi des élèves de niveau collégial, prennent des stimulants comme du Ritalin ou des amphétamines pour augmenter leur concentration et leur mémoire.
D’autres, comme des élèves en musique, gobent des médicaments bêtabloquants, qui diminuent le rythme cardiaque. Ils sont utilisés pour combattre le trac et le tremblement des mains lors de concerts, indiquent des étudiants et des experts.
François en a toutefois cessé l’usage, car il n’aimait pas se sentir au ralenti lorsqu’il était sous l’influence du Ritalin.
Méconnu
Rares sont les étudiants qui connaissent les risques liés à la prise de médicaments qui ne leur sont pas prescrits.
«Avoir su, je n’en aurais pas pris», s’exclame Geneviève, qui raconte que son copain n’a pas dormi de la nuit après avoir consommé du Ritalin.
François se dit peu inquiet des effets secondaires, s’étant documenté sur le web avant de faire usage du médicament.
«Les effets secondaires sont souvent minimes, mais les compagnies pharmaceutiques sont obligées de les mentionner.», juge-t-il.
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