En 2018, Facebook avait accepté pour la première fois de collaborer avec des universitaires afin qu’ils puissent étudier des données internes et comprendre comment le contenu était partagé sur sa plateforme. Les données qui auraient pu être fournies aux chercheurs en deux mois l’ont en fait été en deux ans, comme le dévoile le Wall Street Journal.

Des données tout juste partagées avec les chercheurs

Deux ans de retard, voilà ce qu’aura accumulé Facebook. Ce jeudi 13 février, les chercheurs sélectionnés il y a deux ans ont, enfin, reçu un large ensemble de données. Le partage avait été retardé pour des soucis de confidentialité.
Un soulagement pour les chercheurs qui ne s’attendaient visiblement pas à devoir négocier avec Facebook : “Lorsque ce projet a commencé, nous pensions que les aspects qu’ils soient politiques ou juridiques étaient déterminés. Et en fait, la plupart des vingt derniers mois ont impliqué des négociations avec Facebook”.
Dans une interview, l’un des chercheurs sélectionnés, Nathaniel Persily, professeur à l’Université de Standford, a noté la volonté de Facebook de faire cet effort, avant d’indiquer qu’il espérait que cela puisse inspirer d’autres géants du numérique. Le professeur juge cependant qu’il faudrait que les gouvernements interviennent dans ces situations, et insistent auprès des plateformes pour qu’elles publient plus de données dédiées à la recherche.

Facebook aurait fait appel à 20 employés et dépensé 11 millions de dollars pour partager ces données

Dans sa déclaration sur le sujet, Facebook a affirmé que la publication de données nécessite beaucoup de travail, afin de préserver les données privées des utilisateurs. Ainsi, le réseau social a indiqué que 20 personnes employées à temps plein s’étaient consacrées à ce travail et qu’au total, il avait dépensé 11 millions de dollars pour publier ces données, insistant par ailleurs que cela ne marque pas pour autant la fin de son engagement.
Ce partage entre Facebook et le groupe de chercheurs est plus connu sous le nom de Social Science One. Il s’agit d’une initiative lancée avec le soutien d’organisations à but non lucratif. Approuvée par Mark Zuckerberg, cette initiative était également vue comme un modèle pour l’avenir.
La démarche a été encadrée par des règles, indiquant notamment que Facebook n’avait pas de droit de contrôle sur les chercheurs autorisés à accéder aux données, le réseau social ne pouvait pas réviser ni restreindre la publication de leurs conclusions. On comprend donc un peu mieux pourquoi le réseau social a vraiment pris le temps de vérifier le contenu qu’il allait partager. Il a aussi sans doute voulu éviter de s’exposer à un nouveau scandale, du même genre que lorsque les données de 267 millions d’utilisateurs ont été exposées.

Une recherche qui devrait être produite en quelques mois

Suite aux mois de retard accumulés, nombreuses ont été les personnes à ne plus croire en l’initiative. Certains acteurs qui avaient, au départ, contribué au financement de l’initiative avaient fini par se retirer.
Il se pourrait maintenant que les chercheurs mettent moins de temps à mener leurs enquêtes qu’il n’en a fallu à Facebook pour lui fournir ces ensembles de données. En effet, les dirigeants de Social Science One affirment que la recherche faite à partir des données reçues soit produite d’ici quelques mois seulement.
Il ne reste donc plus qu’à espérer qu’à l’avenir ce genre de collaboration puisse gagner en rapidité et qu’elle soit proposée par plus de géants numériques.


REF.: